
Gestion des espèces surabondantes
Parc national de la Pointe-Pelée
La préservation de l’intégrité écologique est un aspect primordial de la conservation des aires naturelles.
- L’intégrité écologique : les composants et les processus caractéristiques d’un écosystème sain sont intacts, fonctionnels et aptes à assurer la subsistance des espèces indigènes.
La préservation et le rétablissement de l’intégrité écologique sont la priorité en matière de gestion des parcs nationaux en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada (2000). Parcs Canada, à qui incombe cette responsabilité, prend des mesures pour protéger l’intégrité écologique des habitats dans les parcs nationaux, et contribue à la gestion et au rétablissement des espèces en péril. Parmi les mesures prises, mentionnons la gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes.
Une espèce est surabondante lorsque sa population devient trop importante pour que la zone naturelle en assure la subsistance et, le cas échéant, lorsqu’elle nuit aux espèces en péril. En général, les espèces indigènes deviennent surabondantes à la suite de changements apportés par l’homme à l’écosystème, et qui entraînent une croissance incontrôlée de leurs populations. Selon la Directive de gestion de Parcs Canada : Gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes dans les lieux historiques (2019), les populations d’espèces sauvages surabondantes doivent être gérées activement dans les parcs nationaux lorsque :
- la croissance de la population n’est plus entièrement contrôlée par des processus naturels;
- les recherches indiquent que les espèces en péril, la santé écologique et, le cas échéant, la viabilité écologique ont été endommagées ou compromises par les populations surabondantes et risquent de l’être.
La surveillance et la recherche au parc national de la Pointe-Pelée ont permis de désigner deux populations d’espèces sauvages surabondantes : le cerf de Virginie (sur le continent) et le cormoran à aigrettes (sur l’île Middle). La taille de ces populations constitue une menace pour les espèces en péril et pour les processus naturels attendus dans cette région écologique du Canada.
Végétation continentale et cerf de Virginie (Odocoileus virginianus)
Le parc national de la Pointe-Pelée se trouve dans une région écologique appelée la zone carolinienne. Le climat dans cette zone est plus chaud que dans les autres régions du Canada et abrite une grande variété d’espèces végétales et animales. C’est cette biodiversité abondante qui distingue ce parc. On y trouve plus d’espèces rares que dans toute autre région du pays. Le parc national de la Pointe-Pelée, qui abrite la plus grande zone naturelle du comté d’Essex, se compose d’une mosaïque de plage, marais, savane, forêt sèche et forêt marécageuse.
Le problème
L’intégrité des écosystèmes compte sur un équilibre au sein et entre les nombreuses espèces indigènes d’une zone naturelle. Les populations de cerfs de Virginie dans le sud de l’Ontario s’accroissent sous l’effet d’une combinaison de changements induits par l’homme, notamment :
- Les changements climatiques : des hivers plus chauds avec une couverture neigeuse moindre résultant des changements climatiques augmentent la disponibilité de nourriture et les taux de survie en hiver.
- Le manque de prédateurs : en temps normal, les grands prédateurs agissent comme un mécanisme de contrôle des populations de cerfs. Lorsque les colons sont arrivés en grands nombres dans le sud-ouest de l’Ontario, y compris la péninsule de la pointe Pelée, de grandes portions de zones boisées ont été converties en terres agricoles ou en zones résidentielles et n’offraient plus d’habitat aux grands prédateurs comme les ours, les couguars et les loups, qui ont besoin de vastes aires de répartition. Les colons ont également chassé agressivement ces prédateurs jusqu’à ce que les derniers disparaissent de cette région dans les années 1800.
- Les changements du paysage : les modifications apportées par l’homme au paysage peuvent créer des conditions propices à l’épanouissement du cerf. Les cerfs se sont adaptés au paysage agricole où l’habitat en bordure des champs offrait des zones idéales pour le pâturage et le couvert. Lorsque l’agriculture a cessé dans le parc dans les années 1970, ces fermes ont été abandonnées. Les terres se sont régénérées et de jeunes forêts offrant une abondance de nourriture feuillue et ligneuse sont devenues accessibles aux cerfs, ce qui a également stimulé leurs populations.
Lorsque les cerfs broutent et causent la perte de sous-bois dans une forêt, cela enlève aux petits animaux et aux oiseaux les endroits où s’abriter et nicher. La disparition de nombreuses espèces indigènes qui n’ont plus accès à un habitat et au fourrage dont elles ont besoin s’ensuit. Le broutage excessif peut modifier considérablement les conditions de lumière du sous-bois dans les forêts du parc. L’augmentation du niveau de lumière peut altérer la végétation du sous-bois et permettre à espèces exotiques envahissantes de prendre le dessus et de supprimer les espèces forestières indigènes adaptées à l’ombre.
En outre, les cerfs ayant tendance à préférer les espèces végétales indigènes aux espèces exotiques envahissantes, ces dernières ont un avantage supplémentaire. Les espèces végétales envahissantes peuvent causer des dommages irréparables aux habitats et écosystèmes importants et mettre en péril notre flore et notre faune indigènes. Une population surabondante de cerfs peut également entraver les efforts de rétablissement des écosystèmes menacés. Par exemple, les espèces indigènes que le personnel de Parcs Canada plante dans le cadre du programme de rétablissement de la savane du cordon sablonneux du lac Érié (SCSLE) peuvent être rapidement dévorées par les cerfs.
Des études sur le broutage et la santé des forêts ont d’abord établi un lien entre le broutage des cerfs et les effets nuisibles sur les communautés végétales du parc à la fin des années 1980, et des enquêtes documentent la population de cerfs dans le parc depuis 1987. Selon les lignes directrices pour la régénération et le développement général des forêts, on estime que le parc pourrait accueillir 24 à 32 cerfs (6 à 8 cerfs par km2) sans nuire à la régénération des forêts. La population actuelle de cerfs est supérieure à la capacité du parc. Selon le Plan directeur du parc national du Pointe-Pelée, le Rapport sur l’état du parc national de la Pointe-Pelée et le plan de gestion intégré de la végétation, la gestion des cerfs est une nécessité continue.


Mesures de gestion
Après avoir évalué diverses options de gestion et consulté le public et des intervenants pour la rédaction du Plan de gestion des cerfs surabondants du parc national de la Pointe-Pelée (2014), le personnel de Parcs Canada a commencé à gérer activement les espèces surabondantes en réduisant le troupeau de cerfs. Cette mesure de gestion a été jugée la plus efficace et la plus réalisable, car elle imite la prédation naturelle, n’a pas d’effet direct sur les autres espèces, respecte les lignes directrices du Groupe de travail sur la protection des animaux de Parcs Canada, est rentable et appuyé par les intervenants et les communautés autochtones. La réduction du troupeau de cerfs du parc national de la Pointe-Pelée étant soigneusement planifiée et gérée, elle a lieu pendant une période de faible fréquentation et réduit au minimum les risques et les effets pour la sécurité des visiteurs.
Les indicateurs de santé des forêts sont surveillés et la population de cerfs est recensée annuellement. Ces données sont importantes, car elles guident les décisions sur la manière de modifier les activités de gestion des cerfs. Le personnel de Parcs Canada consulte la Première Nation de Caldwell aux fins de la planification annuelle de la réduction du troupeau de cerfs. Le parc est fermé au public pendant les activités de réduction du troupeau de cerfs.
La gestion de la surabondance de cerfs au parc national de la Pointe-Pelée a pour but de rétablir et de protéger la santé écologique des habitats naturels du parc. Le parc national de la Pointe-Pelée s’engage à adapter les décisions de gestion au fil du temps, d’après les données issues des recherches et de la surveillance. Dès que les données indiqueront que la végétation du parc est apte à assurer la subsistance de la population de cerfs sans nuire de manière appréciable aux espèces en péril ou à la santé des systèmes naturels, les mesures de gestion des cerfs évolueront.
Collaborations
Selon la Directive de Parcs Canada : Gestion des populations d’espèces sauvages surabondantes, les parcs nationaux doivent d’emblée envisager la collaboration avec les peuples autochtones sur la gestion d’espèces sauvages surabondantes. Le parc national de la Pointe-Pelée a formé un cercle consultatif des Premières Nations avec la Première Nation de Caldwell et de Walpole Island, où des partenaires autochtones participent à la planification et à l’exécution de programmes et d’initiatives dans le parc. Le cercle consultatif des Premières Nations a été invité à examiner le plan de gestion de la surabondance des cerfs du parc, et la Première Nation de Caldwell joue un rôle de premier plan dans les activités de réduction du troupeau de cerfs depuis 2009. Les activités de réduction sont l’occasion pour la Première Nation de Caldwell de guider les jeunes et de renforcer les liens traditionnels avec la terre. Les cerfs capturés dans le cadre de la réduction du troupeau sont utilisés par la Première Nation de Caldwell à des fins personnelles, communautaires et cérémonielles.
Cormorans à aigrettes (Phalacrocorax auritus) de l’île Middle
En 2000, Conservation de la nature Canada a intégré l’île Middle, la zone terrestre la plus méridionale du Canada, au parc national de la Pointe-Pelée. Elle forme une grande part de l’écosystème carolinien, qui ne représente qu’un pour cent de la masse continentale canadienne. Le paysage de l’île donne un aperçu de l’état d’une grande partie du sud de l’Ontario avant la colonisation européenne. L’île Middle abrite plusieurs espèces en péril, désignées par la Loi sur les espèces en péril du Canada et par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Parmi ces espèces se trouvent le frêne bleu, le ptéléa trifolié, le chicot févier, le mûrier rouge, la jacinthe des bois, la couleuvre fauve de l’Est, la couleuvre d’eau du lac Érié, l’hirondelle rustique, l’escargot galuchat, l’escargot-tigre à bandes de l’Est et le monarque.
Le problème

En 1987, trois nids de cormorans à aigrettes ont été découverts sur l’île. Treize ans plus tard, l’année où Parcs Canada a acquis l’île, 5 202 nids s’y trouvaient, et la surveillance de la végétation indiquait une réduction grave du couvert forestier.
- L’évolution des populations de poissons dans les Grands Lacs : la disponibilité accrue de certaines espèces de poissons, telles que les espèces envahissantes nouvellement introduites (par exemple les alevins et les gobies arrondis), a créé de nouvelles sources de nourriture pour les cormorans.
- L’augmentation de la survie en hiver : elle est liée aux piscicultures de poisson-chat dans le sud des États-Unis, qui peuvent constituer une source fiable de nourriture pour les cormorans.
- L’interdiction du DDT et des pesticides en contenant : il s’agissait d’une mesure nécessaire pour lutter contre la toxicité du DDT et sa persistance dans l’environnement, qui entraîne sa bioaccumulation (accumulation dans les tissus vivants) et sa bioamplification (augmentation de la concentration en remontant la chaîne alimentaire). L’interdiction de ce pesticide a fait baisser les concentrations dans l’environnement, améliorant le succès de la reproduction des cormorans et donc augmentant les populations de cormorans.
- Les changements aux lois fédérales et étatiques sur la conservation : ces changements ont apporté une protection supplémentaire aux cormorans.
Les recherches et la surveillance ont révélé que le nombre élevé de nids de cormorans sur l’île causait des dommages importants et potentiellement irréversibles aux espèces végétales indigènes, et menaçait les espèces en péril propres à l’île Middle.
Les arbres et la végétation de l’île sont beaucoup touchés par l’accumulation d’excréments ou guano de cormorans. Le guano de cormoran étant acide, les dépôts au sol peuvent en altérer la chimie, ce qui entrave la croissance de la végétation indigène. Le guano peut également recouvrir les feuilles et en brimer la photosynthèse, le processus par lequel les plantes utilisent la lumière, l’eau et le dioxyde de carbone pour leur croissance.

Selon des recherches publiées, il y a un lien entre le déclin du couvert forestier et le nombre de nids de cormorans à aigrettes sur plusieurs îles du bassin ouest du lac Érié, dont l’île Middle (1). Le recul du couvert forestier réduit l’habitat d’autres espèces d’oiseaux aquatiques coloniaux de l’île Middle, comme le grand héron et le bihoreau gris, qui en dépendent pour leur reproduction. Selon les recherches sur certaines colonies, les cormorans à aigrettes peuvent forcer le déplacement d’autres oiseaux aquatiques nicheurs à cause d’une perte d’habitat et de la concurrence directe pour les nids et les sites de nidification. Parmi les autres répercussions liées aux cormorans sur l’île Middle, mentionnons la réduction de la diversité végétale dans les sous-bois et une modification de la distribution et de la composition de la faune indigène.
Selon le Plan directeur du parc national du Pointe-Pelée, le Rapport sur l’état du parc national de la Pointe-Pelée, et le plan de gestion intégré de la végétation, la surabondance de cormorans à aigrettes est une menace pour les habitats et les espèces en péril de l’île Middle. Sans intervention, la biodiversité de la végétation et l’écosystème complexe de l’île Middle disparaîtraient.
Mesures de gestion
Par souci de protéger la végétation et les espèces en péril sur l’île Middle, bien des options de gestion ont été étudiées, notamment la destruction des nids, le déplacement des cormorans, l’installation de plateformes de nidification artificielles, la réintroduction de prédateurs et le huilage des œufs. Après avoir évalué ces options et leur application, le personnel de Parcs Canada a pris trois mesures de gestion des espèces surabondantes : la réduction des cormorans adultes à aigrettes, l’utilisation d’épouvantails pour les chasser et l’enlèvement des nids.
La réduction vise exclusivement les cormorans et est réalisable et économique et immédiatement efficace (une nécessité vu le grand nombre de nids de cormorans sur l’île Middle). Conformément aux recommandations du comité de protection des animaux de Parcs Canada, la réduction des cormorans devrait se faire au début de la saison de nidification, avant l’éclosion des œufs, afin de ne pas nuire aux jeunes cormorans. Dans des zones de l’île Middle où certaines espèces en péril doivent être protégées, on aura recours aux épouvantails et à l’enlèvement des nids. Ces méthodes ne conviennent pas à l’ensemble de l’île, mais elles sont efficaces dans de plus petites zones.
Les cormorans à aigrettes étant une espèce indigène des Grands Lacs, l’idée est d’en assurer la gestion plutôt que l’élimination. L’objectif est d’en réduire le nombre de nids, afin de rétablir la santé écologique et de protéger les espèces en péril. À l’échelle de l’île, une densité de 30 à 60 nids de cormorans par hectare est visée, soit un nombre qui permettrait aux diverses communautés végétales indigènes de l’île de perdurer. Selon les recherches et la surveillance, on constate depuis 2017 une saine augmentation du couvert forestier et la présence d’espèces herbacées souhaitables et d’un bon nombre de populations d’espèces en péril. Ces indicateurs témoignent de l’efficacité des mesures de gestion en vigueur.
La surveillance des nids de cormorans et de la santé de la végétation et des populations d’espèces en péril se poursuivra sur l’île Middle. La gestion des espèces surabondantes étant adaptative, elle peut être modifiée selon l’évolution des conditions, du nombre de nids de cormorans ou des connaissances.
L’accès à l’île Middle est interdit au public chaque année du 1er mars au 1er septembre. Cela réduit au minimum les perturbations que subissent les oiseaux aquatiques coloniaux nichant sur l’île (grandes aigrettes, grands hérons, bihoreaux gris et goélands argentés et cormorans à aigrettes et autres) et évite d’exposer à des dangers les visiteurs durant les activités de réduction des cormorans.
Collaboration
Parcs Canada collabore travaille avec de nombreux partenaires à la surveillance, aux recherches et la gestion sur l’île Middle. Des établissements universitaires (p. ex., l’Iniversité de Windsor, l’Université de Waterloo et l’Université Carlton) et d’autres organisations (p. ex., le Service canadien de la faune, Parcs Ontario, le Service des pêches et de la nature des États-Unis, le Service de la faune de l’Ohio) ont participé aux recherches et à la surveillance de divers facteurs tels que les parasites, les contaminants et les tendances régionales en matière de population et de gestion. Au moins huit articles scientifiques et deux mémoires de maîtrise ont été rédigés depuis 2008 dans la foulée de recherches collaboratives menées sur l’île avec l’aide de Parcs Canada.
Le Plan de conservation de l’île Middle, qui explicite la gestion des cormorans de l’île Middle, a été élaboré en consultation avec des Premières Nations, des partenaires, des intervenants, des collectivités et des membres du grand public.
1) See Hebert et al., 2014. Nesting Cormorants and Temporal Changes in Island Habitats. Journal of Wildlife Management 78:307-313. (en anglais seulement)
Foire aux questions sur les activités de réduction de la population de cerfs
Pourquoi y a-t-il tant de cerfs dans le parc national de la Pointe-Pelée?
Lorsque les colons sont arrivés dans le sud-ouest de l’Ontario, de grandes parties des zones forestières ont été converties en terres agricoles ou en zones résidentielles et n’offraient plus d’habitat aux grands prédateurs comme les loups, les ours et les couguars, qui ont besoin de grandes aires de répartition. Les prédateurs étaient également chassés impitoyablement jusqu’à ce qu’ils disparaissent de la région. Ces grands prédateurs servaient de mécanisme de contrôle des grandes populations d’herbivores, comme les cerfs.
Grâce à la capacité du cerf de Virginie à s’adapter au paysage agricole, à survivre aux hivers plus doux que nous connaissons actuellement en raison des changements climatiques, et vu l’absence de prédateurs pour réguler leur population, les troupeaux ont pu prendre une expansion quasi incontrôlée, ce qui a donné les populations surabondantes que nous avons aujourd’hui.
Pourquoi Parcs Canada réduit-il la population de cerfs dans le parc national de la Pointe-Pelée?
Une surabondance (ou une surpopulation) de cerfs constitue une menace sérieuse pour l’environnement du parc. En broutant trop, les cerfs du parc mangent et abîment les plantes indigènes à un rythme plus rapide que leur capacité de régénération. Cela menace la santé de l’habitat qui abrite un certain nombre d’autres espèces telles que des oiseaux et des insectes, ainsi que des espèces en péril comme le mûrier rouge, le pioui de l’Est et la couleuvre fauve de l’Est. Le broutage excessif des cerfs compromet également l’effort de restauration de la savane des flèches de sable du lac Érié, un écosystème rare dans le monde qui abrite 25 % des espèces en péril dans le parc dont le scinque pentaligne.
La réduction annuelle du nombre de cerfs fait partie du programme de gestion de la population surabondante de cerfs du parc, qui comprend la surveillance de l’écosystème, la surveillance de la population de cerfs, la protection des espèces en péril, la recherche et la collaboration permanentes, ainsi que la réduction de la population de cerfs de Virginie à des niveaux durables, en fonction des objectifs du parc visant à atteindre l’intégrité écologique, ou la santé et l’intégralité de l’environnement et de la nature.
Avez-vous constaté une amélioration dans le parc depuis la reprise des activités de réduction du troupeau de cerfs?
Nous pouvons confirmer que les dommages causés à la végétation par le broutage des cerfs sont moins importants dans le parc depuis la reprise des activités annuelles de réduction du troupeau de cerfs en 2015. Mais les améliorations importantes de la régénération de la végétation, en particulier la croissance des semis d’arbres, peuvent prendre beaucoup de temps. On ne s’attend pas à ce que les plantes et les arbres indigènes touchés dans le parc, y compris les espèces en péril, présentent des améliorations significatives tant que la population de cerfs n’aura pas atteint un niveau qui, selon les recherches et la surveillance, favoriserait un écosystème sain et équilibré au parc national de la Pointe-Pelée.
Combien de cerfs se trouvent actuellement dans le parc?
La recherche et la surveillance portent à croire qu’un écosystème sain et équilibré au parc national de la Pointe-Pelée pourrait idéalement accueillir de 24 à 32 cerfs. La taille actuelle de la population du parc est évaluée entre 61 et 73 cerfs. C’est au moins deux fois plus que ce que le parc peut supporter.
Où sont tous les cerfs dans le parc? Pourquoi les visiteurs ne les voient-ils pas?
Le parc national de la pointe Pelée couvre environ 15 km2 et la majorité de cette zone n’est pas visible depuis la route principale du parc. Un grand nombre de cerfs restent dans le marais et aux alentours, et dans l’intérieur de la forêt, loin des zones et des sentiers fréquentés par le public. En hiver, des études ont montré que les cerfs préfèrent la dense couverture forestière des cèdres et des sumacs. En été, lorsque les arbres ont leurs feuilles, les cerfs peuvent se rapprocher des routes ou des sentiers sans être vus des visiteurs. Cependant, les populations de cerfs sauvages préfèrent naturellement les zones éloignées de la menace humaine et du bruit des véhicules et des bâtiments.
Les cerfs sont les plus actifs à l’aube et au crépuscule, ce serait donc le meilleur moment pour les apercevoir dans le parc.
Que fera-t-on de la viande et des peaux du troupeau?
Parcs Canada travaille activement avec la Première Nation de Caldwell dont le territoire traditionnel englobe le parc national de la Pointe-Pelée. Ce partenariat inclut des activités du programme de gestion de la population surabondante de cerfs qui offrent à la Première Nation de Caldwell la possibilité d’encadrer les jeunes et de renforcer les liens traditionnels avec la terre, en plus d’échanger des connaissances et une expertise avec Parcs Canada.
La viande et les peaux seront utilisées par la Première Nation de Caldwell à des fins personnelles, communautaires et rituelles, et ne seront pas vendues à des fins lucratives.
Pourquoi ne pas déplacer le cerf ailleurs?
Les responsables du parc et d’autres lieux en Ontario ont étudié la possibilité de piéger et de déplacer les cerfs. Malheureusement, cette méthode n’offre pas de solution à long terme au problème en raison du manque d’autres habitats disponibles pour les cerfs, des coûts très élevés, ainsi que des faibles taux de survie après le déplacement des cerfs, qui subissent des traumatismes physiques et éprouvent d’autres difficultés à se déplacer et s’adapter à une nouvelle zone naturelle.
Pourquoi le public ne peut-il pas participer à cette activité de réduction?
La réduction du troupeau de cerfs est une intervention de conservation visant à réduire une menace importante pour la santé du parc. Parcs Canada travaille directement avec la Première Nation de Caldwell, dont le territoire traditionnel englobe le parc national de la Pointe-Pelée, pour gérer la population surabondante de cerfs.
La réduction de la population de cerfs est une façon de simuler le cycle prédateur-proie tout en offrant à la Première Nation de Caldwell la possibilité d’encadrer les jeunes et de renforcer les liens traditionnels avec la terre, en plus d’échanger des connaissances et une expertise avec Parcs Canada. Nous nous sommes engagés à travailler ensemble pour améliorer la santé du parc national de la Pointe-Pelée dans un contexte de respect, de collaboration et de partenariat.
Que faites-vous d’autre au parc pour aider à préserver les écosystèmes, à part gérer la population de cerfs?
La conservation et la restauration sont une priorité de Parcs Canada. Le parc national de la Pointe-Pelée dispose d’un certain nombre de programmes courants pour améliorer la santé des forêts et des savanes, notamment :
- des brûlages dirigés pour favoriser la régénération naturelle des espèces indigènes;
- la plantation d’une végétation indigène avec l’aide du personnel et des bénévoles;
- des programmes d’éducation et de sensibilisation des visiteurs pour réduire l’impact des visiteurs et promouvoir une bonne utilisation des sentiers et des passerelles du parc;
- le contrôle et la réduction des plantes étrangères envahissantes;
- la restauration de l’habitat pour accroître la population des espèces en péril, notamment l’oponce de l’Est et le scinque pentaligne, une espèce menacée;
- l’amélioration de la signalisation, de la communication et des mesures de protection afin de réduire la mortalité routière de la faune dans le parc.
Pourquoi un hélicoptère survole-t-il le parc?
Un recensement annuel par hélicoptère couvrant l’ensemble du parc est utilisé comme méthode standard pour surveiller le nombre de chevreuils dans le parc.
Le personnel de la Direction de la conservation des ressources du parc compte les chevreuils à partir d’un hélicoptère qui vole le long de transects espacés de 200 mètres allant d’est en ouest et commençant à l’extrémité nord du parc. Ces relevés aériens se sont avérés efficaces et précis.
Les dindons sauvages sont-ils une espèce surabondante dans le parc?
Le parc national de la Pointe-Pelée surveille la population de dindons sauvages depuis leur retour dans le parc en 2006, après une absence de plus de 100 ans. Les dindons sauvages ont été réintroduits en Ontario par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts de l’Ontario entre 1982 et 2002, et leur nombre n’a augmenté localement que dans les dernières années de la réintroduction. Le nombre de dindons a d’abord augmenté après leur retour dans le parc, mais il y existe des prédateurs efficaces comme les grands-ducs d’Amérique et les coyotes, ce qui empêche une surpopulation. La population de dindons s’est stabilisée au cours des six dernières années.
Les estimations de la population de dindons issues du Recensement des oiseaux de Noël en 2019 ont montré que leur nombre était très faible par rapport aux années précédentes et que les récentes inondations de 2019 et 2020 ont pu entraîner une mauvaise saison de reproduction. Les dindons sauvages ne sont pas considérés comme étant une espèce surabondante, puisqu’ils n’ont pas d’effets négatifs sur les écosystèmes. Des activités de réduction de leur nombre ne sont donc pas nécessaires pour le moment.
Les castors sont-ils une espèce surabondante dans le parc?
Les castors ne sont pas considérés comme étant une espèce surabondante dans le parc national de la Pointe-Pelée à ce moment. Bien que des dizaines d’arbres aient été abattus par des castors dans le parc, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’instant, principalement parce qu’il s’agit presque toujours d’Ozothamnus leptophyllus ou de peupliers. Ces espèces sont parmi les arbres préférés des castors pour se nourrir dans toute leur aire de répartition au Canada. Ils sont abondants, ont une croissance rapide et leur élimination n’entraîne pas de modification assez importante des habitats du parc pour avoir une incidence négative sur d’autres espèces.
Le nombre d’arbres endommagés que nous voyons dans le parc semble minime par rapport au nombre approximatif de castors qui, selon nous, habitent le parc. Cela peut également être attribué au fait que les castors ne passent à un régime ligneux d’arbres que pendant les quelques semaines d’hiver où ils sont actifs; autrement, leur régime principal pendant le reste de l’année est constitué d’herbes, de feuilles, de fruits et de plantes aquatiques, qui sont très abondantes dans le marais de la Pointe-Pelée.
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