Cent ans de commémoration
Lieux historiques nationaux Fort Rodd Hill et du Phare-de-Fisgard
Ensemble, nous nous souviendrons d’eux.
Il y a maintenant cent ans que la Première Guerre mondiale a pris fin. Aujourd’hui, les employés du Fort Rodd Hill souhaitent vous présenter les personnes dont nous nous souvenons. Au cours des nombreuses mois, nous nous sommes employés à mettre en lumière les histoires de nos propres ancêtres et parents qui ont vécu en temps de guerre. Les récits comme ceux-ci abondent dans la plupart des familles, il suffit de demander à les entendre et de les écouter.
Un voyage riche en émotions
Dans le cadre de ce projet, les membres du personnel de Parcs Canada ont effectué un impressionnant voyage de découverte. Nous avons tous pris conscience de l’impact qu’a eu la guerre sur nos proches, dont nous portons aujourd’hui les gènes et en notre cœur les souvenirs. Nous tenions à entendre ces récits de la bouche de chacun des membres de notre personnel dans l’espoir que vous puissiez y déceler des échos de votre propre histoire familiale. Vous trouverez ci-dessous une sélection de ces récits.
Visitez les lieux historiques nationaux du Fort Rodd Hill et du Phare-de-Fisgard, et découvrez les 14 histoires de familles qui vous sont présentées dans la salle d’exposition n° 3 de la Casemate.
Une ouvreuse épouse un soldat après trois rendez-vous galants
« C’est pendant un quart de travail au cinéma qu’elle rencontra mon grand-père, Harvey Stewart Ball, soldat dans l’armée canadienne »
par Michelle Holmes
(Gestionnaire, Lieu historique et de l'expérience du visiteur)
Cent ans de commémoration
Enfant, je me retrouvais souvent assise auprès de ma Nana, Margaret Montgomery Hill, alors qu’elle me faisait part de son rêve de retourner une fois de plus en Écosse, dans sa patrie. Elle me parlait de l’époque où elle avait été placeuse dans un cinéma, de sa mère qui avait élevé cinq enfants avec très peu d’aide et de maigres ressources, de son père qui avait abandonné la famille en la laissant dans le dénuement le plus complet, et de l’abri anti-bombe qui se trouvait dans sa cour arrière. Vu la grande importance qu’accordait sa famille à l’éducation, elle poursuivit des études jusqu’à ce que la guerre éclate, après quoi elle travailla dans une usine où elle eut pour tâche de récupérer, au dos des papiers à cigarettes, les feuilles d’étain devant servir à la fabrication de munitions.
C’est pendant un quart de travail au cinéma qu’elle rencontra mon grand-père, Harvey Stewart Ball, soldat dans l’armée canadienne, qui sortait avec sa sœur. Ma Nana gagna apparemment son cœur sur-le-champ! Lors de son congé suivant, il la demanda en mariage et lors de leur troisième rencontre, ils se marièrent. Ma Nana, épouse terrifiée de 18 ans, connaissant à peine son nouvel époux, l’obligea à dormir sur une chaise dans la chambre à coucher.
Harvey s’était fait dire, par un travailleur agricole à son emploi au Canada, de prendre contact avec la famille Montgomery s’il se retrouvait un jour en Écosse. Nous découvrîmes plus tard que cet ouvrier agricole n’était nul autre que le père de ma Nana, décédé plusieurs années auparavant.
Au cours de ses congés, ils apprirent à se connaître davantage et à la fin de la guerre, il rentra au Canada. Ma Nana fit une demande auprès du Bureau des épouses de guerre pour venir au Canada et ils ont correspondu en attendant de se revoir. Le 28 avril 1946, Margaret s’embarqua pour le Canada à bord du Lady Nelson dont l’arrivée à Halifax était prévue au Quai 21. Au terme d’un trajet de deux jours en train, elle retrouva enfin Harvey à Toronto.
La vie à Toronto fut des plus difficiles. Croyant arriver dans une grande ferme familiale, elle était loin de se douter que la maison serait dépourvue d’électricité et d’eau courante et qu’elle allait devoir cohabiter avec plusieurs autres membres de la famille. Elle se fit taquiner à cause de son accent du terroir écossais et s’efforça de s’adapter. Elle finit même par perdre son accent, sauf lorsqu’elle était en colère! Elle regretta souvent sa vie en Écosse et rêva souvent d’y retourner, même lorsque j’étais assise sur ses genoux en train d’écouter ses histoires. Ma Nana n’a jamais pu retourner en Écosse, mais j’ai eu l’occasion de m’y rendre avec ma mère pour visiter ses lieux de prédilection, la maison dans laquelle elle a grandi et bien sûr, le cinéma où tout a commencé.
Une ouvreuse épouse un soldat après trois rendez-vous galants
« C’est pendant un quart de travail au cinéma qu’elle rencontra mon grand-père, Harvey Stewart Ball, soldat dans l’armée canadienne. »
par Michelle Holmes
(Gestionnaire, Lieu historique et de l'expérience du visiteur)
Enfant, je me retrouvais souvent assise auprès de ma Nana, Margaret Montgomery Hill, alors qu’elle me faisait part de son rêve de retourner une fois de plus en Écosse, dans sa patrie. Elle me parlait de l’époque où elle avait été placeuse dans un cinéma, de sa mère qui avait élevé cinq enfants avec très peu d’aide et de maigres ressources, de son père qui avait abandonné la famille en la laissant dans le dénuement le plus complet, et de l’abri anti-bombe qui se trouvait dans sa cour arrière. Vu la grande importance qu’accordait sa famille à l’éducation, elle poursuivit des études jusqu’à ce que la guerre éclate, après quoi elle travailla dans une usine où elle eut pour tâche de récupérer, au dos des papiers à cigarettes, les feuilles d’étain devant servir à la fabrication de munitions.
C’est pendant un quart de travail au cinéma qu’elle rencontra mon grand-père, Harvey Stewart Ball, soldat dans l’armée canadienne, qui sortait avec sa sœur. Ma Nana gagna apparemment son cœur sur-le-champ! Lors de son congé suivant, il la demanda en mariage et lors de leur troisième rencontre, ils se marièrent. Ma Nana, épouse terrifiée de 18 ans, connaissant à peine son nouvel époux, l’obligea à dormir sur une chaise dans la chambre à coucher.
Harvey s’était fait dire, par un travailleur agricole à son emploi au Canada, de prendre contact avec la famille Montgomery s’il se retrouvait un jour en Écosse. Nous découvrîmes plus tard que cet ouvrier agricole n’était nul autre que le père de ma Nana, décédé plusieurs années auparavant.
Au cours de ses congés, ils apprirent à se connaître davantage et à la fin de la guerre, il rentra au Canada. Ma Nana fit une demande auprès du Bureau des épouses de guerre pour venir au Canada et ils ont correspondu en attendant de se revoir. Le 28 avril 1946, Margaret s’embarqua pour le Canada à bord du Lady Nelson dont l’arrivée à Halifax était prévue au Quai 21. Au terme d’un trajet de deux jours en train, elle retrouva enfin Harvey à Toronto.
La vie à Toronto fut des plus difficiles. Croyant arriver dans une grande ferme familiale, elle était loin de se douter que la maison serait dépourvue d’électricité et d’eau courante et qu’elle allait devoir cohabiter avec plusieurs autres membres de la famille. Elle se fit taquiner à cause de son accent du terroir écossais et s’efforça de s’adapter. Elle finit même par perdre son accent, sauf lorsqu’elle était en colère! Elle regretta souvent sa vie en Écosse et rêva souvent d’y retourner, même lorsque j’étais assise sur ses genoux en train d’écouter ses histoires. Ma Nana n’a jamais pu retourner en Écosse, mais j’ai eu l’occasion de m’y rendre avec ma mère pour visiter ses lieux de prédilection, la maison dans laquelle elle a grandi et bien sûr, le cinéma où tout a commencé.
Souvenir d’une vaillante descendance
« Les Britanniques promettaient liberté, terre et droits à tout esclave qui fuirait son maître américain pour combattre aux côtés des Britanniques ».
par Susan Johnson (MacIsaac)
(Agente engagement, Espèces en péril)
Mon histoire de Souvenir et de service est antérieure à la Première Guerre mondiale. Elle commence avec mon arrière-arrière-arrière-grand-père, Andrew Izzard, qui fut esclave en Caroline du Sud et qui se réfugia en Nouvelle-Écosse en 1783.
Pendant la révolution américaine (1775 à 1783), les Britanniques promettaient liberté, terre et droits à tout esclave qui fuirait son maître américain pour combattre aux côtés des Britanniques. La loyauté de ces esclaves envers la Grande-Bretagne leur valut le nom de « loyalistes noirs ». Le Book of Negroes (littéralement « Livre des nègres ») est un registre historique britannique dans lequel figurent les noms de 3 000 loyalistes noirs qui se réfugièrent derrière les lignes britanniques et furent éventuellement évacués en Nouvelle-Écosse en tant que personnes de couleur affranchies. Mon arrière arrière-grand-père fut au nombre de ceux-ci. Il reçut un certificat de liberté signé par le Général Musgrave et fut engagé au sein du Wagon Master General’s Department qui servait la cause des Britanniques. Andrew s’installa par la suite à Guysborough en Nouvelle-Écosse où vit encore aujourd’hui mon grand-père.
Je suis reconnaissante de la force, de la bravoure et de la résilience de mes ancêtres et je sais que ces qualités sont des éléments constitutifs de mon identité. Je puise mes propres forces de la certitude de faire partie de leur héritage.
Souvenir d’une vaillante descendance
« Les Britanniques promettaient liberté, terre et droits à tout esclave qui fuirait son maître américain pour combattre aux côtés des Britanniques ».
par Susan Johnson (MacIsaac)
(Agente engagement, Espèces en péril)
Mon histoire de Souvenir et de service est antérieure à la Première Guerre mondiale. It begins with my Great Great Great Grandfather, Andrew Izzard who was a slave in South Carolina and escaped to Nova Scotia in 1783.
Pendant la révolution américaine (1775 à 1783), les Britanniques promettaient liberté, terre et droits à tout esclave qui fuirait son maître américain pour combattre aux côtés des Britanniques. La loyauté de ces esclaves envers la Grande-Bretagne leur valut le nom de « loyalistes noirs ». Le Book of Negroes (littéralement « Livre des nègres ») est un registre historique britannique dans lequel figurent les noms de 3 000 loyalistes noirs qui se réfugièrent derrière les lignes britanniques et furent éventuellement évacués en Nouvelle-Écosse en tant que personnes de couleur affranchies. Mon arrière arrière-grand-père fut au nombre de ceux-ci. Il reçut un certificat de liberté signé par le Général Musgrave et fut engagé au sein du Wagon Master General’s Department qui servait la cause des Britanniques. Andrew s’installa par la suite à Guysborough en Nouvelle-Écosse où vit encore aujourd’hui mon grand-père.
Je suis reconnaissante de la force, de la bravoure et de la résilience de mes ancêtres et je sais que ces qualités sont des éléments constitutifs de mon identité. Je puise mes propres forces de la certitude de faire partie de leur héritage.
Dans l’espoir d’acquérir le droit de vote
« Frank s’enrôla à l’âge de 22 ans...déterminé à prouver la loyauté qu’il vouait à un pays qui refusait de l’accepter ».
par Zoe McCormack
(guide-interprète)
Frank s’enrôla dans l’armée canadienne pour deux raisons : d’abord en raison de son profond attachement au Canada et ensuite dans l’espoir qu’en servant son pays, les sino-canadiens puissent un jour avoir le droit de voter.
En dépit du fait qu’il soit né au Canada au sein d’une famille qui, pendant plusieurs générations, a travaillé d’arrache-pied pour se construire une vie à Vancouver, Frank dut lutter au quotidien contre la discrimination, dont l’interdiction de voter et la ségrégation dans les lieux publics. En dépit du fait qu’il soit traité comme un citoyen de second ordre, Frank s’enrôla à l’âge de 22 ans pour servir au sein du Corps royal canadien des magasins militaires, déterminé à prouver la loyauté qu’il vouait à un pays qui refusait de l’accepter.
Frank fut chargé de réparer des camions et des pièces d’artillerie ainsi que d’assurer le ravitaillement de l’artillerie en obus. Lors du déploiement de la Première Armée canadienne à travers l’Europe après le Jour J, le Corps des magasins militaires assura le bon fonctionnement des armes et des véhicules dans ses ateliers de réparation ambulants au fur et à mesure qu’il se déplaça en France et aux Pays-Bas. Frank fut profondément bouleversé par l’extrême dénuement des citoyens hollandais. Lui et d’autres membres de son unité firent ainsi don de leurs rations aux enfants hollandais affamés jusqu’à ce qu’un supérieur s’en aperçoive et leur ordonne de bien se nourrir en prévision des batailles qui les attendaient.
Frank était sur le point de regagner son unité à l’issue d’un congé à Paris lorsque la fin de la guerre fut officiellement déclarée. Les célébrations à travers l’Europe furent grandioses. À son retour au Canada, Frank, de même que beaucoup d’autres anciens combattants sino-canadiens, fit campagne pour obtenir le droit de voter. Ce dernier leur fut finalement accordé en 1947, bien que l’immigration en provenance de la Chine continua d’être soumise à de sévères restrictions jusqu’en 1967. Frank affirma plus tard que jamais il n’avait subi aussi peu de discrimination que pendant son service dans l’armée. Il fonda plus tard la Chinese Canadian Military Museum Society, qui a recueilli les histoires de ces anciens combattants souvent oubliés et conservé une partie importante de l’histoire du Canada. Il retourna aux Pays-Bas en 2003 et se vit décerner une médaille pour sa participation à la libération des Pays-Bas.
L’héritage de service et d’activisme que Frank a laissé derrière lui après sa mort en 2013 s’est transmis au sein de sa grande famille.
Dans l’espoir d’acquérir le droit de vote
« Frank s’enrôla à l’âge de 22 ans...déterminé à prouver la loyauté qu’il vouait à un pays qui refusait de l’accepter ».
par Zoe McCormack
(guide-interprète)
Frank s’enrôla dans l’armée canadienne pour deux raisons : d’abord en raison de son profond attachement au Canada et ensuite dans l’espoir qu’en servant son pays, les sino-canadiens puissent un jour avoir le droit de voter.
En dépit du fait qu’il soit né au Canada au sein d’une famille qui, pendant plusieurs générations, a travaillé d’arrache-pied pour se construire une vie à Vancouver, Frank dut lutter au quotidien contre la discrimination, dont l’interdiction de voter et la ségrégation dans les lieux publics. En dépit du fait qu’il soit traité comme un citoyen de second ordre, Frank s’enrôla à l’âge de 22 ans pour servir au sein du Corps royal canadien des magasins militaires, déterminé à prouver la loyauté qu’il vouait à un pays qui refusait de l’accepter.
Frank fut chargé de réparer des camions et des pièces d’artillerie ainsi que d’assurer le ravitaillement de l’artillerie en obus. Lors du déploiement de la Première Armée canadienne à travers l’Europe après le Jour J, le Corps des magasins militaires assura le bon fonctionnement des armes et des véhicules dans ses ateliers de réparation ambulants au fur et à mesure qu’il se déplaça en France et aux Pays-Bas. Frank fut profondément bouleversé par l’extrême dénuement des citoyens hollandais. Lui et d’autres membres de son unité firent ainsi don de leurs rations aux enfants hollandais affamés jusqu’à ce qu’un supérieur s’en aperçoive et leur ordonne de bien se nourrir en prévision des batailles qui les attendaient.
Frank était sur le point de regagner son unité à l’issue d’un congé à Paris lorsque la fin de la guerre fut officiellement déclarée. Les célébrations à travers l’Europe furent grandioses. À son retour au Canada, Frank, de même que beaucoup d’autres anciens combattants sino-canadiens, fit campagne pour obtenir le droit de voter. Ce dernier leur fut finalement accordé en 1947, bien que l’immigration en provenance de la Chine continua d’être soumise à de sévères restrictions jusqu’en 1967. Frank affirma plus tard que jamais il n’avait subi aussi peu de discrimination que pendant son service dans l’armée. Il fonda plus tard la Chinese Canadian Military Museum Society, qui a recueilli les histoires de ces anciens combattants souvent oubliés et conservé une partie importante de l’histoire du Canada. Il retourna aux Pays-Bas en 2003 et se vit décerner une médaille pour sa participation à la libération des Pays-Bas.
L’héritage de service et d’activisme que Frank a laissé derrière lui après sa mort en 2013 s’est transmis au sein de sa grande famille.
Miser sur la culture au milieu des conflits
« Pour cette jeune femme qui n’a jamais encore quitté les Midlands, c’est une époque formidable ».
par Helen Davies
(Directrice de l'unité de gestion)
Margaret M. Davies (née Heppenstall) naît en 1920 à Dudley, dans les West Midlands, en Angleterre.
En 1940, Margaret, surnommée Bobbie par ses collègues de l’armée, s’enrôle dans l’Auxiliary Territorial Service (ATS) à Northampton, en Angleterre. Fondée en 1938, l’ATS est la branche féminine de la British Army au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Avant de s’engager dans l’armée, Bobbie travaille pour un goûteur de thé dans une compagnie de thé des Midlands ainsi qu’en tant que « traceuse » pour une entreprise de dessin industriel. À la suite de tests visant à évaluer ses aptitudes à occuper divers postes dans l’armée, il est décidé que la fonction la meilleure pour Bobbie est celle de télégraphiste. Elle accueille d’abord cette nouvelle avec déception, car elle souhaite depuis longtemps devenir chauffeuse de poids lourds ou de « lorries », comme on les appelle en Angleterre. Mais, avec son 1,5 m (5 pi ½ po), ses pieds n’atteignent malheureusement pas les pédales!
Avec le temps, elle finit cependant par se passionner pour sa fonction de radiotélégraphiste, dont elle dira que « c’était comme d’apprendre une autre langue », et l’exerce avec compétence.
Elle est éventuellement envoyée en poste à Londres, en Angleterre, où elle travaille pour la résistance au Bureau de la Guerre, dans le quartier de Whitehall. Elle est cantonnée dans une majestueuse demeure de Westminster située sur Queen Anne’s Gate, une rue très différente de Buffery Road à Dudley où elle a grandi au sein d’une famille de la classe ouvrière. Pour cette jeune femme qui n’a jamais encore quitté les Midlands, c’est une époque formidable.
Après de durs quarts de travail effectués parfois les uns à la suite des autres, elle se précipite vers une billetterie à Trafalgar Square pour se procurer des billets pour un opéra, une pièce de théâtre ou un spectacle de ballet, tous offerts gratuitement. Elle mentionnera souvent à quel point c’est exaltant d’être exposée à la culture citadine et de rencontrer des gens venus de tout le pays et d’autres régions du monde. Même des décennies plus tard, elle gardera des souvenirs très chers de ce moment grisant de sa vie.
Bien sûr, c’est aussi pour elle un moment d’affliction et de sacrifice personnels et collectifs lorsque le 18 juin 1944, la Chapelle militaire royale à St. James Park, connue sous le nom de chapelle des gardes des casernes Wellington est bombardée au cours du Blitz.
Bobbie vient de terminer son service après un quart de travail commencé à minuit. En regagnant son cantonnement, elle se rend compte qu’elle est inscrite au défilé religieux à 11 h. Éreintée, elle court le risque d’être mise aux arrêts (c.-à-d. de se voir infliger une sanction disciplinaire comme de peler des pommes de terre ou de laver le plancher de l’officier) et décide de ne pas aller à l’église ce dimanche-là. Selon ses dires, elle a décidé de « désobéir aux ordres et d’aller se coucher ». Elle se souvient ensuite d’avoir été réveillée deux heures plus tard par une puissante déflagration et le bruit de vitres volant en éclats. Son cantonnement ne se trouvait qu’à 10 minutes à pied des casernes Wellington. Une bombe volante V1 aussi appelée « bombe-robot » vient de tomber sur la chapelle, faisant 121 morts et 141 blessés.
Bobbie décrit cet événement comme un rappel très concret des conséquences de la guerre et du prix que l’on paie de sa vie en servant son pays.
Ses années de service en temps de guerre façonnent la personne qu’elle deviendra dans sa vie adulte. C’est durant ses années de service au sein de l’ATS qu’elle rencontre son futur mari Peter E.C. Davies, membre du Corps royal britannique des Transmissions, après qu’on l’ait affectée à sa formation en code Morse. Après la guerre, elle s’expose à de nouveaux lieux, cultures et sociétés en l’accompagnant partout où il est affecté à l’étranger, notamment en Allemagne, à Malte, en Malaisie et en Angleterre. Tout au long de sa vie, elle milite sans relâche en faveur de la paix, affirmant qu’elle « ferait n’importe quoi pour faire régner la paix dans le monde et amener les gens à dialoguer plutôt que de se battre ».
Tiré, en partie, du site www.thememoryproject.com (en anglais seulement)
Miser sur la culture au milieu des conflits
« Pour cette jeune femme qui n’a jamais encore quitté les Midlands, c’est une époque formidable ».
par Helen Davies
(Directrice de l'unité de gestion)
Margaret M. Davies (née Heppenstall) naît en 1920 à Dudley, dans les West Midlands, en Angleterre.
En 1940, Margaret, surnommée Bobbie par ses collègues de l’armée, s’enrôle dans l’Auxiliary Territorial Service (ATS) à Northampton, en Angleterre. Fondée en 1938, l’ATS est la branche féminine de la British Army au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Avant de s’engager dans l’armée, Bobbie travaille pour un goûteur de thé dans une compagnie de thé des Midlands ainsi qu’en tant que « traceuse » pour une entreprise de dessin industriel. À la suite de tests visant à évaluer ses aptitudes à occuper divers postes dans l’armée, il est décidé que la fonction la meilleure pour Bobbie est celle de télégraphiste. Elle accueille d’abord cette nouvelle avec déception, car elle souhaite depuis longtemps devenir chauffeuse de poids lourds ou de « lorries », comme on les appelle en Angleterre. Mais, avec son 1,5 m (5 pi ½ po), ses pieds n’atteignent malheureusement pas les pédales!
Avec le temps, elle finit cependant par se passionner pour sa fonction de radiotélégraphiste, dont elle dira que « c’était comme d’apprendre une autre langue », et l’exerce avec compétence.
Elle est éventuellement envoyée en poste à Londres, en Angleterre, où elle travaille pour la résistance au Bureau de la Guerre, dans le quartier de Whitehall. Elle est cantonnée dans une majestueuse demeure de Westminster située sur Queen Anne’s Gate, une rue très différente de Buffery Road à Dudley où elle a grandi au sein d’une famille de la classe ouvrière. Pour cette jeune femme qui n’a jamais encore quitté les Midlands, c’est une époque formidable.
Après de durs quarts de travail effectués parfois les uns à la suite des autres, elle se précipite vers une billetterie à Trafalgar Square pour se procurer des billets pour un opéra, une pièce de théâtre ou un spectacle de ballet, tous offerts gratuitement. Elle mentionnera souvent à quel point c’est exaltant d’être exposée à la culture citadine et de rencontrer des gens venus de tout le pays et d’autres régions du monde. Même des décennies plus tard, elle gardera des souvenirs très chers de ce moment grisant de sa vie.
Bien sûr, c’est aussi pour elle un moment d’affliction et de sacrifice personnels et collectifs lorsque le 18 juin 1944, la Chapelle militaire royale à St. James Park, connue sous le nom de chapelle des gardes des casernes Wellington est bombardée au cours du Blitz.
Bobbie vient de terminer son service après un quart de travail commencé à minuit. En regagnant son cantonnement, elle se rend compte qu’elle est inscrite au défilé religieux à 11 h. Éreintée, elle court le risque d’être mise aux arrêts (c.-à-d. de se voir infliger une sanction disciplinaire comme de peler des pommes de terre ou de laver le plancher de l’officier) et décide de ne pas aller à l’église ce dimanche-là. Selon ses dires, elle a décidé de « désobéir aux ordres et d’aller se coucher ». Elle se souvient ensuite d’avoir été réveillée deux heures plus tard par une puissante déflagration et le bruit de vitres volant en éclats. Son cantonnement ne se trouvait qu’à 10 minutes à pied des casernes Wellington. Une bombe volante V1 aussi appelée « bombe-robot » vient de tomber sur la chapelle, faisant 121 morts et 141 blessés.
Bobbie décrit cet événement comme un rappel très concret des conséquences de la guerre et du prix que l’on paie de sa vie en servant son pays.
Ses années de service en temps de guerre façonnent la personne qu’elle deviendra dans sa vie adulte. C’est durant ses années de service au sein de l’ATS qu’elle rencontre son futur mari Peter E.C. Davies, membre du Corps royal britannique des Transmissions, après qu’on l’ait affectée à sa formation en code Morse. Après la guerre, elle s’expose à de nouveaux lieux, cultures et sociétés en l’accompagnant partout où il est affecté à l’étranger, notamment en Allemagne, à Malte, en Malaisie et en Angleterre. Tout au long de sa vie, elle milite sans relâche en faveur de la paix, affirmant qu’elle « ferait n’importe quoi pour faire régner la paix dans le monde et amener les gens à dialoguer plutôt que de se battre ».
Tiré, en partie, du site www.thememoryproject.com (en anglais seulement
- Date de modification :