L'affaire du gazoduc

Lieu historique national Louis-S.-St-Laurent

C. D. Howe Clarence Decatur Howe, ministre de l'Industrie et du Commerce
© Archives nationales du Canada / C-19380

Parmi les plus vifs débats de l'histoire du Parlement canadien figure celui entourant la construction d'un gazoduc au printemps de 1956. Cet audacieux projet d'amener le gaz naturel de l'Alberta jusqu'au cœur du Canada industriel devient une priorité nationale pour le ministre du Commerce, le libéral Clarence Decatur Howe.

Mais le projet a besoin d'importants capitaux. Pour permettre sa réalisation, Howe crée un consortium financier, la TransCanada Pipelines Ltd, composé d'hommes d'affaires majoritairement américains.

En mai 1956, lorsque Howe présente son projet de loi autorisant la construction d'un pipeline et prévoyant un emprunt pour sa réalisation, il se heurte à une vive opposition. Le projet est attaqué de tous les côtés. Alors que le Parti CCF (Cooperative Commonwealth Federation) préconise la nationalisation, le Parti progressiste conservateur accuse le ministre Howe d'avoir placé l'économie canadienne dans la dépendance du capital américain.


John George Diefenbaker John George Diefenbaker
© Archives nationales du Canada / Duncan Cameron / PA-57930

Toutes ces discussions sur le gazoduc risquent de reporter l'installation des canalisations à l'année suivante. Pressé par Howe, le gouvernement St-Laurent impose la clôture des débats. Cette manœuvre soulève la colère de l'opposition conservatrice dirigée alors par un nouveau chef dynamique, John Diefenbaker.

L'opposition dénonce cette procédure qui a tout du musellement. Le gouvernement, lui, accuse ses vis-à-vis d'obstruction. La violence physique éclate même à une occasion. Pendant plusieurs semaines la Chambre des communes est plongée dans le tumulte. Les interminables débats sur le gazoduc dégénèrent en bataille sur les droits du Parlement, puis se terminent en attaques personnelles contre St-Laurent. Ce dernier, de retour de son périple en Asie, accuse des signes de fatigue et semble assister à ces combats politiques comme un témoin passif. Finalement, le 22 mai, St-Laurent appuie le projet, déclarant qu'il plaira à tous les Canadiens.

L'affaire du pipeline ternit toutefois l'image de Howe et des libéraux et contribue, d'une certaine façon, à leur défaite lors des élections fédérales de 1957.

Sources :

Bothwell, Robert, « Le débat sur le pipeline », L'encyclopédie du Canada, Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, vol. 3, 1987.

Bothwell, Robert, « Le règne de l'oncle Louis », Horizon Canada, St-Laurent, Québec, Le Centre, fascicule 113, c1984-1987.

Bélanger, Jacqueline et al, Louis-S. St-Laurent, deux carrières, un cheminement, Ottawa, Patrimoine canadien, Parcs Canada, 1995. 23 p.

Quinn, Majella et Claude Marcil, Louis-S. St-Laurent, jurisconsulte, homme politique et chef d'État canadien, Ottawa, ministre des Approvisionnements et Service Canada, 1982, 47 p.

Thomson, Dale C, Louis St-Laurent : Canadien, Montréal, Le Cercle du Livre de France, 1968, 570 p.

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