Quelle est la cause de la diminution de l’eau libre?
Parc national de la Pointe-Pelée
Les espèces végétales envahissantes ont entraîné la diminution de la diversité des habitats du marais au parc national de la Pointe-Pelée, y compris en remplissant les canaux et les étangs. Les espèces envahissantes que sont la quenouille glauque (Typha x glauca), la quenouille à feuilles étroites (Typha angustifolia) et le roseau commun européen (Phragmites australis australis) connaissent une croissance vigoureuse, supplantant les espèces indigènes et créant des monocultures (une zone avec une seule espèce) denses. Ces monocultures se répandent dans les zones d’eau libre, remplaçant la mosaïque d’habitats d’eau libre et de lisière par un habitat unique et improductif.
Quenouille envahissante : Quenouille glauque et quenouille à feuilles étroites
Les quenouilles sont des plantes aquatiques qui peuvent atteindre un mètre de haut et sont reconnaissables à leurs têtes de graines duveteuses en forme de cigare. Poussant en tapis denses qui couvrent une grande partie du marais, elles sont un spectacle familier pour les visiteurs du parc.
La quenouille indigène a toujours été importante pour le marais, fournissant une protection cruciale, une source d’alimentation et des possibilités de nidification pour les espèces, tout en favorisant un habitat d’eau libre équilibré. Puis les quenouilles envahissantes sont arrivées et ont radicalement changé le visage du marais. La quenouille à feuilles étroites (Typha angustifolia), espèce envahissante, a probablement été introduite en Amérique du Nord le long de la côte Est lors de la colonisation européenne. Au cours du XIXe siècle, cette espèce s’est répandue en se croisant avec la quenouille à larges feuilles (Typha latifolia) indigène. L’espèce hybride qui en résulte, la quenouille glauque (Typha x glauca), pousse de manière envahissante dans les habitats d’eau peu profonde et plus profonde, créant des peuplements denses qui éliminent l’eau libre et réduisent la biodiversité. Depuis 1960, l’habitat dominé par les quenouilles envahissantes et hybrides a diminué de 10 % l’habitat d’eau libre. Les modifications de l’habitat causées par les quenouilles envahissantes ne se limitent pas aux zones d’eau libre, car elles ont également remplacé les marais peu profonds d’herbes et de carex indigènes et diversifiés dans de vastes zones du parc national de la Pointe-Pelée.
Roseau commun européen (Phragmites australis australis)
Le roseau commun européen (Phragmites australis sous-espèce australis) est une grande herbe vivace, exotique et envahissante que l’on trouve dans les zones humides, les fossés, les rives des lacs et autres environnements aquatiques peu profonds. Il a été introduit en Amérique du Nord dans les années 1800, où il s’est fortement répandu sur le continent. Il a été désigné comme la « pire » espèce végétale envahissante du Canada par Agriculture et Agroalimentaire Canada en 2005, car ses effets vont de l’incidence sur les activités récréatives à la diminution de la biodiversité.
Le roseau commun européen peut pousser jusqu’à cinq mètres de hauteur et d’avoir une densité de 200 tiges par mètre carré. En poussant densément et rapidement, en accumulant de la biomasse morte et en libérant des toxines par ses racines, il peut supplanter d’autres plantes en leur faisant de l’ombre et en se disputant les ressources. Lorsque la biodiversité végétale diminue, la diversité animale diminue également, créant ainsi un écosystème plus uniforme. L’habitat fourni par les peuplements de roseau commun européen n’est pas égal à l’habitat qu’ils ont remplacé, et la densité des monocultures qu’ils forment constitue en soi un défi pour la faune. Par exemple, on a constaté que le roseau commun européen est un problème pour les espèces de tortues, y compris la tortue mouchetée, une espèce en péril. Ces tortues traversent la terre chaque année pour retourner à leurs sites de nidification, et le roseau commun européen non seulement réduit l’adéquation des sites de nidification eux-mêmes en faisant de l’ombre au sol, mais devient également un obstacle pour les tortues lorsqu’elles tentent d’atteindre ces sites.
Roseau commun indigène
Toutes les espèces de roseau commun ne sont pas exotiques ou envahissantes. Une autre sous-espèce présente dans le parc, le roseau commun américain (Phragmites australis sous-espèce americanus), est originaire d’Amérique du Nord. Bien que les deux sous-espèces soient similaires en apparence, on peut généralement les distinguer l’une de l’autre grâce à une combinaison de caractéristiques. En voici des exemples :
Caractéristique | Sous-espèce indigène | Sous-espèce envahissante |
---|---|---|
Couleur/texture de la tige | Lisse, brillante, rougeâtre | Rugueuse, terne, verte |
Couleur des feuilles | Jaune-vert | Bleu-vert |
Têtes de graines | Peu abondantes, délicates et mûrissant tôt dans la saison. | Plus pleines, plus lourdes et mûrissant plus tard dans la saison. |
Habitude de croissance | Mélangée avec d’autres plantes | Monocultures denses |
La sous-espèce indigène ne constitue pas une menace pour l’écosystème, car elle n’a pas une croissance aussi vigoureuse que la sous-espèce envahissante.
Ci-dessus, deux photos comparant les espèces envahissante et indigène de roseau commun. Sur la photo de gauche, un membre du personnel du parc se tient devant un peuplement de roseau commun envahissant, qui le domine. Sur la photo de droite, un peuplement de roseau commun indigène est mélangé à d’autres espèces végétales.
- Date de modification :