Milieux humides
Parc national de la Mauricie
Tourbières, marécages, étangs ou marais, les milieux humides sont des zones de transition entre les milieux terrestres et aquatiques. Moins propices aux activités de plein air que les lacs ou la forêt, et souvent mal aimés, ces milieux riches en biodiversité sont pourtant fascinants.
Au parc national de la Mauricie, nous retrouvons environ 27 km2 de milieux humides (5% du parc). Pour assurer la stabilité et la santé écologiques des milieux humides, cinq indicateurs écologiques importants sont surveillés attentivement :
- Grenouilles aquatiques
- Peuplements forestiers humides rares
- Milieux humides et anciens barrages
- Tortue des bois
- Castor
1. Grenouilles aquatiques
Les grenouilles sont d’excellents indicateurs de la santé de l’environnement. En effet, les grenouilles sont très sensibles aux changements de leur habitat, tant sur terre que sous la surface de l’eau (variation dans la quantité d’insectes disponibles ou modification de la qualité de l’eau par exemple). Le programme de suivi des grenouilles est donc un excellent outil permettant de faire le bilan de santé des milieux humides du parc.
Au parc national de la Mauricie, le suivi de la grenouille des marais est effectué chaque été par notre équipe qui parcoure les bords de lacs et les milieux humides pour noter sa présence et son abondance. Tous les cinq ans, on procède à un inventaire complet des espèces de grenouilles et de leur abondance.
La méthode de capture et d’observation permet de bien détecter toutes les espèces de grenouilles vivant en milieu aquatique, même celles qui chantent très peu comme la grenouille des marais.
Saviez-vous que les grenouilles sont en diminution partout sur la planète? Voici quelques causes connues :
- Augmentation des rayons ultraviolets
- Pollution
- Destruction des habitats
- Changements climatiques
- Présence d’espèces exotiques
- Propagation de maladies ou de champignons
Sans programme de surveillance adéquat, le déclin d’une espèce peut passer inaperçu, et rendre encore plus difficiles les efforts de restauration.
Le noyer cendré et l’érable argenté sont deux essences d’arbre associées aux peuplements forestiers humides rares sur le territoire du parc. Les dernières données confirment le déclin du noyer centré au parc national de la Mauricie causé principalement par le chancre du noyer cendré (Sirococcus clavigignenti-juglandacearum). Cette infection causée par un champignon menace la survie de l’espèce, car il n’existe aucun moyen de combattre l'infection du champignon et les noyers cendrés ne sont pas résistants à la maladie. En raison de sa précarité, cette essence fait maintenant partie de la liste des espèces en péril à l’échelle canadienne. L’érablière argentée, située dans la vallée de la rivière Matawin, est un peuplement forestier étroitement associé aux milieux humides. Il est plus fréquent de voir des érables argentés dans les basses terres du Saint-Laurent, là où les inondations sont récurrentes. Les menaces qui pèsent sur le noyer cendré, le caractère unique de l’érablière argentée de la vallée de la rivière Matawin, l’association étroite de ces espèces forestières aux milieux humides, ainsi que leur situation nordique en font des espèces d’intérêt à conserver. Sur des parcelles de terrain sélectionnées, notre équipe mesure chaque été la quantité de feuilles tombées (défoliation), l’état général des arbres suivis et le nombre d’arbres morts. Au parc national de la Mauricie, les impacts des coupes forestières et de la drave ont modifié de façon importante le niveau d’eau des lacs et des milieux humides. 34% de la superficie des milieux humides ont été modifiés par l’influence d’anciens barrages. Encore aujourd’hui, de nombreux barrages de drave ont encore des effets sur les niveaux d’eau. L’objectif de restauration de l’intégrité écologique des milieux humides et des écosystèmes aquatiques par le démantèlement des barrages est de ramener ce pourcentage à zéro. Avant qu’il ne soit retiré, chaque barrage doit d’abord recevoir la visite des archéologues de Parcs Canada. Le travail des archéologues consiste à prendre le maximum d’information sur la structure afin d’en déterminer l’âge. Ces données sont essentielles afin de bien comprendre l’histoire du parc. La tortue des bois est une espèce en péril au Canada. La destruction de son habitat, le braconnage, la prédation, le dérangement par l’homme et la pollution ont affecté sérieusement ce fragile reptile. Chaque année depuis 1996, notre équipe visite les sites de ponte afin de surveiller l’éclosion des œufs. À l’extérieur des limites du parc, le suivi se fait tous les 5 ans pour estimer l’abondance de la population. Une vaste étude effectuée entre 1994 et 2004 a permis d’en apprendre davantage sur la tortue des bois et de mettre en place des mesures de protection. Durant cette étude, 21 tortues ont été munies d’un émetteur. Les données recueillies ensuite par télémétrie ont permis de connaître leurs déplacements et les habitats utilisés. Les sites de ponte ont pu être identifiés, lesquels font désormais l’objet d’une attention toute spéciale. Le nombre de tortues observées, de nids et d’œufs par nids sont utilisés comme indicateurs de l’état de la population de tortues des bois et donc des milieux humides du parc national de la Mauricie. Lors d’une randonnée dans les sentiers du parc national de la Mauricie, vous pourriez apercevoir des troncs d’arbres abattus et rongés, des huttes de branches, des barrages et des branches rongées qui flottent sur l’eau… C’est normal, vous êtes en plein cœur de l’habitat du castor! Le castor est une espèce importante au parc national de la Mauricie en raison de son rôle clé dans l’évolution des écosystèmes et de l’impact des colonies sur les infrastructures du parc. Au parc national de la Mauricie, cet ingénieux rongeur est suivi tous les 10 ans afin d’évaluer la densité des populations. À bord d’un hélicoptère, les employés survolent pendant trois jours les cours d’eau et les lacs selon un plan de vol bien précis, à la recherche des amas de nourriture laissés par les castors. Mieux vaut ne pas avoir le mal de l’air! Idéalement, l’inventaire est réalisé après la chute des feuilles et avant le gel des lacs, vers la fin du mois d’octobre. C’est à cette période de l’année que les castors sont les plus actifs, laissant bien visible la nourriture qu’ils accumulent en prévision de l’hiver. Ces empilements de branches de tailles variables sont le signe le plus fiable permettant d’identifier la présence d’une colonie de castors active. Le nombre de colonies de castors à l’échelle du parc a peu varié depuis sa création en 1970. Le dernier inventaire effectué en 2018 a recensé une moyenne de 2,9 colonies par 10 km2.2. Peuplements forestiers humides rares
3. Milieux humides et anciens barrages
4. Tortue des bois
5. Situation du castor
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