Gestion des espèces surabondantes

Parc national de la Pointe-Pelée

La préservation de l’intégrité écologique est un aspect primordial de la conservation des aires naturelles.

  • L’intégrité écologique : les composants et les processus caractéristiques d’un écosystème sain sont intacts, fonctionnels et aptes à assurer la subsistance des espèces indigènes.

La préservation et le rétablissement de l’intégrité écologique sont la priorité en matière de gestion des parcs nationaux en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada (2000). Parcs Canada, à qui incombe cette responsabilité, prend des mesures pour protéger l’intégrité écologique des habitats dans les parcs nationaux, et contribue à la gestion et au rétablissement des espèces en péril. Parmi les mesures prises, mentionnons la gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes.

Une espèce est surabondante lorsque sa population devient trop importante pour que la zone naturelle en assure la subsistance et, le cas échéant, lorsqu’elle nuit aux espèces en péril. En général, les espèces indigènes deviennent surabondantes à la suite de changements apportés par l’homme à l’écosystème, et qui entraînent une croissance incontrôlée de leurs populations. Selon la Directive de gestion de Parcs Canada : Gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes dans les lieux historiques (2019), les populations d’espèces sauvages surabondantes doivent être gérées activement dans les parcs nationaux lorsque :

  • la croissance de la population n’est plus entièrement contrôlée par des processus naturels;
  • les recherches indiquent que les espèces en péril, la santé écologique et, le cas échéant, la viabilité écologique ont été endommagées ou compromises par les populations surabondantes et risquent de l’être.

La surveillance et la recherche au parc national de la Pointe-Pelée ont permis de désigner deux populations d’espèces sauvages surabondantes : le cerf de Virginie (sur le continent) et le cormoran à aigrettes (sur l’île Middle). La taille de ces populations constitue une menace pour les espèces en péril et pour les processus naturels attendus dans cette région écologique du Canada.

Végétation continentale et cerf de Virginie (Odocoileus virginianus)

Le parc national de la Pointe-Pelée se trouve dans une région écologique appelée la zone carolinienne. Le climat dans cette zone est plus chaud que dans les autres régions du Canada et abrite une grande variété d’espèces végétales et animales. C’est cette biodiversité abondante qui distingue ce parc. On y trouve plus d’espèces rares que dans toute autre région du pays. Le parc national de la Pointe-Pelée, qui abrite la plus grande zone naturelle du comté d’Essex, se compose d’une mosaïque de plage, marais, savane, forêt sèche et forêt marécageuse.

Le problème

L’intégrité des écosystèmes compte sur un équilibre au sein et entre les nombreuses espèces indigènes d’une zone naturelle. Les populations de cerfs de Virginie dans le sud de l’Ontario s’accroissent sous l’effet d’une combinaison de changements induits par l’homme, notamment :

  • Les changements climatiques : des hivers plus chauds avec une couverture neigeuse moindre résultant des changements climatiques augmentent la disponibilité de nourriture et les taux de survie en hiver.
  • Le manque de prédateurs : en temps normal, les grands prédateurs agissent comme un mécanisme de contrôle des populations de cerfs. Lorsque les colons sont arrivés en grands nombres dans le sud-ouest de l’Ontario, y compris la péninsule de la pointe Pelée, de grandes portions de zones boisées ont été converties en terres agricoles ou en zones résidentielles et n’offraient plus d’habitat aux grands prédateurs comme les ours, les couguars et les loups, qui ont besoin de vastes aires de répartition. Les colons ont également chassé agressivement ces prédateurs jusqu’à ce que les derniers disparaissent de cette région dans les années 1800.
  • Les changements du paysage : les modifications apportées par l’homme au paysage peuvent créer des conditions propices à l’épanouissement du cerf. Les cerfs se sont adaptés au paysage agricole où l’habitat en bordure des champs offrait des zones idéales pour le pâturage et le couvert. Lorsque l’agriculture a cessé dans le parc dans les années 1970, ces fermes ont été abandonnées. Les terres se sont régénérées et de jeunes forêts offrant une abondance de nourriture feuillue et ligneuse sont devenues accessibles aux cerfs, ce qui a également stimulé leurs populations.

Lorsque les cerfs broutent et causent la perte de sous-bois dans une forêt, cela enlève aux petits animaux et aux oiseaux les endroits où s’abriter et nicher. La disparition de nombreuses espèces indigènes qui n’ont plus accès à un habitat et au fourrage dont elles ont besoin s’ensuit. Le broutage excessif peut modifier considérablement les conditions de lumière du sous-bois dans les forêts du parc. L’augmentation du niveau de lumière peut altérer la végétation du sous-bois et permettre à espèces exotiques envahissantes de prendre le dessus et de supprimer les espèces forestières indigènes adaptées à l’ombre.

En outre, les cerfs ayant tendance à préférer les espèces végétales indigènes aux espèces exotiques envahissantes, ces dernières ont un avantage supplémentaire. Les espèces végétales envahissantes peuvent causer des dommages irréparables aux habitats et écosystèmes importants et mettre en péril notre flore et notre faune indigènes. Une population surabondante de cerfs peut également entraver les efforts de rétablissement des écosystèmes menacés. Par exemple, les espèces indigènes que le personnel de Parcs Canada plante dans le cadre du programme de rétablissement de la savane du cordon sablonneux du lac Érié (SCSLE) peuvent être rapidement dévorées par les cerfs.

Des études sur le broutage et la santé des forêts ont d’abord établi un lien entre le broutage des cerfs et les effets nuisibles sur les communautés végétales du parc à la fin des années 1980, et des enquêtes documentent la population de cerfs dans le parc depuis 1987. Selon les lignes directrices pour la régénération et le développement général des forêts, on estime que le parc pourrait accueillir 24 à 32 cerfs (6 à 8 cerfs par km2) sans nuire à la régénération des forêts. La population actuelle de cerfs est supérieure à la capacité du parc. Selon le Plan directeur du parc national du Pointe-Pelée, le Rapport sur l’état du parc national de la Pointe-Pelée et le plan de gestion intégré de la végétation, la gestion des cerfs est une nécessité continue.

La végétation trop broutée
La végétation trop broutée
un jeune chêne excessivement brouté
Un jeune chêne excessivement brouté

Mesures de gestion

Après avoir évalué diverses options de gestion et consulté le public et des intervenants pour la rédaction du Plan de gestion des cerfs surabondants du parc national de la Pointe-Pelée (2014), le personnel de Parcs Canada a commencé à gérer activement les espèces surabondantes en réduisant le troupeau de cerfs. Cette mesure de gestion a été jugée la plus efficace et la plus réalisable, car elle imite la prédation naturelle, n’a pas d’effet direct sur les autres espèces, respecte les lignes directrices du Groupe de travail sur la protection des animaux de Parcs Canada, est rentable et appuyé par les intervenants et les communautés autochtones. La réduction du troupeau de cerfs du parc national de la Pointe-Pelée étant soigneusement planifiée et gérée, elle a lieu pendant une période de faible fréquentation et réduit au minimum les risques et les effets pour la sécurité des visiteurs.

Les indicateurs de santé des forêts sont surveillés et la population de cerfs est recensée annuellement. Ces données sont importantes, car elles guident les décisions sur la manière de modifier les activités de gestion des cerfs. Le personnel de Parcs Canada consulte la Première Nation de Caldwell aux fins de la planification annuelle de la réduction du troupeau de cerfs. Le parc est fermé au public pendant les activités de réduction du troupeau de cerfs.

La gestion de la surabondance de cerfs au parc national de la Pointe-Pelée a pour but de rétablir et de protéger la santé écologique des habitats naturels du parc. Le parc national de la Pointe-Pelée s’engage à adapter les décisions de gestion au fil du temps, d’après les données issues des recherches et de la surveillance. Dès que les données indiqueront que la végétation du parc est apte à assurer la subsistance de la population de cerfs sans nuire de manière appréciable aux espèces en péril ou à la santé des systèmes naturels, les mesures de gestion des cerfs évolueront.

Collaborations

Selon la Directive de Parcs Canada : Gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes, les parcs nationaux doivent d’emblée envisager la collaboration avec les peuples autochtones sur la gestion d’espèces sauvages surabondantes. Le parc national de la Pointe-Pelée a formé un cercle consultatif des Premières Nations avec la Première Nation de Caldwell et de Walpole Island, où des partenaires autochtones participent à la planification et à l’exécution de programmes et d’initiatives dans le parc. Le cercle consultatif des Premières Nations a été invité à examiner le plan de gestion de la surabondance des cerfs du parc, et la Première Nation de Caldwell joue un rôle de premier plan dans les activités de réduction du troupeau de cerfs depuis 2009. Les activités de réduction sont l’occasion pour la Première Nation de Caldwell de guider les jeunes et de renforcer les liens traditionnels avec la terre. Les cerfs capturés dans le cadre de la réduction du troupeau sont utilisés par la Première Nation de Caldwell à des fins personnelles, communautaires et cérémonielles.

Cormorans à aigrettes (Phalacrocorax auritus) de l’île Middle

En 2000, Conservation de la nature Canada a intégré l’île Middle, la zone terrestre la plus méridionale du Canada, au parc national de la Pointe-Pelée. Elle forme une grande part de l’écosystème carolinien, qui ne représente qu’un pour cent de la masse continentale canadienne. Le paysage de l’île donne un aperçu de l’état d’une grande partie du sud de l’Ontario avant la colonisation européenne. L’île Middle abrite plusieurs espèces en péril, désignées par la Loi sur les espèces en péril du Canada et par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Parmi ces espèces se trouvent le frêne bleu, le ptéléa trifolié, le chicot févier, le mûrier rouge, la jacinthe des bois, la couleuvre fauve de l’Est, la couleuvre d’eau du lac Érié, l’hirondelle rustique, l’escargot galuchat, l’escargot-tigre à bandes de l’Est et le monarque.

Le problème

Arbre avec de nombreux nids de cormorans à aigrettes sur l'île Middle
Arbre avec de nombreux nids de cormorans à aigrettes sur l'île Middle

En 1987, trois nids de cormorans à aigrettes ont été découverts sur l’île. Treize ans plus tard, l’année où Parcs Canada a acquis l’île, 5 202 nids s’y trouvaient, et la surveillance de la végétation indiquait une réduction grave du couvert forestier.

  1. L’évolution des populations de poissons dans les Grands Lacs : la disponibilité accrue de certaines espèces de poissons, telles que les espèces envahissantes nouvellement introduites (par exemple les alevins et les gobies arrondis), a créé de nouvelles sources de nourriture pour les cormorans.
  2. L’augmentation de la survie en hiver : elle est liée aux piscicultures de poisson-chat dans le sud des États-Unis, qui peuvent constituer une source fiable de nourriture pour les cormorans.
  3. L’interdiction du DDT et des pesticides en contenant : il s’agissait d’une mesure nécessaire pour lutter contre la toxicité du DDT et sa persistance dans l’environnement, qui entraîne sa bioaccumulation (accumulation dans les tissus vivants) et sa bioamplification (augmentation de la concentration en remontant la chaîne alimentaire). L’interdiction de ce pesticide a fait baisser les concentrations dans l’environnement, améliorant le succès de la reproduction des cormorans et donc augmentant les populations de cormorans.
  4. Les changements aux lois fédérales et étatiques sur la conservation : ces changements ont apporté une protection supplémentaire aux cormorans.

Les recherches et la surveillance ont révélé que le nombre élevé de nids de cormorans sur l’île causait des dommages importants et potentiellement irréversibles aux espèces végétales indigènes, et menaçait les espèces en péril propres à l’île Middle.

Les arbres et la végétation de l’île sont beaucoup touchés par l’accumulation d’excréments ou guano de cormorans. Le guano de cormoran étant acide, les dépôts au sol peuvent en altérer la chimie, ce qui entrave la croissance de la végétation indigène. Le guano peut également recouvrir les feuilles et en brimer la photosynthèse, le processus par lequel les plantes utilisent la lumière, l’eau et le dioxyde de carbone pour leur croissance.

grand héron sur l'île Middle
Un grand héron sur l'île Middle

Selon des recherches publiées, il y a un lien entre le déclin du couvert forestier et le nombre de nids de cormorans à aigrettes sur plusieurs îles du bassin ouest du lac Érié, dont l’île Middle (1). Le recul du couvert forestier réduit l’habitat d’autres espèces d’oiseaux aquatiques coloniaux de l’île Middle, comme le grand héron et le bihoreau gris, qui en dépendent pour leur reproduction. Selon les recherches sur certaines colonies, les cormorans à aigrettes peuvent forcer le déplacement d’autres oiseaux aquatiques nicheurs à cause d’une perte d’habitat et de la concurrence directe pour les nids et les sites de nidification. Parmi les autres répercussions liées aux cormorans sur l’île Middle, mentionnons la réduction de la diversité végétale dans les sous-bois et une modification de la distribution et de la composition de la faune indigène.

Selon le Plan directeur du parc national du Pointe-Pelée, le Rapport sur l’état du parc national de la Pointe-Pelée, et le plan de gestion intégré de la végétation, la surabondance de cormorans à aigrettes est une menace pour les habitats et les espèces en péril de l’île Middle. Sans intervention, la biodiversité de la végétation et l’écosystème complexe de l’île Middle disparaîtraient.

Mesures de gestion

Par souci de protéger la végétation et les espèces en péril sur l’île Middle, bien des options de gestion ont été étudiées, notamment la destruction des nids, le déplacement des cormorans, l’installation de plateformes de nidification artificielles, la réintroduction de prédateurs et le huilage des œufs. Après avoir évalué ces options et leur application, le personnel de Parcs Canada a pris trois mesures de gestion des espèces surabondantes : la réduction des cormorans adultes à aigrettes, l’utilisation d’épouvantails pour les chasser et l’enlèvement des nids.

La réduction vise exclusivement les cormorans et est réalisable et économique et immédiatement efficace (une nécessité vu le grand nombre de nids de cormorans sur l’île Middle). Conformément aux recommandations du comité de protection des animaux de Parcs Canada, la réduction des cormorans devrait se faire au début de la saison de nidification, avant l’éclosion des œufs, afin de ne pas nuire aux jeunes cormorans. Dans des zones de l’île Middle où certaines espèces en péril doivent être protégées, on aura recours aux épouvantails et à l’enlèvement des nids. Ces méthodes ne conviennent pas à l’ensemble de l’île, mais elles sont efficaces dans de plus petites zones.

Les cormorans à aigrettes étant une espèce indigène des Grands Lacs, l’idée est d’en assurer la gestion plutôt que l’élimination. L’objectif est d’en réduire le nombre de nids, afin de rétablir la santé écologique et de protéger les espèces en péril. À l’échelle de l’île, une densité de 30 à 60 nids de cormorans par hectare est visée, soit un nombre qui permettrait aux diverses communautés végétales indigènes de l’île de perdurer. Selon les recherches et la surveillance, on constate depuis 2017 une saine augmentation du couvert forestier et la présence d’espèces herbacées souhaitables et d’un bon nombre de populations d’espèces en péril. Ces indicateurs témoignent de l’efficacité des mesures de gestion en vigueur.

La surveillance des nids de cormorans et de la santé de la végétation et des populations d’espèces en péril se poursuivra sur l’île Middle. La gestion des espèces surabondantes étant adaptative, elle peut être modifiée selon l’évolution des conditions, du nombre de nids de cormorans ou des connaissances.

L’accès à l’île Middle est interdit au public chaque année du 1er mars au 1er septembre. Cela réduit au minimum les perturbations que subissent les oiseaux aquatiques coloniaux nichant sur l’île (grandes aigrettes, grands hérons, bihoreaux gris et goélands argentés et cormorans à aigrettes et autres) et évite d’exposer à des dangers les visiteurs durant les activités de réduction des cormorans.

Collaboration

Parcs Canada collabore travaille avec de nombreux partenaires à la surveillance, aux recherches et la gestion sur l’île Middle. Des établissements universitaires (p. ex., l’Iniversité de Windsor, l’Université de Waterloo et l’Université Carlton) et d’autres organisations (p. ex., le Service canadien de la faune, Parcs Ontario, le Service des pêches et de la nature des États-Unis, le Service de la faune de l’Ohio) ont participé aux recherches et à la surveillance de divers facteurs tels que les parasites, les contaminants et les tendances régionales en matière de population et de gestion. Au moins huit articles scientifiques et deux mémoires de maîtrise ont été rédigés depuis 2008 dans la foulée de recherches collaboratives menées sur l’île avec l’aide de Parcs Canada.

Le Plan de conservation de l’île Middle, qui explicite la gestion des cormorans de l’île Middle, a été élaboré en consultation avec des Premières Nations, des partenaires, des intervenants, des collectivités et des membres du grand public.

1) See Hebert et al., 2014. Nesting Cormorants and Temporal Changes in Island Habitats. Journal of Wildlife Management 78:307-313. (en anglais seulement)

Foire aux questions sur les activités de réduction de la population de cerfs

Pourquoi y a-t-il tant de cerfs dans le parc national de la Pointe-Pelée?

Les populations de cerfs dans le sud-ouest de l’Ontario s’accroissent en raison des modifications dans l’utilisation des terres et de l’élimination des prédateurs. Avant la colonisation, la région était couverte de forêts denses et de zones humides qui servaient d’habitat aux prédateurs des cerfs, tels que les ours, les loups et les couguars. Avec l’arrivée des colons, les zones humides ont été asséchées et les zones forestières défrichées, puis converties en terres agricoles et en zones résidentielles. Cet habitat est devenu idéal pour les cerfs, car ils s’adaptent très facilement, ce qui n’a pas été le cas de leurs prédateurs. Les prédateurs ont en outre été chassés impitoyablement jusqu’à ce qu’ils disparaissent de la région. Grâce à la capacité du cerf à s’adapter au paysage agricole, et vu l’absence de prédateurs pour réguler leur population, les troupeaux ont pu connaître une expansion incontrôlée, ce qui a donné les populations surabondantes que nous avons aujourd’hui.

Le parc national de la Pointe-Pelée abrite désormais une grande quantité de végétation feuillue, connaît des hivers doux et, surtout, est dépourvu de prédateurs naturels tels que les loups, les ours et les couguars qui auraient normalement permis de maintenir l’équilibre de la population de cerfs. Cette situation a conduit la population de cerfs de Virginie à atteindre des niveaux insoutenables dans le parc.

Pourquoi Parcs Canada réduit-il la population de cerfs dans le parc national de la Pointe-Pelée?

Parcs Canada est un chef de file reconnu en matière de conservation et travaille en partenariat avec les Premières Nations pour assurer la santé à long terme du parc national de la Pointe-Pelée. Parcs Canada et la Première Nation de Caldwell prennent des mesures pour protéger activement les écosystèmes sensibles du parc en réduisant la population surabondante de cerfs.

La recherche et la surveillance portent à croire qu’un écosystème sain et équilibré au parc national de la Pointe-Pelée pourrait idéalement accueillir de 24 à 32 cerfs. La population actuelle de cerfs est estimée entre 51 et 61 cerfs, soit deux fois plus que la capacité du parc; or, une population de cette taille a des répercussions négatives sur la santé de la forêt et de la savane, ainsi que sur les espèces qui en dépendent.

L’activité de réduction du nombre de cerfs fait partie du programme de gestion de la population surabondante de cerfs du parc, qui comprend la surveillance de l’écosystème, la surveillance de la population de cerfs, la protection des espèces en péril, la recherche et la collaboration permanentes, ainsi que la réduction de la population de cerfs de Virginie à des niveaux durables, en fonction de l’objectif du parc visant à atteindre l’intégrité écologique, c’est-à-dire la santé et l’intégralité de l’environnement et de la nature.

Broutement excessif

En broutant trop, les cerfs du parc mangent et abîment les plantes indigènes à un rythme plus rapide que leur capacité de régénération. Cette situation menace la santé de la forêt carolinienne, qui abrite plusieurs espèces en péril telles que le mûrier rouge, le pioui de l’Est et la couleuvre fauve de l’Est. Les plantes indigènes servent d’habitat et de source de nourriture pour d’autres espèces et le broutement excessif de la végétation indigène entraîne un déclin d’espèces comme les oiseaux et les insectes.

Le broutement excessif des cerfs compromet également l’effort de restauration de la savane des flèches de sable du lac Érié, un écosystème rare dans le monde qui abrite 25 % des espèces en péril dans le parc, dont le scinque pentaligne.

Si la population de cerfs reste à son niveau actuel, la végétation indigène du parc ne sera pas en mesure de se régénérer et de se maintenir. Ceci entraînera alors une dégradation de la santé de l’écosystème et aura des répercussions sur les autres espèces qui dépendent de communautés végétales saines.

Maladies

Des populations de cerfs surabondantes, cela veut dire un grand nombre de cerfs dans des zones de petite superficie, ce qui entraîne un risque accru de maladies graves des cerfs, qui peuvent nuire à la fois aux cerfs et aux humains. Un nombre élevé de cerfs augmente le risque de transmission de maladies comme la maladie débilitante chronique, qui constitue une grave menace pour les cerfs et a été trouvée dans le nord-est des États-Unis, notamment le long de la frontière orientale avec l’Ontario. En outre, une forte densité de cerfs a été associée à une prévalence accrue de la maladie de Lyme.

Avez-vous constaté une amélioration dans le parc depuis la reprise des activités de réduction du troupeau de cerfs?

Nous pouvons confirmer que les dommages causés à la végétation par le broutement des cerfs sont moins importants dans le parc depuis la reprise de la réduction annuelle du troupeau de cerfs en 2015. Les améliorations importantes de la régénération de la végétation, en particulier la croissance des semis d’arbres, peuvent toutefois prendre beaucoup de temps. La population de cerfs continue d’être plus élevée que ce que le parc peut supporter. Par conséquent, on ne s’attend pas à ce que les communautés végétales du parc s’améliorent de façon importante tant que la population n’aura pas atteint les 24 à 32 cerfs et ne sera pas maintenue à ce niveau, lequel, selon les recherches et la surveillance passées, favoriserait un écosystème sain et équilibré au parc national de la Pointe-Pelée.

Parcs Canada continuera à surveiller et réduire la population de cerfs en l’absence de prédateurs dans le cadre du programme de gestion de la population surabondante de cerfs du parc, qui comprend des programmes de surveillance continue mesurant la santé de la forêt et la régénération de la végétation.

Combien de cerfs se trouvent actuellement dans le parc?

Les comptages effectués durant l’hiver 2024 ont permis d’estimer la population de cerfs entre 51 et 61 cerfs. Les effectifs actualisés du troupeau seront confirmés par un relevé aérien au cours de l’hiver 2024-2025, si les conditions météorologiques le permettent.

La recherche et la surveillance portent à croire qu’un écosystème sain et équilibré dans le parc national de la Pointe-Pelée pourrait idéalement accueillir de 24 à 32 cerfs. Par conséquent, l’estimation actuelle de la population du parc est au moins deux à trois fois supérieure à ce que le parc peut supporter.

Pourquoi Parcs Canada procède-t-il à une première réduction du troupeau de cerfs en novembre, puis à une deuxième réduction en janvier?

En partenariat avec la Première Nation de Caldwell, la Pointe-Pelée a réduit de moitié la population surabondante de cerfs depuis 2015. Cependant, la population actuelle estimée (entre 51 et 61 cerfs) est encore deux fois supérieure à ce que le parc peut supporter. Depuis 2008, la population de cerfs de Virginie est restée supérieure à la densité cible suggérée par la littérature et la recherche (située entre 24 et 32 cerfs) et les programmes de surveillance établis ne constatent pas la régénération souhaitée des habitats de forêt et de savane.

Pour atteindre ces objectifs et avec la consultation supplémentaire de la communauté de la Première Nation de Caldwell, Parcs Canada ainsi que le chef et le conseil de la Première Nation de Caldwell ont décidé, en collaboration, de diviser la réduction du troupeau de cerfs en deux activités :

  • La saison de reproduction des cerfs, également appelée rut, s’étend d’octobre à décembre, ce qui en fait une période potentiellement plus efficace pour procéder à une réduction de population. Pendant la saison de reproduction, les cerfs peuvent devenir plus actifs en journée, errer dans des zones ouvertes en plein jour et souvent devenir moins méfiants en raison de leur intérêt pour la reproduction, ce qui peut augmenter la présence des cerfs à proximité des caches et donc le nombre de cerfs prélevés pendant cette période de réduction de la population.
  • Historiquement, les hivers rigoureux dans le parc entraînent une diminution de la végétation dont se nourrissent les cerfs du parc. C’est ce qui a permis d’attirer des cerfs lors des activités de réduction en janvier. Cependant, le parc national de la Pointe-Pelée connaît des hivers de plus en plus doux et, même en janvier, il reste beaucoup de végétation que les cerfs peuvent brouter, ce qui peut réduire leur intérêt pour les appâts.
  • Les données des années précédentes montrent que le nombre de cerfs visitant les caches se réduit considérablement au bout d’une semaine d’activité et que, dès la deuxième semaine d’activité, on observe moins de cerfs à proximité des caches pendant la période de tir. Séparer la réduction de la population en deux périodes d’activités plus courtes introduit des variations; aussi, les cerfs ont-ils moins de temps pour se familiariser avec l’activité.
  • La durée de la réduction du troupeau de cerfs et de la fermeture du parc qui en découle cette saison est la même que lors des saisons précédentes, soit 16 jours prévus au total, en comptant les activités de novembre et de janvier. L’opération de janvier aura lieu plus tard dans le mois, ce qui nous permettra de laisser le parc ouvert pendant les vacances de Noël et augmentera les chances d’avoir une couverture neigeuse pendant la période opérationnelle.

Les programmes de surveillance continue mesurant la santé des écosystèmes du parc permettront de déterminer si de nouvelles méthodes sont nécessaires pour atteindre une population de cerfs durable et améliorer la santé des écosystèmes de forêt et de savane du parc national de la Pointe-Pelée.

Où sont tous les cerfs dans le parc? Pourquoi les visiteurs ne les voient-ils pas?

Le parc national de la pointe Pelée couvre environ 15 km2 et la majorité de cette zone n’est pas visible depuis la route principale du parc. Un grand nombre de cerfs restent dans le marais et aux alentours, et dans l’intérieur de la forêt, loin des zones et des sentiers fréquentés par le public. En hiver, des études ont montré que les cerfs préfèrent la dense couverture forestière des cèdres et des sumacs. En été, lorsque les arbres ont leurs feuilles, les cerfs peuvent se rapprocher des routes ou des sentiers sans être vus des visiteurs. Cependant, les populations de cerfs sauvages préfèrent naturellement les zones éloignées de la menace humaine et du bruit des véhicules et des bâtiments.

Les cerfs sont les plus actifs à l’aube et au crépuscule, ce serait donc le meilleur moment pour les apercevoir dans le parc.

Que fera-t-on de la viande et des peaux du troupeau?

Les cerfs seront utilisés par la Première Nation de Caldwell à des fins personnelles, communautaires et rituelles, et ne seront pas vendus à des fins lucratives.

Quelles autres solutions Parcs Canada a-t-il envisagées avant d’opter pour la réduction par abattage?

Parcs Canada est un chef de file reconnu en matière de conservation et prend des mesures pour protéger les parcs nationaux et les aires marines nationales de conservation et contribuer au rétablissement des espèces en péril. L’approche collaborative, fondée sur des données et adaptative de Parcs Canada en matière de gestion des espèces surabondantes dans les parcs nationaux respecte les politiques relatives au traitement sans cruauté des animaux sauvages d’une part, et à la santé et la sécurité du public et des employés d’autre part.

Parcs Canada a examiné la faisabilité des options de gestion avec des spécialistes de la gestion des espèces sauvages et a mené de vastes consultations auprès du public et des intervenants afin d’explorer un large éventail d’approches visant à réduire les effets d’une population de cerfs surabondante. Ces options comprennent la capture et la relocalisation, le contrôle de la fertilité, la réintroduction de prédateurs, les programmes d’alimentation des cerfs et la gestion de la végétation. La réduction de la population par l’abattage a été retenue comme l’option préférée et la plus réaliste pour éliminer les cerfs du parc. Cette méthode est celle qui se rapproche le plus du cycle prédateur-proie, le processus naturel qui aurait contrôlé la population de cerfs à l’échelle régionale avant la colonisation et l’urbanisation.

Pourquoi le public ne peut-il pas participer à cette activité de réduction?

La réduction de la population de cerfs n’a pas pour objectif d’offrir une possibilité de chasse récréative. Bien au contraire, il s’agit d’une intervention de gestion des ressources visant à réduire une menace importante pour la santé du parc. Le parc national de la Pointe-Pelée se trouve sur le territoire traditionnel de la Première Nation de Caldwell, avec laquelle Parcs Canada a conclu un protocole d’entente pour gérer la population surabondante de cerfs dans les limites du parc national de la Pointe-Pelée.

La collaboration avec les partenaires autochtones est une priorité pour Parcs Canada. Au parc national de la Pointe-Pelée, nous travaillons avec les communautés autochtones locales sur une variété de projets tels que l’interprétation de l’histoire des Premières Nations au sein du parc, et l’échange des connaissances et des pratiques de conservation, y compris la meilleure façon de protéger les espèces en péril. Nous nous sommes engagés à travailler ensemble pour améliorer la santé du parc national de la Pointe-Pelée dans un contexte de respect, de collaboration et de partenariat.

Quels sont les éléments scientifiques qui justifient le plan de réduction de la population de cerfs dans le parc?

La décision de réduire la population de cerfs dans le parc est fondée sur les résultats de la surveillance de la population de cerfs, les résultats de la surveillance de la végétation et le plan de gestion de la population surabondante de cerfs de 2014 pour le parc national de la Pointe-Pelée, mis en place afin de répondre aux exigences législatives du parc national en matière de protection de l’intégrité écologique et des espèces en péril.

Ce plan a été élaboré en collaboration avec des partenaires autochtones à l’issue de 30 années de recherche, de surveillance, d’études de cas pertinentes et de recommandations d’experts.

Bien qu’il existe de nombreuses façons de réduire une population animale, on a considéré que l’abattage annuel contrôlé était l’option la plus réaliste pour éliminer les cerfs du parc, car cette méthode est celle qui se rapproche le plus de la prédation, le processus naturel qui aurait contrôlé la population de cerfs à l’échelle régionale, avant la colonisation et l’urbanisation.

Qu’est-ce qu’un exclos à cerfs et pourquoi en installez-vous dans tout le parc?

Les exclos sont des aires stables clôturées conçues pour empêcher certaines espèces d’entrer dans une zone naturelle afin de pouvoir suivre l’évolution de la végétation leur absence.

Les résultats de ce suivi permettront de déterminer l’incidence des cerfs sur la régénération des forêts.

Apprenez-en plus sur la Surveillance de la végétation et cerf de Virginie dans le parc. 

Les nouvelles tactiques mises à l’essai en 2023-2024 ont-elles donné de bons résultats? Allez-vous encore essayer quelque chose de nouveau?

Parcs Canada et la Première Nation de Caldwell ont planifié et mené conjointement une activité sûre et sans cruauté qui a permis de réduire le nombre de cerfs dans le parc. Ce sont toutes des mesures de la réussite et elles restent les priorités de la réduction du cheptel de cerfs.

Cependant, nos données montrent que malgré ce succès, la population de cerfs reste supérieure à la capacité d’accueil du parc. Nous avons tiré quelques enseignements de ces nouvelles tactiques (p. ex. diviser l’activité en deux séances, une en novembre et une en janvier) et nous avons déterminé les tactiques existantes qui contribuent au succès de l’activité. Parcs Canada et la Première Nation de Caldwell continueront à évaluer ces tactiques et à déterminer celles qui seront mises en œuvre à l’avenir pour atteindre la population cible de cerfs.


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