L’évolution des menaces et de la technologie
Lieux historiques nationaux Fort Rodd Hill et du Phare-de-Fisgard
Les Batteries | L'Artillerie du Fort | Fusils et Mitrailleuses | Les armes légères et les armes de poing
Le fort Rodd Hill est l’une des seules fortifications militaires côtières du XIXe siècle encore intactes au Canada. Après avoir été exposé pendant des années aux rigueurs du climat côtier, un projet de restauration a été mené à bien de manière à conserver les caractéristiques originales du fort aussi authentique que possible.
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Le fort Rodd Hill est l’un des nombreux forts construits à la fin des années 1800 et faisait partie du système de défense côtière de la Royal Marine Artillery. Ces forts étaient construits pour protéger Victoria et, surtout, le port d’Esquimalt, la base navale canadienne du Pacifique et, en temps de guerre, le lieu d’une florissante industrie de construction navale. Bien que la base n’ait jamais été attaquée, il était nécessaire, pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, de protéger cette ressource clé contre les sous-marins ou les Schnellboots (torpilleurs) allemands ou japonais qui rôdaient.
Les trois batteries de tir sur le site abritaient l’artillerie et ses munitions, de même que les soldats prêts à sauter dans l’action et à tirer du canon. À mesure que les nouvelles technologies et les nouvelles tactiques de guerre se sont développées tout au long du XXe siècle, l’architecture du fort et l’artillerie de ses batteries ont évolué.
Dans les années 1950, des armes telles que la bombe atomique et les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), qui pouvaient frapper avec une grande précision à des milliers de kilomètres de distance, ont fait que les gros canons du fort Rodd Hill étaient tout simplement dépassés et obsolètes. Le fort Rodd Hill a été désaffecté en 1956.
Les Batteries
Fort Rodd Hill est le site de trois batteries : la batterie supérieure, qui surplombe les autres structures du fort, la batterie inférieure, au cœur du site, et l’imposante batterie Belmont. Construites à des points d’observation vitaux, ces trois batteries racontent comment la technologie du fort a changé et évolué au cours des guerres mondiales et par la suite.
Batterie supérieure
La batterie supérieure ne fait pas qu’offrir un joli point de vue, elle a été construite à un endroit vital pour la défense côtière. À l’intérieur se trouvent le poste de garde, le réservoir d’eau et le dépôt de munitions souterrain. Les arbres à proximité de cette batterie étaient étêtés pour permettre aux soldats d’avoir une ligne de vue dégagée lorsqu’ils tiraient avec les canons, ce qui explique leur étrange croissance, en forme de coude, que beaucoup de gens remarquent.
Batterie inférieure
Au centre du fort Rodd Hill se trouve la batterie inférieure, où l’on peut voir flotter le pavillon rouge de la marine marchande. À l’intérieur de ses murs se trouvent les casernes des casemates, construites entre 1895 et 1898 et qui, en temps de guerre, pouvaient accueillir 18 ou 19 hommes par pièce. Le mur de fortification de la batterie comporte des meurtrières d’où les soldats pouvaient viser et tirer.
Juste à l’extérieur, les soldats en repos se rassemblaient dans la cantine où une boisson fraîche était la bienvenue.
Batterie Belmont
La conception de la batterie Belmont, seule batterie à avoir subi des modifications importantes après sa construction initiale, la distingue des autres batteries. Achevée à l’origine en 1900, la batterie Belmont était équipée de deux canons à tir rapide qui lui permettaient de cibler les navires plus rapides. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la tour en béton a été construite comme poste de direction et les canons ont été remplacés par des canons bitubes de 6 livres, plus efficaces.
L'Artillerie du Fort
Pendant la durée de vie du fort, l’artillerie qui a surplombé ses champs et ses remparts a changé de manière assez spectaculaire. Bien qu’aucun de ces canons n’ait jamais tiré sur un ennemi à Fort Rodd Hill, des armes comme celles-ci ont été utilisées au combat depuis la guerre des Boers à la fin des années 1890 jusqu’à la guerre froide. Mais ces armes ne présentaient pas que des avantages. Le long processus de chargement de certaines pièces d’artillerie ainsi que leur mauvais fonctionnement signifiaient que les soldats devaient être précis et bien entraînés pour les utiliser.
Les Gros Canons
Canons à éclipse de 6 pouces
À l’époque de la construction du fort, il s’agissait d’armes de haute technologie. Ces canons utilisaient de l’air comprimé ou de la vapeur pour élever le tube au-dessus du parapet pour tirer, puis pour l’abaisser en sécurité en dessous afin de le charger par la culasse.
Aujourd’hui, les « entrailles » mécaniques de ces canons ont disparu, mais vous pouvez encore voir un des tubes dans la batterie supérieure.
Canons bitubes de 6 livres
Le canon bitube de 6 livres qui se trouve au sommet de la batterie Belmont est un canon léger de défense côtière qui a équipé les forts comme le nôtre des années 1930 aux années 1950. Il a été conçu pour être mobile et suffisamment rapide pour tirer sur les torpilleurs (Schnellboots en allemand) qui se déplaçaient rapidement et pouvaient couler les convois avant de disparaître dans l’obscurité.
Dans les meilleurs jours, des équipes de sept soldats bien entraînés, plus les membres du train de munitions, pouvaient tirer jusqu’à 72 coups par minute, un rythme assez impressionnant si on le compare aux 15 coups par minute qu’atteignait en moyenne le canon de 12 livres à tir rapide que le canon bitube de 6 livres a remplacé.
Canon de 12 livres à tir rapide
Depuis son introduction en 1894 jusqu’au milieu du XXe siècle, ce canon de 12 livres à tir rapide était une pièce d’artillerie courante sur les navires de la marine britannique et dans les systèmes fixes de défense côtière. Autrefois, la batterie Belmont de Fort Rodd Hill en comptait deux, mais un seul est encore en place aujourd’hui.
Ce canon tirait un projectile de 12 livres à 9 km et était spécialisé dans la défense contre les petits navires rapides comme les torpilleurs.
Canon antiaérien Bofors de 40 mm (AA)
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les menaces venaient aussi bien du ciel que des mers, et la crainte d’attaques venant d’en haut a conduit à l’installation d’armes antiaériennes. Ce canon antiaérien de conception suédoise (bien que la Grande-Bretagne l’ait perfectionné pour sa propre version) a été largement utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il pouvait tirer environ 100 cartouches par minute et était si important pour le système de défense britannique qu’à la fin de la guerre, environ 19 000 d’entre eux avaient été fabriqués dans les usines britanniques, canadiennes et australiennes.
Fusils et Mitrailleuses
Fusil Martini-Henry
Utilisé par les Britanniques dans tout l’Empire au XIXe siècle, le fusil Martini-Henry (et ses versions de carabine) était courant partout où l’armée britannique se rendait, y compris ici, à Fort Rodd Hill. Utilisé comme fusil de service standard de 1874 jusqu’au XXe siècle, ce fusil à un coup, à chargement par la culasse pouvait, entre des mains expertes, tirer plus de 20 coups par minute. Les soldats expérimentés en enveloppaient la crosse avec du cuir, car elle devenait très chaude après des tirs répétés.
Fusil Ross fabriqué au Canada
Le célèbre fusil Ross a été fabriqué au Canada de 1903 à 1918. Fusil de sport populaire et modèle pour tireur d’élite efficace (à condition que les munitions soient parfaitement propres), il s’est avéré terriblement peu fiable pour la guerre de tranchées lorsqu’il a été distribué au Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale, en raison de sa tendance à s’enrayer dans la boue, à exploser au visage de l’utilisateur ou même à faire tomber la baïonnette lors du tir.
Mitrailleuse légère Bren
La mitrailleuse légère Bren est le plus souvent associée à l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, mais environ 60 % des Bren fabriquées dans les années 1940 l’ont été ici, au Canada, par John Inglis and Company. Bien que son canon ait eu tendance à surchauffer, elle était néanmoins très efficace, tirant jusqu’à 500 coups par minute de balles de calibre .303, et précise jusqu’à 550 m lorsqu’elle était utilisée en position couchée en utilisant le bipied.
Mitrailleuse Maxim
La mitrailleuse Maxim a été adoptée par l’armée britannique à la fin des années 1800, et les soldats de Fort Rodd Hill l’ont utilisée jusqu’en 1940. Des prototypes de cette arme, reconnue comme l’une des premières véritables mitrailleuses, ont été produits dès 1884. Elle pesait environ 20 kg et comportait un canon refroidi à l’eau pour augmenter la cadence de tir, ce qui lui permettait de tirer jusqu’à 400 coups par minute en tir rapide.
Le fort Rodd Hill comportait un certain nombre de postes de mitrailleuses sur le site afin de protéger le fort contre la menace d’une attaque d’infanterie débarquée. Son emplacement dans la batterie inférieure, photographiée ci-dessus vers 1917, est encore reconnaissable aujourd’hui.
Mitraillette Sten
La mitraillette Sten a été conçue par les Britanniques en 1941 comme une arme légère, interchangeable et bon marché destinée à être portée par toute l’infanterie pour laquelle l’efficacité à courte portée était essentielle. D’abord utilisée à Dieppe par les Canadiens, elle a été fabriquée par milliers au Canada. Conçue comme une arme « jetable », elle s’enrayait souvent ou se déchargeait accidentellement, ce qui la rendait impopulaire auprès des soldats, mais elle a été largement utilisée. Certaines ont même été larguées une à la fois pendant la nuit par le Special Operations Executive (SOE) britannique dans la France occupée par l’ennemi, pour approvisionner le mouvement de la Résistance.
Les armes légères et les armes de poing
Le revolver Webley Mk VI de la Première Guerre mondiale
Le Webley Mk VI de la Première Guerre mondiale a été adopté par les Britanniques en 1915 et distribué aux officiers, aux équipes de mitrailleurs, aux équipages de chars et aux unités de chasseurs.
Bien qu’il n’ait pas été utilisé de manière standard par les soldats canadiens, il était souvent acheté par les officiers canadiens comme arme de poing facultative en raison de la robustesse de ses mécanismes et de la possibilité d’augmenter sa capacité de 6 cartouches grâce au chargeur rapide Prideaux, ce qui réduisait le temps de chargement.
Des affûts pour déplacer les gros canons
Affût Mk. 1 pour canon de 30 tonnes
Juste en dessous de la batterie superieure, près de l’entrée du pré à chênes de Garry éducatif, se trouve une reproduction d’un canon de 9,2 pouces à chargement par la culasse, posée sur un chariot appelé « affût ». Bien que la reproduction ne pèse que 2 tonnes, le canon original de 9,2 pouces aurait pesé 30 tonnes. L’affût Mk. 1 était donc capable de transporter des charges extrêmement lourdes sans l’aide de chevaux, de bœufs ou de véhicules motorisés. Même si Fort Rodd Hill n’a jamais accueilli de canons aussi gros et lourds que les canons de 28 tonnes de 9,2 pouces, d’autres sites défensifs de la forteresse de Victoria-Esquimalt, comme les batteries de Signal Hill et d’Albert Head, ont été équipés de ces canons. L’empattement robuste, les roues en béton à semelle d’acier et les treuils à commande manuelle permettaient à ce chariot de transporter de grandes charges jusqu’à leur destination.
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