Que fait-on pour rétablir la santé du marais?

Parc national de la Pointe-Pelée

Conscient des menaces qui pèsent sur le marais, le personnel du parc a organisé un atelier qui a réuni au total 30 détenteurs de connaissances, praticiens, experts et apprenants, dont des représentants de Parcs Canada, de la Première Nation de Caldwell, de la Première Nation de Bkejwanong-Walpole Island, de la Fédération canadienne de la faune, d’ Environnement et Changement climatique Canada, du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, de « Bird Studies Canada », de « Essex Region Conservation Authority », de l’Université de Windsor, de l’Université de Waterloo, de l’Université de Toronto, de l’Invasive Phragmites Control Centre et de l’Université du Nouveau-Brunswick. Les menaces, les stratégies de conservation et les étapes possibles ont été discutées. Cet atelier a été la première des nombreuses consultations qui ont eu lieu au cours des années suivantes et qui ont guidé l’élaboration du projet de restauration du marais.

Au cours des prochaines années, le personnel de Parcs Canada procédera à la gestion des espèces envahissantes de quenouilles et de roseau commun dans le marais dans le but de rétablir la diversité des habitats d’eau libre et d’eau de bordure. Le personnel prévoit de créer environ 8 hectares d’étangs et de canaux, et d’entreprendre l’élimination ciblée des espèces envahissantes dans les zones préoccupantes.

Comment cela sera-t-il fait?
 Les différentes zones du marais posent des défis différents, nécessitant une combinaison de techniques de gestion.
  • Application d’un herbicide
    Un herbicide sera appliqué sur le roseau commun envahissant qui pousse sur les terres dans les endroits ciblés. L’herbicide sera appliqué directement sur le feuillage vert en combinant l’aspersion manuelle et la pulvérisation à dos. L’utilisation d’herbicide est soigneusement contrôlée et respecte toutes les réglementations, les protocoles de sécurité prescrits et les mesures d’atténuation pour les personnes et la faune. Par exemple, les espèces en danger sont signalées et évitées pour assurer leur protection.
  • Coupes sous la ligne d’eau
    Dans des endroits ciblés où le roseau commun est enraciné dans l’eau, le personnel coupera les tiges sous la ligne d’eau pour noyer les plantes. À l’aide de taille-haies, d’outils manuels et d’une machine à couper amphibie, les tiges seront coupées suffisamment profondément sous l’eau pour que leur oxygène soit épuisé avant que les nouvelles pousses puissent atteindre la surface. Les tiges coupées de roseau commun seront empilées, et les piles seront soit laissées sous forme de monticules d’habitat potentiel pour la faune qui se décomposeront et se compacteront avec le temps, soit éliminées par un brûlage dirigé.
  • Création mécanique de canaux et d’étangs
    La création de canaux et d’étangs au sein du tapis de quenouilles envahissantes sera réalisée par une paire de machines aquatiques : une machine à couper la végétation aquatique et une machine à récolter les mauvaises herbes aquatiques.

Apprenez-en davantage sur les machines aquatiques

La machine à couper la végétation aquatique du parc est déployée pour la première fois depuis la promenade du marais.
La machine à couper la végétation aquatique.
Trois membres de l’équipe de conservation des ressources posent pour une photo sur la nouvelle machine à récolter les mauvaises herbes aquatiques du parc.
Machine à récolter les mauvaises herbes aquatiques.

Pour créer davantage d’habitats d’eau libre, le personnel du parc national de la Pointe-Pelée utilisera deux machines aquatiques. La machine à couper la végétation aquatique va découper le tapis de quenouilles et briser la matière organique dense à partir de laquelle les quenouilles poussent.

Une fois qu’une surface suffisante a été dégagée par la machine à couper la végétation, la machine à récolter les mauvaises herbes aquatiques ramasse les matières coupées et les empilent à des endroits pré-approuvés sur le bord du tapis de quenouilles, créant ainsi des monticules d’habitat. Certains de ces monticules deviendront des habitats. Ils seront placés à côté d’un plan d’eau libre pour servir de zones de nidification et de repos, et finiront par se décomposer pour fournir la matière de base à partir de laquelle la nouvelle flore pourra pousser. D’autres monticules seront brûlés par du personnel qualifié lorsque les conditions environnementales seront appropriées pour s’assurer qu’il n’y a pas d’excès de matière végétale (ou biomasse) empilée.

Quelles précautions seront prises pour éviter de déranger les animaux sauvages?

Le personnel du parc se consacre à la santé et à la conservation de la faune, y compris des espèces en péril. Des mesures sont en place pour réduire autant que possible l’incidence des machines sur la faune et la flore, notamment :

  • Planifier les travaux en dehors des périodes de reproduction des oiseaux, de frai des poissons et d’hibernation des tortues.
  • Effectuer des relevés avant d’utiliser des machines dans une zone pour surveiller la présence d’animaux sauvages.
  • Placer des rideaux de turbidité dans l’eau autour de la zone de travail pour réduire la perturbation du sol et les matières retournées dans les zones environnantes.
  • Effectuer plusieurs « faux départs » avec les machines pour créer du bruit afin de faire fuir temporairement les animaux sauvages de la zone.
Quand et où les travaux seront-ils effectués?
La planification du projet a commencé en 2020, et la majorité de la gestion active initiale des espèces envahissantes de roseau commun et de quenouilles sera achevée en 2023. Les zones visées par cette activité de gestion comprennent la zone située au nord du pont Shuster, le bord est de l’étang Lake et la zone située au nord de l’étang West Cranberry. Les travaux dans ces zones seront réalisés par phases au cours de chaque année de gestion active.
Deux membres du personnel effectuent des relevés dans des quenouilles hautes et denses. Pendant qu’un membre de l’équipe inspecte la végétation sur le tapis de quenouilles, l’autre enregistre les données.
Deux membres du personnel effectuent des relevés dans des quenouilles hautes et denses.

Phase 1 : Relevés

Avant de commencer la restauration d’une zone, il faut effectuer des relevés. Les relevés aériens et terrestres permettront d’enregistrer les espèces présentes et les caractéristiques du site et d’examiner la faisabilité de l’utilisation des équipements dans des endroits ciblés. Chaque année, cette phase nous donnera une idée détaillée de ce à quoi nous devons nous attendre dans ces zones.

Phase 2 : Surveillance

Chaque année, avant, pendant et après la gestion active, le personnel surveille les effets de ces activités sur le marais. Les indicateurs écologiques tels que la qualité de l’eau et la présence d’espèces informent le personnel de l’incidence des actions de restauration sur la santé de l’écosystème du marais.

Projets de surveillance dans le marais
Un membre de l’équipe de conservation des ressources utilise un équipement spécialisé pour collecter des données sur la qualité de l’eau du marais. L’employé tient l’équipement hors d’un bateau à moteur et dans l’eau d’une main, tout en lisant les données sur un écran tenu dans l’autre.
Un membre de l’équipe de conservation des ressources utilise un équipement spécialisé pour collecter des données sur la qualité de l’eau du marais.
  • Surveillance de la qualité de l’eau
    Les espèces du marais ont besoin d’une bonne qualité d’eau pour bien se porter. Pour réaliser la photosynthèse, les plantes aquatiques ont besoin d’une faible turbidité, ce qui signifie que l’eau est suffisamment claire pour que la lumière puisse atteindre les plantes. Les invertébrés dépendent également d’une faible turbidité, ainsi que de bons niveaux d’oxygène. À un niveau plus élevé de la chaîne alimentaire, les poissons ont besoin de suffisamment de nutriments dans l’eau pour pouvoir se nourrir, mais pas au point de ne pas pouvoir obtenir suffisamment d’oxygène. Certains poissons sont des prédateurs visuels, tout comme certains oiseaux des marais, et ont besoin d’une faible turbidité pour voir leurs proies.

    La qualité de l’eau est un indicateur important de la santé des écosystèmes. Depuis 2008, l’équipe de conservation des ressources du parc effectue une surveillance annuelle de la qualité de l’eau du marais dans le cadre du programme de surveillance de l’intégrité écologique. Des données sont recueillies sur divers paramètres tels que la turbidité, le pH, les niveaux d’oxygène dissous, la température, la profondeur et la conductivité (mesure de la capacité de l’eau à laisser passer le courant électrique). Le personnel collecte une partie de ces données sur place à l’aide d’une sonde multiparamétrique, tout en prélevant des échantillons qui seront envoyés à un laboratoire pour l’analyse de facteurs supplémentaires tels que les niveaux de phosphore et d’azote.

    La surveillance de la qualité de l’eau sera importante pour le projet de restauration du marais, car elle permettra à l’équipe de surveiller les effets des activités de restauration sur la santé du marais. Ouvrez l’œil pour voir les membres de l’équipe collecter des échantillons à partir d’un bateau à moteur ou d’un canoë!
Un membre de l’équipe de conservation des ressources se penche hors d’un canoë et se prépare à placer un quadrat d’un mètre dans un peuplement de carmantine d’Amérique pendant les relevés de population.   class=
Un membre de l’équipe de conservation des ressources se penche hors d’un canoë et se prépare à placer un quadrat d’un mètre dans un peuplement de carmantine d’Amérique pendant les relevés de population.
  • Surveillance de la population de carmantine d’Amérique
    La carmantine d’Amérique est une plante menacée au niveau provincial et fédéral au Canada. Les espèces envahissantes, l’érosion et la mauvaise qualité de l’eau sont des menaces pour cette espèce. Il est donc important de surveiller la santé de la population pour assurer sa présence continue dans le parc.

    En 2020, le personnel de Parcs Canada a effectué un relevé détaillé de la population de carmantine d’Amérique dans le marais, et a trouvé des peuplements de cette espèce dans l’étang Lake, l’étang East Cranberry et le canal Nord-Est. Cependant, les espèces envahissantes de roseau commun et de quenouilles empiètent sur de nombreux peuplements.

    En continuant à surveiller la population de carmantine d’Amérique parallèlement aux mesures de gestion, nous espérons voir une augmentation du nombre de plantes et une amélioration de leur santé générale. Environ 400 m2 de roseau commun ont été traités près des carmantines d'Amérique.

Phase 3 : Gestion des espèces envahissantes de quenouilles et de roseau commun dans l’eau

Un membre de l’équipe de conservation des ressources patauge dans l’eau de l’étang Lake, tenant une coupeuse framboisier utilisée pour couper les tiges de roseau commun sous l’eau. Derrière lui, un peuplement dense de roseau commun envahissant pousse au bord de l’eau.
Un membre de l’équipe de conservation des ressources tenant une coupeuse framboisier pour couper les tiges de roseau commun sous l’eau.

Après les relevés et la surveillance préalable, le personnel commencera à gérer les espèces envahissantes de quenouilles et de roseau commun dans l’eau. Il s’agit notamment de couper le roseau commun sous la ligne d’eau, et de créer des canaux et des étangs dans le tapis de quenouilles à l’aide de deux machines aquatiques.

La coupe préliminaire des peuplements ciblés de roseau commun a commencé en 2020, et se poursuivra tout au long du projet. La création de canaux et d’étangs se fera en 2021 et 2022.

En juillet 2022, jusqu'à présent, le personnel du parc national de la Pointe-Pelée a :

  • retiré 11 865 m2 de roseau commun en utilisant la méthode de la coupe pour noyer,
  • traité environ 3 300 m2 de roseau commun sur la terre avec un herbicide, et
  • coupé 900 m2 de tapis de quenouilles envahissantes pour créer de nouvel habitat d'eau libre à l'aide de machines aquatiques.
Avant la gestion
Après la gestion

Ci-dessus, deux photos d’une zone de gestion dans le marais, côte à côte. L’image de gauche est celle d’avant la gestion active, et l’on peut voir en arrière-plan un peuplement haut et dense de roseau commun envahissant. Sur l’image de droite, après la gestion active, le peuplement de roseau commun a disparu, ayant été remplacé par des tas de roseau commun; le rivage et l’eau libre.

Phase 4: Application d’un herbicide sur le roseau commun sur le terrain

La fin du mois d’août et le début du mois d’octobre sont les meilleures périodes pour l’application d’herbicide lorsqu’on essaie de lutter contre le roseau commun envahissant sur la terre sèche. Le roseau commun envahissant reste actif jusqu’à la fin de l’automne, où il réoriente son énergie vers son système racinaire, transportant ainsi tout herbicide appliqué à ce moment-là également vers les racines.

L’application ciblée d’herbicide a commencé à l’automne 2020, où 2 520 mètres carrés de roseau commun envahissant dans le coin sud-est du marais ont été traités avec un herbicide sur terre.

Phase 5: Brûlage des tas de roseau commun  

Un tas de tiges mortes et séchées de roseau commun envahissant s’enflamme lors d’un brûlage dirigé. On peut voir en arrière-plan de nombreux autres tas de roseau commun.

Bien que certains des tas créés par l’élimination du roseau commun puissent être laissés sous forme de monticules utilisés pour l’hibernation, la nidification et le repos, beaucoup seront retirés du marais par des brûlages dirigés lorsque la biomasse sera trop abondante (ce qui pourrait nuire à la nouvelle croissance ou à l’utilisation de l’habitat dans les sites nouvellement restaurés). Ces brûlages seront entrepris par du personnel qualifié une fois que la gestion active sera terminée pour l’année, lorsque les conditions environnementales seront propices aux brûlages et tout en s’assurant que la faune présente dans les tas puisse déménager en toute sécurité.

En date de juillet 2022, le personnel du parc national de la Pointe-Pelée a jusqu'à présent brûlé 69 tas de quenouilles envahissantes et de roseau commun lorsque les conditions étaient sûres.

Quelle sera l’incidence sur les visiteurs?
Les plantes et les animaux du marais ne sont pas les seuls à tirer profit de ce projet. De nouveaux itinéraires de canoë, des panneaux d’interprétation et des programmes d’interprétation actualisés sont à prévoir au fur et à mesure de l’avancement du projet. L’observation de la faune s’améliorera à mesure que la diversité sera rétablie, que les voies de canoë seront ouvertes et que les peuplements denses de roseau commun seront éliminés.
 
La bataille contre les espèces envahissantes ne sera pas gagnée dans les délais de ce projet. Toutefois, il s’agit d’un pas important dans la bonne direction, qui profitera à la faune et aux visiteurs pour les générations à venir.

Où pouvez-vous aller pour voir la restauration du marais?

Les visiteurs peuvent observer les activités de gestion et les habitats restaurés aux endroits suivants :
  • Sentier Shuster : En regardant vers le nord depuis le pont, les visiteurs peuvent voir la zone où le roseau commun envahissant continuera d’être géré à la fois par la coupe sous la ligne d’eau et l’application d’herbicide le long de la plage.
  • Promenade et tour du marais : La création de canaux et d’étangs avec des machines aquatiques peut être visible depuis ces zones.

S’attaquer aux espèces envahissantes de marais | Notes de terrain | Parcs Canada

Participez!

La surveillance des espèces du marais est un travail important. Plus il y a d’yeux et d’oreilles, mieux c’est! Les visiteurs peuvent télécharger leurs observations sur des sites de science citoyenne tels que iNaturalist et eBird. Ces observations nous aideront à mieux comprendre la présence des espèces indigènes et envahissantes dans le marais.

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