Rapports d'accidents - septembre 2014

Sécurité en montagne

Alpinistes en retard sur la voie Chimney du chaînon Ashlar, parc national Jasper, le 6 septembre 2014

Le 6 septembre 2014, deux alpinistes ont quitté le terrain de stationnement à 7 h 30 dans l’intention d’escalader la voie Chase/Rowlands Chimney (5,7+, 460 m), sur le chaînon Ashlar, dans le secteur Miette du parc national Jasper. Les deux compagnons ont entrepris leur ascension à 9 h et ont eu de la difficulté à repérer le parcours par endroits. Ils s’en sont éloignés à plusieurs reprises et ont ainsi perdu du temps précieux à revenir sur leurs pas, à redescendre et à retrouver le parcours. Il faisait doux (15 degrés; ensoleillé avec passages nuageux). À 21 h 40, une tierce partie a fait savoir à la Sécurité des visiteurs de Jasper qu’ils avaient reçu de leurs amis un texto annonçant qu’ils étaient coincés sur la neuvième d’une série de onze longueurs de la voie Chimney et qu’il faisait trop noir pour entreprendre l’ascension du crux (50 m, 5,7+).

Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont réussi à entrer en contact avec les deux alpinistes par texto ainsi qu’à confirmer qu’ils n’étaient pas blessés, qu’ils avaient des vêtements supplémentaires et qu’ils pouvaient passer la nuit sur une saillie rocheuse. Les alpinistes avaient sur eux une seule corde (60 m) et n’étaient pas certains de pouvoir faire une descente en rappel sans danger, car bon nombre des longueurs faisaient plus de 50 m. La Sécurité des visiteurs a exhorté les deux compagnons à rester en place et à ne pas tenter de descendre dans l’obscurité. Elle s’est engagée à reprendre contact avec eux dès les premières lueurs du jour pour réévaluer la situation. À 6 h 30, après une longue nuit, le chef de l’équipe de sauvetage a communiqué avec les alpinistes, qui ont demandé un sauvetage. Un hélicoptère Bell 407 et un pilote de la Yellowhead Helicopters ont été dépêchés sur les lieux pour une opération de sauvetage par hélitreuillage. En raison de la présence de parois rocheuses quasi verticales au-dessus des alpinistes, il a fallu recourir à une élingue de 61 m afin d’assurer un dégagement suffisant pour le rotor de l’appareil.


Compte tenu de l’espace limité au relais, l’hélicoptère n’y a déposé qu’un seul technicien en sauvetage de Parcs Canada pour l’évacuation des alpinistes.

Analyse
Bon nombre des grandes voies d’alpinisme du parc national Jasper pourraient être qualifiées de parcours « d’aventure ». Elles sont souvent dépourvues de dispositifs d’assurage et de relais boulonnés. Ces voies exigent de solides compétences en installation de dispositifs d’ancrage assortis d’assurages naturels, en évaluation de pitons fixes, en évaluation de la qualité de la roche ainsi qu’en renforcement de dispositifs d’ancrage. Les parcours présentent souvent de grandes longueurs de corde où les alpinistes bénéficient de peu de protection ainsi que des sections de roche friable et de qualité douteuse – une caractéristique typique des Rocheuses. Pour se retirer de ces parcours, il faut se doter d’un plan bien réfléchi, savoir comment installer des pitons solides et, souvent, s’attendre à devoir abandonner de l’équipement. En s’éloignant de la voie officielle, les alpinistes ont perdu du temps précieux. Ils ont agi sagement en renonçant à poursuivre leur ascension dans l’obscurité.

La couverture de téléphonie cellulaire est sporadique dans la plupart des secteurs sauvages du parc national Jasper; ils ont donc été chanceux d’obtenir un signal pour appeler à l’aide. Les radiobalises individuelles de repérage (p. ex. InReach ou SPOT) sont des moyens de communication plus fiables dans l’arrière-pays du parc. Enfin, tous les alpinistes doivent être bien préparés pour le cas où ils auraient à passer la nuit à la belle étoile – une éventualité qui doit faire partie de tout itinéraire.

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