Protéger la tortue des bois en péril
Parc national de la Mauricie
La tortue des bois contribue au maintien des milieux humides en se nourrissant de plantes, d’insectes et d’animaux morts. Elle est également un indicateur de l’état de ces écosystèmes en raison de sa sensibilité à l’impact des activités humaines. La tortue des bois est une espèce menacée selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Sa situation est considérée comme mauvaise au parc national de la Mauricie. Les principales menaces à sa survie sont la perte d’habitat, la prédation et la mortalité routière.
Pour protéger la tortue des bois et son habitat, l’équipe de la conservation du parc national de la Mauricie a mis en place depuis 1996 des mesures de rétablissement et un programme de suivi de l'intégrité écologique qui permet de suivre l'état des populations. Ils sont inscrits dans le Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national de la Mauricie et les lieux historiques nationaux de la Mauricie et de l’Ouest du Québec, élaboré en 2022. Un Plan d’action pour la protection des tortues de la Mauricie est présentement en développement grâce à une collaboration régionale. On y retrouve des stratégies de rétablissement de la tortue des bois qui visent à réduire la mortalité routière, à protéger les habitats, à acquérir des connaissances, à sensibiliser et à éduquer.
Suivre et protéger les tortues de la ponte à l’éclosion
Depuis 1996, le parc national de la Mauricie effectue chaque année un suivi de la population de tortues des bois qui fréquentent un site de ponte principal. En juin, l’équipe dénombre les femelles qui pondent et localise les nids.
En août et en septembre, l’équipe étudie le succès de reproduction. Il y a environ de 8 à 12 bébés tortues par nid. On protège les bébés des prédateurs en installant un grillage sur les nids et en les surveillant matin et soir. L’équipe transporte les bébés dès leur éclosion au cours d’eau le plus près pour les mettre à l’abri des ratons laveurs, des mouffettes, des renards, des corneilles et des corbeaux.
L’équipe de la conservation entretient le site de ponte principal en le désherbant grâce à des collaborateurs afin de maintenir un lieu adéquat pour la ponte le printemps suivant.
L’équipe a également aménagé un nouveau site de ponte au parc national de la Mauricie pour favoriser la reproduction de la tortue des bois dans un secteur qu’elle fréquente beaucoup et où peu de sites de ponte naturels sont disponibles. Le site est couvert de sable et est situé près d’un cours d’eau et d’un milieu humide pour permettre aux bébés de se mettre rapidement à l’abri des prédateurs.
Des caméras de surveillance permettent de mieux connaître la fréquentation des sites de ponte. Le parc peut parfois fermer temporairement certains secteurs pour protéger ces lieux sensibles. Les mesures de protection portent fruit! En 2023, l’équipe a observé le plus grand nombre de nids en 20 ans au site de ponte principal.
Suivi télémétrique des tortues
Chaque année de mai à octobre, l’équipe de la conservation du parc réalise un suivi télémétrique des tortues des bois afin de connaître leurs déplacements et d’identifier les endroits les plus importants pour elles afin de les protéger. Plusieurs types d’émetteurs télémétriques sont utilisés, selon l’âge des tortues et la technologie souhaitée (VHF et GPS). Ils sont légers et ne nuisent pas au déplacement des tortues.
L’équipe installe un ou deux émetteurs sur chaque nouvelle tortue afin de pouvoir suivre ses déplacements et la repérer grâce à un récepteur télémétrique. Son âge, son sexe, son poids et sa taille sont notés. On observe aussi si la tortue a des blessures, des parasites ou des amputations. Chaque tortue reçoit un numéro unique que l’équipe marque sur sa carapace grâce à de petites encoches. Elle peut ainsi la reconnaître et suivre sa croissance. Cette intervention est l’équivalent de limer le bout d’un ongle long, ce qui est sans douleur pour la tortue. L’équipe documente aussi son habitat, sa nourriture et son comportement.
Suivre et prévenir la mortalité routière
Les données recueillies par le suivi télémétrique et un suivi régulier des routes grâce à des collaborateurs permettent d’identifier les tronçons de route les plus problématiques pour la survie des tortues et d’apporter des mesures correctrices. De la signalisation routière y est installée pour encourager les usagers de la route à ralentir. Des structures pour orienter le déplacement des tortues hors de la route, comme une clôture de déviation, sont aussi aménagées par l’équipe de la conservation du parc national de la Mauricie. De la réhabilitation végétale permet aussi de réduire l’attrait des terre-pleins pour les tortues.
Collaborer pour la protection des tortues
La tortue des bois fréquente des habitats présents dans le parc national de la Mauricie et à l’extérieur de ses limites. En concertation avec des acteurs régionaux participants à la démarche Connectivité écologique Mauricie, l’équipe du parc travaille à protéger ces habitats et les corridors de déplacement de l’espèce en péril. L’objectif est de maintenir ou d’améliorer l’accès au meilleur habitat disponible pour la tortue des bois. Une étude sur la connectivité écologique entre les habitats fréquentés par ce reptile a permis de dresser un premier portrait de la situation et d’orienter la gestion du territoire.
Afin de mieux coordonner les mesures de protection de la tortue des bois à l’échelle régionale, l’équipe de la conservation du parc collabore avec un groupe de travail comprenant de nombreux organismes impliqués dans la conservation des tortues. Les participants élaborent ensemble un Plan d’action pour la protection des tortues de la Mauricie.
De plus, tous les cinq ans, l’équipe de la conservation participe à un inventaire des tortues des bois à l’extérieur des limites du parc par capture-marquage-recapture, afin de suivre l’abondance des tortues. Mieux on les connaît, mieux on peut les protéger!
Impliquez-vous!
Voici comment contribuer à la protection de la tortue des bois :
- demeurez vigilants sur la route et réduisez votre vitesse pour éviter la mortalité routière, notamment durant la période de ponte en juin et lors de l’éclosion des bébés en août et en septembre.
- gardez une distance d’au moins 100 mètres avec elle.
- ne la dérangez pas sauf si elle est en bordure de la route et que vous pouvez l’aider à traverser de façon sécuritaire.
- rapportez vos observations aux centres d'accueil, aux kiosques de camping ou sur le site carapace.ca.
- respectez les fermetures temporaires.
- informez-vous sur la page Facebook du parc.
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