Surveillance des chauves-souris
Parc national Kouchibouguac
La petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus)
La chauve-souris nordique (Myotis septentrionalis)
La chauve-souris tricolore (Perimyotis subflavus)
Nom Mi’gmaq (chauve-souris) : Na’jipugtaq’nej
Statut LEP : En voie de disparition
Les chauves-souris sont des animaux nocturnes appartenant au groupe taxonomique des chiroptères (chiro : « main », ptera : « ailes »). De bien des façons, les chauves-souris sont des mammifères typiques : elles ont le sang chaud, donnent naissance à des petits entièrement formés et les allaitent. C’est leur capacité de voler qui les différencie de tous les autres mammifères.
Au fil de l’évolution, ces animaux fascinants se sont adaptés à la vie nocturne et ont développé un sens auditif aigu afin de complémenter leur vision nocturne; c'est pourquoi elles ont de si grandes oreilles lorsqu’on les compare à la taille de leur petite tête. En conjonction avec leur audition sensible, les chauves-souris ont également développé la capacité d’émettre de courts clics aigus (ultrasons inaudibles à l'oreille humaine) qui rebondissent sur les objets comme un écho, les guidant pour éviter des obstacles et des prédateurs ou attraper une proie en plein vol. On nomme cette aptitude l'écholocalisation.
L'une des principales menaces des chauves-souris en hibernation en Amérique du Nord est une infection fongique connue sous le nom de syndrome du museau blanc (SMB). La maladie est caractérisée par une croissance fongique blanche sur muselières, oreilles et/ou membranes alaires des chauves-souris touchées. Il provoque le réveil des individus pendant les mois d'hiver, alors qu'ils devraient être en hibernation profonde; les individus infectés meurent de faim et gèlent à cause de cela. On pense que le champignon responsable du SMB a été introduit d'Europe, d'où il est probablement originaire (les chauves-souris européennes y sont beaucoup moins sensibles et sont donc soupçonnées d'avoir coévolué avec la maladie).
En Amérique du Nord, le SMB a été découvert pour la première fois dans l'État de New York en 2006 et s'est propagé rapidement au cours des dix dernières années et demie sur une grande partie du continent, probablement grâce à l'activité humaine. Il a été détecté pour la première fois au Canada en 2009 et est présent au Nouveau-Brunswick depuis 2011. Dans les deux ans suivant son établissement sur les sites d'hibernation (appelés hibernacles), il a été démontré que la maladie entraîne une mortalité grave chez certaines espèces de chauves-souris (en particulier les espèces hibernant dans des grottes), entraînant un déclin de la population de 75 à 95 %. En réponse à la propagation rapide du SMB et au déclin drastique de certaines espèces de chauves-souris, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a mené des évaluations de l'état d'urgence en 2013, entraînant l'ajout de trois espèces de chauves-souris à la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral.
Le Parc national Kouchibouguac abrite sept espèces de chauves-souris différentes, dont trois sont particulièrement sensibles au SMB et ont été désignées en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. Bien que le parc ne contienne pas de sites d'hivernage pour ces espèces hibernant dans des grottes, il détient un habitat d'été suffisant et un approvisionnement alimentaire abondant. La petite chauve-souris brune, comme son nom l'indique, est une petite chauve-souris brune aux oreilles, ailes et queue plus foncées. La chauve-souris nordique à longues oreilles est assez similaire en termes de taille et de couleur, mais se distingue par la taille de ses oreilles, qui sont à peu près le double de la taille des oreilles de la petite chauve-souris brune. La chauve-souris tricolore est la plus petite de nos trois espèces protégées, ne pesant généralement que 5 à 8 grammes (environ aussi lourde qu'un huard!). De loin, sa fourrure a une couleur jaunâtre à brun grisâtre. Le nom commun de l'espèce fait référence à ses poils tricolores qui, après un examen plus approfondi, montrent des bandes distinctes sur toute leur longueur (une base sombre, un milieu brun plus clair et une pointe brun jaunâtre).
En plus du SMB, nos espèces de chauves-souris protégées sont également menacées par la perte d'habitat, l'utilisation d'insecticides à grande échelle et les éoliennes. Malheureusement, les colonies établies dans les bâtiments sont encore communément considérées comme une nuisance et sont parfois éradiquées intentionnellement ou accidentellement.
Cycle de vie
- Printemps – Gestation
Au printemps, les femelles quittent les mâles dans l’hibernacle et se regroupent en colonies de maternité à l’intérieur de bâtiments ou d’arbres à grands diamètres. La période de gestation peut varier entre 44 et 60 jours, selon l’espèce. Le fait de se blottir les unes contre les autres accélère la croissance de l’embryon. - Été – Élevage des petits
Les deux myotis mettront bas un seul petit, parfois deux chez la pipistrelle de l’est. Grâce au riche lait maternel, les petits grandissent rapidement et seront sevrés à un peu plus d’un mois. Même s’ils atteignent leur taille adulte, les petits vont demeurer avec leur mère jusqu’à la fin de l’été, apprenant à voler, à chasser et à trouver des gîtes pour l’hiver. - Automne – Accouplement et migration
Les trois espèces protégées de chauves-souris convergent en masse dans les mines et cavernes à l’automne pour s’accoupler avant d’hiberner. Les espèces migratrices s’envolent vers le sud, à des endroits plus chauds. La plupart des espèces de chauves-souris reviendront sur les mêmes sites de repos chaque année. - Hiver – Hibernation
Pendant l’hiver, les trois espèces se rassemblent et nichent souvent ensemble dans des endroits froids et humides dans des grottes or des mines (que l’on nomme « hibernacles »). Durant l’hibernation, les chauves-souris survivent grâce aux réserves de graisse emmagasinées pendant l’été et l’automne. En abaissant leur température corporelle à celle de leur environnement (oscillant entre 3°C et 6°C), les chauves-souris réduisent leur métabolisme de 96 %!
En 2015 et 2016, l'équipe de conservation des ressources du parc a déployé des enregistreurs acoustiques capables d'enregistrer les ultrasons émis par les chauves-souris sur un total de 34 sites dans le parc. Les sites de relevé ont été délibérément dispersés pour capturer divers habitats dans différentes zones géographiques du parc, y compris l'avant-pays et les régions plus éloignées. Le personnel a récemment analysé chaque appel de chauve-souris enregistré pour identifier les espèces qui les émettent. Nos résultats fournissent des preuves de la présence de sept espèces dans la région. Plus particulièrement, le projet a fourni la première documentation de la chauve-souris tricolore en voie de disparition dans le Parc national de Kouchibouguac. En comparant avec les résultats des études antérieures menées avant l'arrivée du SMB dans la région, les données récemment collectées aideront à identifier les tendances de la distribution et de l'abondance.
Le Parc national Kouchibouguac a également adopté une série de pratiques gagnantes applicables lors d’inspections de bâtiments, permettant aux employés de détecter la présence de chauves-souris ou de gîtes potentiels. De plus, avant d’entreprendre un projet de rénovation ou de construction, le parc doit respecter les consignes de la Réserve du ciel étoilé afin de limiter la pollution lumineuse et bénéficiant à la faune nocturne. L'analyse des enregistrements de chauves-souris est actuellement en cours, mais a déjà confirmé la présence d'au moins six espèces différentes, dont trois de nos espèces protégées touchées par le syndrome du museau blanc: la petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique et la pipistrelle de l’est. Ce sont des résultats encourageants.
Faits amusants
- Les chauves-souris sont parmi les principaux prédateurs naturels des insectes volants et peuvent absorber plus de 50 % de leur poids total en papillons de nuit, scarabées et moustiques par nuit! Elles sont aussi les seuls mammifères capables de voler véritablement.
- La maman chauve-souris s’envole parfois avec son petit naissant. Le nouveau-né s’agrippe à la mamelle de sa mère par la bouche et s’accroche à la taille avec ses orteils. Tiens bon petit! grâce à leurs « mains ailées ».
Écoutez la chauve-souris
En complément
Téléchargez la brochure CHAUVE-SOURIS : Un regard sur nos espèces en péril en version PDF (7 Mo)
- Date de modification :