Crise de Suez
Lieu historique national Louis-S.-St-Laurent
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Le 26 juillet 1956, le président d'Égypte, Gamal Abder Nasser, nationalise le canal de Suez, alors propriété de la compagnie franco-anglaise du Canal de Suez. La nationalisation de cette voie maritime reliant la Méditerranée à la mer Rouge est mal perçue par certains pays occidentaux. La France et l'Angleterre, entre autres, y voient une atteinte directe à leur commerce.
Conscients de l'importance stratégique et économique du canal, la France, la Grande-Bretagne et Israël conviennent, en secret, d'une stratégie d'intervention. Israël attaquera l'Égypte pour permettre aux deux autres pays d'intervenir militairement, supposément pour sauvegarder la sécurité du canal.
Conformément au plan, l'attaque débute le 29 octobre 1956. Les parachutistes israéliens sont largués à 40 kilomètres du canal. Le lendemain, la coalition franco-britannique lance un ultimatum à l'Égypte et à Israël, leur demandant de cesser le feu et de se retirer à 16 kilomètres du canal. Devant le refus de l'Égypte, la France et la Grande-Bretagne interviennent directement et bombardent les aérodromes égyptiens le 31 octobre. Le Moyen-Orient est sur le point d'exploser et la menace d'une troisième guerre mondiale semble se dessiner.
© Archives nationales du Canada / C-18706
En privé, St-Laurent est très agacé par cette intervention qui menace, entre autres, de faire éclater le Commonwealth. Il n'hésite pas à condamner la voie suivie par les belligérants. La réponse du gouvernement canadien, bien que modérée et conciliante dans les circonstances, surprend la Grande-Bretagne qui espérait, à ce moment, l'appui du Canada.
St-Laurent demande alors à son secrétaire d'État aux Affaires extérieures, Lester B. Pearson, de dénouer la crise. Un incroyable travail de coulisses débute. Pearson, aidé de ses collègues de l' Organisation des Nations unies, propose, le 4 novembre, d'envoyer une force internationale pour superviser la cessation des combats. Cette force, à laquelle participerait le Canada, serait sous commandement canadien. L'Assemblée générale de l'ONU accepte la proposition, tout comme les belligérants qui subissent des pressions de la part de la communauté internationale, principalement des États-Unis et de l'URSS.
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Vers la mi-novembre, des troupes de la force d'urgence se rendent dans la zone du canal. Quelques jours plus tard commencent l'évacuation des troupes occupantes et les négociations pour mettre un terme à cette crise.
Alors que Pearson reçoit de nombreuses félicitations des représentants d'autres pays, notamment celui du Royaume-Uni, une partie de l'électorat canadien-anglais « pro-britannique » s'indigne. Ces Canadiens croient que le Canada aurait dû soutenir davantage la Grande-Bretagne qui a agi ainsi pour sauver son honneur et conserver sa place dans l'économie mondiale. Cette « trahison » est probablement un facteur expliquant la défaite des libéraux aux élections générales de 1957.
Quant à Pearson, il se voit décerner le prix Nobel de la paix en 1957, pour son rôle lors de cette crise.
Sources :
Bothwell, Robert, « Le règne de l'oncle Louis », Horizon Canada, St-Laurent, Québec, Le Centre, fascicule 113, c1984-1987.
Hillmer, Norman, « Suez, crise du canal », L'encyclopédie du Canada, Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, vol. 3, 1987.
Quinn, Majella et Claude Marcil, Louis-S. St-Laurent, jurisconsulte, homme politique et chef d'État canadien, Ottawa, ministre des Approvisionnements et Service Canada, 1982, 47 p.
Thomson, Dale C, Louis St-Laurent : Canadien, Montréal, Le Cercle du Livre de France, 1968, 570 p.
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