Rapports d'accidents - Juillet 2011
Sécurité en montagne
Accident de saut mortel au lac Horseshoe, parc national Jasper, le 31 juillet 2011
Chute pendant une excursion de grimpe sur le mont Niles, parc national Yoho, le 24 juillet 2011
Chute d’un premier de cordée sur la paroi rocheuse Lauretta Slabs, parc national du Mont Revelstoke, le 16 juillet 2011
Grimpeur en détresse à la station de ski de Fernie, le 9 juillet 2011
Alpinistes blessés dans une avalanche sur le mont Diadem, parc national Jasper, le 6 juillet 2011
Accident de saut mortel au lac Horseshoe, parc national Jasper, le 31 juillet 2011
Le 31 juillet, par un après-midi d’été chaud, quatre amis âgés d’environ 25 ans se sont réunis au lac Horseshoe. Ce lac jouit d’une grande popularité auprès des amateurs de saut du haut d’une falaise. Les parois rocheuses de ce secteur varient de 3 à 25 m de hauteur. J.B. a choisi le sommet d’un promontoire rocheux de 15 m pour faire un saut dans le lac. Sous l’œil attentif de ses amis réunis sur la rive opposée, il s’est jeté dans le vide et s’est frappé la tête sur le roc pendant sa chute libre. Le jeune homme n’a pas refait surface. Ses amis ont plongé dans l’eau à sa recherche, mais ils n’ont pas été assez rapides pour l’empêcher de couler au fond de l’eau. Il était alors impossible de le repérer.
© Parcs Canada
Les amis ont poursuivi leurs recherches pendant que l’un d’eux composait le 911 pour de l’aide. Une équipe de la Sécurité des visiteurs a été dépêchée sur les lieux. Vêtu d’une combinaison étanche et d’un masque de plongée en apnée, l’un des sauveteurs a vaguement discerné une silhouette à 18 m de profondeur. Des plongeurs bénévoles du service d’incendie local ont été appelés en renfort pendant que les sauveteurs sur place tentaient de récupérer J.B. Un sauveteur a réussi à agripper le maillot de bain du sauteur à l’aide d’un gros croc et à remonter le corps à la surface. J.B. a été ramené sur la rive à l’aide d’un kayak gonflable, après quoi il a été confié au personnel paramédical sur place, qui lui a administré la RCR. Le décès a été constaté peu de temps après par un médecin.
Analyse
Le lac Horseshoe est très fréquenté par les sauteurs, surtout par temps chaud. Les sauts du haut d’une falaise sont dangereux pour des raisons évidentes. L’hôpital local signale que, les journées ensoleillées, il n’est pas rare de voir arriver plusieurs sauteurs qui sollicitent des soins après des blessures subies au lac Horseshoe. Il est impossible d’établir avec précision pourquoi J.B. s’est frappé la tête. Cependant, de nombreuses parois rocheuses ne sont pas complètement verticales, et il faut donc à tout prix se donner un bon élan avant de sauter. Il a peut-être glissé juste avant de quitter la falaise ou sauté sans acquérir une vitesse suffisante. Son traumatisme crânien l’a tué immédiatement ou a accéléré sa noyade en lui faisant perdre connaissance. Youtube est une bonne source de « mauvaises chutes au lac Horseshoe » et montre bien de quelle manière un bel après-midi peut rapidement virer au cauchemar.
Chute pendant une excursion de grimpe sur le mont Niles, parc national Yoho, le 24 juillet 2011
À 17 h, un groupe de 11 personnes descendait le parcours de grimpe de la crête ouest du mont Niles. L’une des membres du groupe a perdu pied et a culbuté sur une distance de 100 m sur du terrain très accidenté. Elle a été blessée au bras gauche et à la poitrine. La victime n’a pas perdu connaissance et n’avait aucune difficulté à respirer. Le groupe a réussi à communiquer par radio avec la personne qui se trouvait au point de départ du sentier, et celle-ci a composé le 911.
Trois spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été dépêchés sur les lieux en hélicoptère. Un autre spécialiste de la Sécurité des visiteurs a aménagé une aire de rassemblement au point de départ du sentier du Lac-Sherbrooke, et les SMU de Banff y ont envoyé une équipe.
La patiente a été enveloppée et héliportée hors du lieu de l’accident, puis confiée aux SMU. Comme il se faisait déjà tard, les autres membres du groupe ont été transportés jusqu’à l’aire de rassemblement par hélicoptère.
Analyse
La grimpe et l’alpinisme peuvent être des activités dangereuses. Pour assurer sa sécurité, il faut à tout prix obtenir la formation et l’équipement appropriés et acquérir progressivement de l’expérience. Ce groupe était formé de grimpeurs qui n’avaient pas tous le même niveau d’expérience. Certains avaient de l’équipement approprié pour leur excursion (bottes d’escalade, crampons et piolet), alors que d’autres n’en avaient pas.
La victime a été chanceuse de survivre à une telle chute. Ce dénouement positif s’explique en partie par la quantité de neige qui subsistait sur les talus d’éboulis où elle a abouti; sa chute s’en est trouvée amortie. Au cours d’une saison estivale ordinaire, cette pente est complètement exempte de neige à la fin de juillet. Enfin, le groupe était suffisamment organisé pour disposer d’un plan de communications qui a permis à l’équipe de la Sécurité des visiteurs de venir rapidement à sa rescousse.
Chute d’un premier de cordée sur la paroi rocheuse Lauretta Slabs, parc national du Mont Revelstoke, le 16 juillet 2011
Le présent rapport d’incident concerne un couple qui profitait de l’une des premières journées de soleil de l’été en faisant de l’escalade sur la paroi rocheuse Lauretta Slabs. Vers 15 h, le premier de cordée en était à la troisième longueur du parcours Priority Post lorsqu’une prise s’est détachée, provoquant sa chute sur une distance d’une dizaine de mètres. L’alpiniste est retombé les pieds sur le roc, et il a immédiatement su qu’il était blessé : il était incapable de supporter du poids sur sa cheville droite et à peine plus capable de tolérer de la pression sur sa cheville gauche. Son assureuse l’a fait descendre jusqu’à la vire de relais pour évaluer la situation. Les alpinistes bénéficiaient d’une couverture de téléphonie cellulaire et ont composé le 911 pour demander un sauvetage. Ensuite, ils ont poursuivi leur descente en rappel jusqu’au pied de la falaise, où ils se sont arrêtés dans l’attente des secours.
Ignorant que la paroi rocheuse Lauretta Slabs se trouvait dans un parc national, les répartiteurs du service 911 ont pris contact avec le groupe de recherche et de sauvetage de Revelstoke. L’interlocuteur a acheminé l’appel au spécialiste de la Sécurité des visiteurs du parc national du Mont-Revelstoke, qui était basé au col Rogers. Même si les alpinistes avaient réussi à se rendre au pied de la falaise, la paroi rocheuse Lauretta Slabs demeure difficile d’accès : pour s’y rendre, il faut d’abord gravir une série de lacets escarpés en terrain meuble, puis traverser un vaste champ de rochers. À cause de la nature du terrain, une évacuation au sol avec civière allait se révéler difficile, voire dangereuse pour la victime. Il a donc été établi qu’un sauvetage par hélitreuillage serait le meilleur moyen d’évacuer l’alpiniste blessé.
Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été dépêchés de Lake Louise en hélicoptère. Le spécialiste local, accompagné d’un autre membre du personnel de Parcs Canada, a quitté le col Rogers en voiture pour aménager l’aire de rassemblement en aval du lieu de l’accident. Entre-temps, une ambulance est arrivée au point de départ du sentier, et l’un des préposés a rejoint à pied les alpinistes pour évaluer le blessé. Il a signalé que l’alpiniste était conscient et a dit soupçonner une fracture du talon droit et de la cheville gauche. À 17 h 30, deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été déposés sur les lieux par hélitreuillage. En raison de la distance de la chute, ils craignaient que la victime n’ait également subi des blessures à la colonne vertébrale. Après avoir été placé sur une planche dorsale et enveloppé dans un sac de sauvetage Baumann, l’alpiniste a été déposé dans l’élingue de l’hélicoptère et transporté avec un des sauveteurs jusqu’à l’aire de rassemblement, où il a été transféré dans l’ambulance.
Analyse
Cet incident vient renforcer deux points très importants :
- Il est absolument essentiel de connaître les techniques d’autosauvetage. Le couple a réussi à se rendre à un endroit sécuritaire où les sauveteurs ont pu évaluer le blessé et le préparer en vue de son transport en hélicoptère.
- Il faut toujours avoir un dispositif de communication à portée de main. Sachez quels endroits sont couverts par votre service de téléphonie cellulaire. Sachez aussi qui appeler et où vous vous trouvez. En l’occurrence, l’appel a initialement été acheminé au groupe de recherche et de sauvetage local, ce qui a retardé l’opération de sauvetage.
Grimpeur en détresse à la station de ski de Fernie, le 9 juillet 2011
Un jeune homme descendait une pente abrupte de terrain meuble en amont de la station de ski de Fernie lorsqu’il s’est retrouvé à un endroit où il ne pouvait plus avancer. Il n’était pas blessé, mais il était coincé au-dessus d’une paroi verticale de 50 m dominant une pente enneigée de très forte déclivité. Vers 19 h 50, le responsable des sauvetages de la Sécurité des visiteurs de Parcs Canada (à Banff) a reçu un appel de la GRC de la région d’Elk Valley, qui indiquait avoir besoin d’un hélicoptère pour un sauvetage sur une paroi rocheuse dominant la station de ski de Fernie. Le responsable des sauvetages a interrogé la GRC pour en savoir davantage. À la lumière des renseignements obtenus, il était clair qu’il fallait prendre des mesures immédiatement, compte tenu de l’heure tardive (il restait environ deux heures de clarté) et de la durée du vol entre Banff et Fernie. D’après les calculs du responsable des sauvetages, la Sécurité des visiteurs disposerait de 20 à 30 minutes pour effectuer le sauvetage. À 20 h 15, les spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont quitté Banff avec tout l’équipement nécessaire. À 21 h 20, Parcs Canada avait établi un contact radio avec la GRC locale, l’équipe de recherche et de sauvetage de Fernie et la société Ascent Helicopters.
© Parcs Canada
Parcs Canada a reçu une mise à jour de la situation : les conditions météorologiques n’avaient pas changé, et le jeune homme était toujours agrippé à la paroi alpine. L’équipe de Parcs Canada a immédiatement procédé à un vol de reconnaissance pour vérifier les conditions météorologiques et l’alimentation électrique. Elle a également établi que le jeune homme pourrait difficilement rester agrippé à la paroi encore longtemps. Les deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs et le pilote ont formulé un plan à bord de l’hélicoptère. L’un des sauveteurs s’est fixé à l’élingue sous l’hélicoptère, qui s’est envolé en direction de la paroi. Le pilote devait s’approcher à moins de 8 m du grimpeur pour que le sauveteur puisse le rejoindre. Après une première tentative où l’hélicoptère l’a placé tout près du grimpeur, le sauveteur a fait savoir au pilote par radio que le terrain était trop instable pour qu’il puisse décrocher l’élingue à cet endroit. Il fallait donc choisir un deuxième emplacement. Le sauveteur a suggéré une saillie pourvue d’un arbre qui se trouvait un peu plus haut à la gauche. Le pilote a doucement manœuvré l’hélicoptère pour déposer le spécialiste sur cette saillie. Une fois l’élingue libérée de sa charge, l’appareil s’est mis à décrire des cercles dans l’attente de l’appel du sauveteur. Entre-temps, le spécialiste de la Sécurité des visiteurs s’est employé à fixer un point d’ancrage, après quoi il a lancé au grimpeur une corde pourvue d’un nœud que celui-ci devait placer sur ses épaules. Le terrain était trop raide et instable pour que le sauveteur puisse rejoindre le grimpeur à pied. À l’aide de techniques faisant appel à des cordes (assurage), le sauveteur a ramené le grimpeur jusqu’à lui. Il l’a ensuite placé à l’intérieur d’une combinaison spéciale pouvant être fixée à l’élingue de l’hélicoptère. Toujours conscient du temps qui filait, le spécialiste a reconfiguré le point d’ancrage et créé un système détachable, la paroi étant trop abrupte pour qu’il soit possible d’y rester sans s’accrocher à un dispositif d’ancrage. Après avoir rappelé l’hélicoptère, il s’est fixé à l’élingue avec le grimpeur et a quitté la paroi rocheuse sans plus tarder. Le jour diminuant rapidement, le pilote a dû manœuvrer avec une visibilité très réduite. Il a déposé le sauveteur et le grimpeur en sécurité à l’aire de rassemblement à peine quelques minutes avant l’obscurité totale.
© Parcs Canada
Analyse
Bien souvent, les grimpeurs sont tentés de prendre des raccourcis en terrain raide, surtout à la descente. En l’occurrence, le grimpeur s’est obstiné à poursuivre son chemin sur du terrain de difficulté relativement élevée, et il n’est pas revenu sur ses pas. Lorsqu’il s’est retrouvé coincé, il a pris la bonne décision en s’arrêtant et en appelant à l’aide. En pareille situation, il vaut mieux rebrousser chemin que de poursuivre sa route sur du terrain de plus en plus escarpé.
Alpinistes blessés dans une avalanche sur le mont Diadem, parc national Jasper, le 6 juillet 2011
Le 5 juillet, D.T. et K.D. ont entrepris une randonnée sur le versant sud-est du mont Diadem. Ils avaient l’intention d’y camper et d’escalader la montagne le lendemain. Le temps était chaud et ensoleillé. En route, les deux alpinistes ont remarqué plusieurs grosses avalanches naturelles de neige sans cohésion. Le lendemain matin, ils ont quitté leur camp à 5 h sous un ciel toujours chaud et ensoleillé. À 50 m en aval de leur destination, ils ont rebroussé chemin après avoir vu une grosse corniche perchée sur le sommet. En outre, des avalanches commençaient à se déclencher dans les secteurs avoisinants.
Vers 15 h, les deux alpinistes étaient presque rendus à leur camp lorsqu’ils ont été happés par une grosse avalanche de neige humide d’environ 50 cm d’épaisseur et 150 m de largeur. Ils ont culbuté sur une distance de 200 m, et la force de l’impact a provoqué la rupture de la corde de 8,2 mm qui les reliait. Leur chute s’est terminée au-dessus des débris. K.D. éprouvait de fortes douleurs dans le bas du dos, à la cheville et au genou, tandis que D.T. avait mal à l’avant-bras et au genou. K.D. a commencé à marcher lentement jusqu’au camp. Plus mobile, D.T. s’est rendu jusqu’à la route pour demander une évacuation.
À son arrivée à la route, D.T. s’est rendu compte qu’il avait laissé ses clés dans la tente. Il a donc dû faire de l’autostop. Rendu au poste Sunwapta, il a frappé à quelques portes, mais il n’y avait personne. L’alpiniste a poursuivi sa route jusqu’à Jasper, et il est arrivé au détachement de la GRC à 20 h 30 pour signaler l’incident. Il a indiqué que, lorsqu’il a quitté K.D., celui-ci boitait lentement en direction du camp. La nuit était maintenant presque tombée, et les conditions météorologiques se détérioraient, excluant toute possibilité d’intervention en hélicoptère. D.T. a été admis à l’hôpital et a obtenu son congé peu après – il avait subi une foulure au genou et des brûlures à la peau causées par le frottement et la rupture de la corde enroulée autour de son avant-bras. Le lendemain matin dès l’aube, le personnel de la Sécurité des visiteurs s’est envolé à la recherche de K.D., qui se trouvait dans sa tente. L’alpiniste évacué a obtenu son congé de l’hôpital le même jour. Il souffrait de foulures au genou et à la cheville ainsi que d’ecchymoses dans la région lombaire – une blessure probablement causée par le mouvement brusque du harnais lors de la rupture de la corde.
© Parcs Canada / G. Lemke
Analyse
D.T. et K.D. ont tous deux avoué qu’ils étaient partis trop tard, compte tenu de leur objectif et des conditions météorologiques. De plus, ils n’ont pas accordé suffisamment d’importance aux avalanches naturelles observées pendant la randonnée. En outre, les alpinistes ont choisi un parcours surplombé d’une grosse corniche. Ils ont rebroussé chemin après avoir observé d’autres avalanches dans le secteur, mais il était déjà tard, et ils devaient descendre la paroi sud de la montagne. Par ailleurs, D.T. est passé près de plusieurs téléphones payants en route vers la ville.
Les deux alpinistes avaient de l’équipement approprié, mais ils ont commis de graves erreurs – ils sont partis tard, n’ont pas modifié leur itinéraire en fonction des conditions, n’ont pas prévu que les conditions météorologiques changeraient les conditions du manteau neigeux et ont choisi une voie d’escalade dominée par une corniche. En outre, le fait d’avoir un plan d’urgence, par exemple de connaître l’emplacement des téléphones les plus proches, de savoir qui téléphoner, de transporter un dispositif de communication et de laisser une clé de rechange dans le véhicule, aurait pu faciliter et accélérer de beaucoup l’évacuation de K.D. Il semble que l’avalanche ait été déclenchée par la rupture d’une corniche au sommet du parcours.
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