Restauration de l’Aster du golfe Saint-Laurent
Parc national Kouchibouguac
Aster (Symphyotrichum laurantianum)
Statut LEP : Menacée
L'aster du golfe du Saint-Laurent est une plante côtière annuelle petite et fragile que l'on trouve sur le sable ou la boue saumâtre dans les dunes, dans les marais salés abrités ou sur les plages de sable dans les criques protégées. Bien qu'elle puisse atteindre des tailles allant jusqu'à 40 cm, cette espèce souvent peu visible ne mesure généralement que 3 à 5 cm de hauteur. L’aster du golfe du Saint-Laurent a des feuilles allongées et lisses, avec des petits capitules blanchâtres à rosâtres, et produit des fruits secs appelés akènes. Tout comme ceux des pissenlits, ces akènes portent chacun une touffe de poils fins et blanchâtres qui les aident à se disperser par le vent.
L'aster du golfe du Saint-Laurent est rare et entièrement endémique du sud du golfe du Saint-Laurent, ce qui signifie qu'il ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. Il n'a été documenté qu'aux Îles-de-la-Madeleine (Québec), le long de la rive est du Nouveau-Brunswick et sur la rive nord de l'Île-du-Prince-Édouard. La plupart des occurrences de l'espèce se trouvent aux Îles-de-la-Madeleine, avec seulement quelques petites populations encore connues dans les provinces maritimes. Les données d'enquête indiquent qu'une partie importante des populations a disparu au cours des dernières décennies, y compris la moitié de toutes les occurrences signalées au Nouveau-Brunswick. En raison de son extrême rareté et de son déclin récent, l'espèce est actuellement considérée comme menacée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et est protégée au niveau fédéral en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) depuis 2005.
Habitat
Toutes les populations connues d’aster du golfe Saint-Laurent se trouvent dans les habitats côtiers, incluant les rivages de lagunes, les dépressions entre les dunes, ainsi que les régions sèches de marais salés. Cette plante annuelle croît dans les sols humides, principalement sablonneux, généralement sur un terrain en pente douce juste au-dessus de la ligne des hautes eaux dans les zones à végétation clairsemée. Il est assez spécialisé dans son habitat et ne résiste pas bien à une exposition fréquente au sel, à la sécheresse ou à la concurrence d'autres espèces. Essentiellement, cette plante joue un jeu dangereux : elle ne tolère pas les vagues de tempête et les inondations d'eau salée, mais compte sur elles pour créer son habitat préféré de rivage sablonneux humide ouvert.
Menaces
L'élévation du niveau de la mer et l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des tempêtes liées au changement climatique constituent la menace la plus importante pour cette plante. Des tempêtes violentes peuvent transformer les habitats côtiers au point où l'habitat idéal devient complètement inadéquat. L'aménagement du littoral a également causé d'importantes pertes d'habitat dans le passé. La perte documentée d'occurrences connues et le déclin prononcé de la population soulignent l'importance de poursuivre les efforts de prospection, de surveillance et de restauration dans la conservation de l'espèce.
Efforts de réintroduction
Le parc national Kouchibouguac abritait autrefois l'aster du golfe du Saint-Laurent. En fait, depuis la fin des années 1970, l'espèce a été découverte à trois endroits distincts dans le parc. Cependant, une série de fortes tempêtes d'automne au début des années 2000 ont radicalement modifié les sites de population connus, les rendant en grande partie inadéquats. Malgré des recherches annuelles intensives sur plus d'une décennie, en 2015, l'espèce a finalement été déclarée non présente dans le parc.
En 2016, le Parc national Kouchibouguac, en collaboration avec le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique et l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard, a monté un projet de deux ans axé sur la réintroduction de l'espèce grâce à l'utilisation de semences et de transplantations produites en serre. Plus précisément, le projet visait à fournir des réponses aux questions suivantes : (1) L'habitat convenable est-il toujours présent dans le parc?, et (2) La réintroduction de l'espèce dans le Parc national Kouchibouguac est-elle faisable et rentable?
Des sites d'habitat convenables ont été identifiés et de nombreuses parcelles d'ensemencement et de transplantation ont été établies en 2016 et 2017. Cinquante-cinq pour cent des parcelles d'ensemencement étaient productives l'année de l'ensemencement et 16 % des parcelles ont toujours produit un nombre important d'individus sur une période de trois ou quatre -période. De 2016 à 2019, il a été confirmé que les parcelles d'ensemencement ont produit un total d'environ 5500 individus qui ont atteint la maturité reproductive avec succès. La survie des plantules était en moyenne de 72 % dans les parcelles de transplantation; sur tous les sites, environ 620 individus transplantés ont réussi leur cycle de vie.
Nos résultats prouvent que le parc contient encore un habitat adapté à l'espèce et qu'une réintroduction est en effet réalisable. Après 12 ans d'absence, une population autosuffisante semble s'être rétablie dans le Parc national Kouchibouguac! Les connaissances acquises grâce à ce projet éclaireront les futurs efforts de rétablissement dans le parc et potentiellement dans toute l'aire de répartition de l'espèce.
Le saviez-vous?
L'aster du golfe du Saint-Laurent se trouve exclusivement dans une poignée de sites au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard, et aux Îles-de-la-Madeleine (Qc). C’est l’une des rares espèces végétales à avoir vu le jour dans cette partie du monde après le retrait des glaciers il y a environ 10 000 ans. En fin de compte, le sort de cette espèce unique est étroitement lié à la façon dont l'élévation du niveau de la mer et le changement climatique se dérouleront dans la région.
Protection de l'aster du golfe du Saint-Laurent à Kouchibouguac
Liens connexes
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