Dendroctone du pin ponderosa
Parc national des Lacs-Waterton
Le dendroctone du pin ponderosa est un insecte indigène de l’écosystème des Rocheuses. Ce petit scarabée au corps cylindrique colonise et tue des arbres mûrs en perçant l’écorce et en extrayant le phloème – la couche qui se trouve entre l’écorce et le bois. Lorsque les conditions sont propices, les dendroctones peuvent se multiplier et infecter un grand nombre d’arbres, tuant ainsi de vastes parcelles de pins tordus mûrs.
De tels « flambées » ont participé à l'évolution de la forêt telle qu'on l'observe aujourd'hui dans le parc national des Lacs-Waterton.
Cycle biologique du dendroctone du pin ponderosa
Le cycle biologique du dendroctone du pin ponderosa dure habituellement un an. À la fin de l’été, les adultes, qui mesurent environ 5 mm de longueur, quittent les arbres infestés où ils se sont développés. Ils colonisent des arbres en bonne santé, creusent des tunnels sous l’écorce et cherchent des partenaires.
Les insectes déposent leurs œufs dans des galeries verticales creusées sous l’écorce. Après l’éclosion des œufs, les larves semblables à des vers passent l’hiver à se nourrir sous l’écorce. La pupaison a lieu au printemps, et les adultes émergent de juillet à septembre.
Une étape clé de ce cycle est la transmission, du coléoptère à l’arbre, d’un champignon du bleuissement du bois. Les spores de ce champignon sont introduites dans l’arbre lors des attaques des insectes adultes.
Le champignon se développe dans l’arbre et son action, combinée à l’alimentation du dendroctone, l’affaiblit. Le réseau de galeries creusées par le dendroctone, conjugué au champignon du bleuissement, perturbe la circulation de l’eau dans l’arbre et le fait mourir rapidement. Le champignon donne une apparence gris-bleu à l’aubier.
Signes de la présence de dendroctones du pin :
- Aiguilles rouges à la cime des arbres (à noter que le rougissement des aiguilles peut aussi être causé par la sécheresse et la maladie).
- Œufs, larves ou galeries en J sous l’écorce.
- Bouchons de résine sur l’écorce, à l’endroit où les dendroctones creusent leurs tunnels (généralement à mi hauteur du tronc).
- « Sciure » à la base de l’arbre ou dans les crevasses de l’écorce.
- Signes d’activité des pics – trous dans le tronc et copeaux d’écorce sur le sol (les pics se nourrissent d’insectes variés).
Historique des infestations du dendroctones du pin ponderosa dans les parcs des Rocheuses
Le dendroctones du pin ponderosa est présent à l’état endémique dans tous les parcs nationaux des Rocheuses, mais ce n'est que dans les parcs nationaux Kootenay, Yoho et des Lacs-Waterton qu'il a atteint des proportions épidémiques. Dans les années 1940, une importante infestation a sévi dans le parc national Kootenay où 65 000 ha de pinèdes ont été ravagés. Dans le parc national Banff, une infestation mineure a endommagé 4 000 ha. Au cours des années 1970, une importante pullulation s'est propagée, depuis le côté américain des Rocheuses, dans le sud-est de la Colombie-Britannique et le sud-ouest de l'Alberta, y compris le parc national des Lacs-Waterton. Pendant les années 1980, le dendroctone a gagné du terrain dans le parc national Kootenay. Au début des années 1980, le sud du parc national Banff a été le siège d’une infestation mineure.
Le Dendroctone du pin est présent dans le parc Waterton à un niveau faible ou « endémique » depuis aussi longtemps que le parc abrite des pins. En 1977, les conditions forestières ont permis à la population d'exploser sous la forme d'une flambée qui a atteint des proportions spectaculaires en 1979 alors que les scolytes colonisaient les pins de Murray et les pins souples à basse altitude et les pins à blanche écorce à plus haute altitude. Cette flambée, qui persista jusqu'en 1982, a laissé des marques évidentes sur les pentes de certaines montagnes de faible altitude dans les vallées de Waterton et de Blakiston.
Les populations de coléoptères ont commencé à décliner à partir de 1982 et il ne reste aujourd'hui que quelques populations de dendroctones en équilibre avec la forêt.
Un problème lié à l'âge des arbres
Avant la flambée de dendroctones de 1977-1982, la majorité des peuplements de pins de Waterton étaient matures. Fruits de plusieurs décennies d'efforts axés sur la suppression des incendies, des peuplements continus d'arbres relativement vieux et stressés ont fourni les conditions idéales pour l'apparition de la flambée. Approximativement 10 % de la forêt de pins a succombé à la colonisation par les dendroctones du pin.Lorsqu'ils ne sont pas éteints, les incendies créent une mosaïque de peuplements d'arbres d'âges, de tailles et d'essences variés, contribuant ainsi à rendre le paysage plus sain et moins susceptible d'être ravagé par des flambées d'insectes et envahi par de grandes quantités de bois mort qui favorisent les énormes incendies.
Flambées : un processus naturel
Le dendroctone du pin ponderosa fait partie intégrante du cycle naturel des forêts, et il contribue à assurer la santé de l’écosystème forestier. Les pins ravagés par cet insecte ne sont pas des pertes sèches. D’autres essences et d’autres plantes qui poussaient à côté ou au dessous ont maintenant plus de lumière pour croître. Ces espèces ajoutent de la diversité à la forêt et soutiennent d’autres espèces fauniques en leur procurant nourriture et abri.
Le dendroctone s’attaque normalement aux pins tordus mûrs ou affaiblis, ce qui stimule l’important processus de décomposition par le recyclage des arbres décrépits ou endommagés. Le bois qui pourrit redonne des nutriments au système tout en procurant un abri et de la nourriture à un grand nombre de plantes et d’animaux.
Waterton – La vie après une flambée de scolyte
Les pins restent l'essence dominante dans un grand nombre de peuplements du parc. Les forêts de Waterton ayant vieilli de 20 ans depuis la dernière flambée, les arbres qui n'étaient que marginalement vulnérables en 1980 sont aujourd'hui beaucoup plus susceptibles d'être attaqués par les dendroctones du pin.
La diversité végétale résultant de la dernière flambée et des incendies fait cependant qu'une flambée de grande envergure est fort improbable. Les forêts de Waterton sont maintenant des habitats divers et productifs avec des sous-étages luxuriants. Un grand nombre d'espèces indigènes telles que des pics, des campagnols à dos roux de Gappers, des martres et des parulines des buissons bénéficient de cette diversité forestière.
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