Rapports d'accidents - juillet 2014

Sécurité en montagne

Chute sur de la neige dans le couloir 3/3,5, aux environs du lac Moraine, parc national Banff, le 15 juillet 2014
Randonneurs en détresse sur le pic Ringrose, le 26 juillet 2014



Chute sur de la neige dans le couloir 3/3,5, aux environs du lac Moraine, parc national Banff, le 15 juillet 2014

Le présent rapport concerne deux alpinistes qui ont entrepris l’escalade du couloir 3/3,5 (ainsi nommé parce qu’il se trouve entre les pics nos 3 et 3,5, dans la vallée des Dix Pics), à l’extrémité éloignée du lac Moraine, par une journée chaude de juillet. L’été avait été jusque-là relativement chaud et sec dans les Rocheuses, et le couloir était couvert de neige à certains endroits et de glace à d’autres. Les alpinistes ont quitté le terrain de stationnement à 11 h dans l’intention de se rendre jusqu’au sommet de la partie enneigée, puis de rebrousser chemin. Au retour, vers 15 h, ils ont décidé de se laisser glisser sur la neige. Tous deux ont alors fait une descente incontrôlée dans la neige molle et non tassée, et ils ont ainsi parcouru plusieurs centaines de mètres dans le couloir. Un témoin a signalé la chute à la réception du Moraine Lake Lodge, qui a alerté le Service de répartition de Banff.


La ligne montre la distance approximative parcourue par les alpinistes lors de leur chute. Le cercle indique l’endroit où se trouvait le blessé à l’arrivée de la Sécurité des visiteurs.

Le compte rendu reçu faisait état d’une avalanche qui avait enseveli deux alpinistes et d’une seule personne visible au pied de la pente. Une intervention coordonnée du personnel de la Sécurité des visiteurs à Banff et à Lake Louise s’est organisée. Le personnel de la Sécurité des visiteurs a réussi à communiquer avec une équipe de l’Association des guides de montagne canadiens (AGMC) qui donnait un cours de formation non loin du lieu de l’accident. Le groupe de l’AGMC, qui avait déjà parlé aux alpinistes, a confirmé qu’il n’y avait pas eu d’avalanche, qu’un alpiniste s’en était tiré indemne et que l’autre était encore capable de se déplacer, mais qu’il souffrait de blessures inconnues.

Les deux alpinistes ont réussi à se rendre par leurs propres moyens jusqu’au pied du terrain d’escalade. De là, ils ont été pris en charge par un hélicoptère de sauvetage et transportés jusqu’à l’ambulance qui attendait au lac Moraine.

 
Le casque que portait l’un des alpinistes montre bien la force de l’impact pendant la chute.

Analyse
 
Le couloir 3/3,5 est une pente abrupte glacée et enneigée de 900 m de hauteur que les skieurs empruntent parfois au printemps. Par le passé, ce couloir servait de voie d’accès au secteur du mont Fay en été. Il est important de se rappeler que, même s’il est souvent facile de grimper sur des pentes enneigées, la traction est limitée. En cas de chute, l’accélération est très rapide, et il devient très difficile de s’immobiliser.

Le couloir 3/3,5 présente aussi d’autres dangers. Les éboulements y sont fréquents, surtout pendant les étés secs, car la fonte de la neige expose la roche incrustée dans la glace. Ce couloir a été le théâtre de plusieurs accidents au fil des ans. En raison de ces dangers et du fait qu’il existe deux autres voies d’accès sécuritaires et très fréquentées jusqu’au secteur du mont Fay (les voies Perren et Shiesser), le couloir 3/3,5 est rarement emprunté en été et est d’ailleurs déconseillé.

De manière générale, les risques d’éboulement et d’avalanche augmentent par temps chaud sur les pentes couvertes de neige et de glace. Par conséquent, même s’il n’est toujours pas recommandé d’escalader le couloir la plupart des jours d’été, le risque d’éboulement ou d’avalanche aurait été beaucoup moins élevé si les alpinistes avaient choisi une journée froide et s’ils avaient commencé et terminé leur escalade avant que le temps ne se réchauffe. Par contre, il faut se rappeler qu’une chute par temps froid, lorsque la neige est dure, est beaucoup plus lourde de conséquences.

Par bonheur, les alpinistes n’ont pas été frappés par des roches, et la neige molle encore présente dans la ravine a réduit la distance totale de leur chute, prévenant ainsi des blessures plus graves. Les deux compagnons ont été très chanceux de pouvoir quitter les lieux en marchant ou en boitant. Ils en ont été quittes pour des bosses et des ecchymoses mineures.

Enfin, les alpinistes n’avaient aucun outil de communication sur eux, et il est fort heureux que des visiteurs aient vu et signalé l’accident. La Sécurité des visiteurs de Parcs Canada recommande toujours aux excursionnistes de l’arrière-pays de transporter au moins un outil de communication par groupe. Les moyens de communication fiables comprennent le téléphone cellulaire (là où le service existe), les dispositifs de communication d’urgence par satellite tels que SPOT ou Delorme ainsi que les téléphones satellite.



Randonneurs en détresse sur le pic Ringrose, le 26 juillet 2014

Le 24 juillet 2014, deux randonneurs ont entrepris une excursion de plusieurs jours du lac Moraine au lac O’Hara. Ils prévoyaient faire de la varappe en cours de route, sur la crête sud-ouest du mont Temple. Après avoir gravi le mont Temple, ils ont mal interprété une description du parcours et ont tenté de prendre un raccourci par le pic Ringrose pour gagner le lac O’Hara. Les deux compagnons se sont retrouvés coincés dans un couloir de neige abrupt, à 2 900 m d’altitude, sur la paroi est du pic Ringrose.

Le 26 juillet 2014 à 19 h 55, la Sécurité des visiteurs a reçu un appel provenant de randonneurs en détresse près du mont Hungabee, dans la vallée du ruisseau Paradise. La communication était mauvaise, et la pile du téléphone cellulaire était presque entièrement déchargée, de sorte qu’il n’a été possible d’obtenir que des renseignements fragmentaires sur leur emplacement. La Sécurité des visiteurs a seulement eu le temps d’apprendre que les randonneurs étaient coincés près d’un glacier, qu’ils avaient froid et qu’ils étaient mouillés avant que la communication ne soit coupée.

Malgré la courte période de clarté restante, la Sécurité des visiteurs a amorcé une opération de sauvetage. Deux sauveteurs se sont envolés vers la vallée du Paradise pour entreprendre des recherches en hélicoptère. Après plusieurs survols, ils ont repéré des pistes dans la neige sur le glacier et les ont suivies en direction d’un couloir sur la paroi est du pic Ringrose.


Pistes menant au couloir, depuis le glacier Horseshoe, le 26 juillet 2014

Les deux randonneurs, qui secouaient une couverture d’urgence réfléchissante dans les airs, ont fini par attirer l’attention des sauveteurs. Ils se trouvaient dans une ravine profonde, au bord d’un couloir de neige escarpé. La ravine était dominée par une corniche et bordée par une paroi de roche presque verticale de l’autre côté.


Emplacement des randonneurs en détresse dans un couloir du pic Ringrose, le 26 juillet 2014

Après avoir évalué les conditions de vol dans la ravine, le risque de glissement sur la neige dans ce couloir escarpé, le risque d’éboulement et le risque d’effondrement de la corniche, les sauveteurs ont décidé de pénétrer dans le couloir en hélicoptère et de prendre en charge les randonneurs sans quitter l’élingue. L’appareil a fait deux vols dans la ravine, et les randonneurs ont été transportés un à un sur une surface horizontale du glacier, en contrebas. Ils sont ensuite montés à bord de l’hélicoptère, qui les a transportés jusqu’à Lake Louise, où les attendait un autre membre de l’équipe de la Sécurité des visiteurs. Ils étaient transis et affamés, mais ils n’étaient pas blessés.


Dans le couloir du pic Ringrose, le 26 juillet 2014

Analyse
La principale leçon à retenir de cet incident : obtenez le plus d’information possible sur votre parcours avant de partir. Étudiez soigneusement les cartes, examinez votre parcours sur Google Earth, obtenez de l’information de guides de poche ou du Web et préparez-vous adéquatement pour le type de terrain qui vous attend. Les deux compagnons étaient équipés pour de la randonnée, mais ils se sont écartés du sentier pour se retrouver sur du terrain d’escalade escarpé. Ils ont été très chanceux d’avoir été secourus sans autre incident. Même s’ils étaient mal équipés pour des déplacements dans une ravine enneigée et escarpée, ils ont parcouru une longue distance dans le couloir en donnant des coups de pied dans la neige ramollie par la chaleur de l’après-midi pour creuser des marches. Ils n’auraient cependant eu aucun moyen de poursuivre leur ascension ou de redescendre le lendemain matin après le regel nocturne. Leur perchoir étroit n’en aurait été que plus précaire. Armés de piolets, de casques, de crampons et d’une corde, ils auraient pu descendre après s’être rendus à l’évidence que le parcours qu’ils avaient choisi ne les mènerait nulle part.

Les randonneurs ont eu la bonne fortune d’obtenir un signal pendant quelques instants, alors qu’ils se trouvaient dans les profondeurs d’une ravine reculée. Sans cette communication, cette histoire n’aurait sans doute pas connu un dénouement aussi heureux. S’ils avaient eu à leur disposition une pile bien chargée, les sauveteurs auraient été en mesure d’obtenir des renseignements plus précis sur leur emplacement et d’intervenir plus rapidement. Lorsque vous comptez sur un téléphone cellulaire pour vos communications d’urgence, il est toujours sage de vous assurer que la pile contient suffisamment d’énergie pour un éventuel appel. Le minimum recommandé est de 30 à 40 %.

Enfin, les deux compagnons ont été très chanceux de pouvoir bénéficier d’un temps frais et calme – des conditions qui ont permis au pilote de pénétrer dans la ravine étroite et d’y faire du vol stationnaire pendant que les sauveteurs accrochaient les randonneurs à l’élingue. Il aurait suffi de températures plus chaudes ou d’un peu de vent pour que l’opération devienne impossible à exécuter. Randonneurs et sauveteurs se seraient alors exposés à des dangers accrus en accédant à la ravine et en redescendant le couloir.

Ce groupe a eu le mérite de chercher activement à attirer l’attention des sauveteurs en agitant une couverture d’urgence. Les vêtements aux couleurs vives, les objets réfléchissants et les grands gestes facilitent de beaucoup le repérage du haut des airs. Une fois que vous avez été repéré, il est bon de faire un « Y » avec vos bras pour faire savoir à l’équipe de sauveteurs que vous avez besoin d’aide.


Signalisation d’urgence

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