Rétablissement des estuaires côtiers
Parc national et lieu historique national Kejimkujik
Opération crabe vert au parc national Kejimkujik Bord de mer
Le cadre
Le secteur Kejimkujik Bord de mer, sur la côte de l’Atlantique, protège une diversité exceptionnelle de communautés et de milieux côtiers très proches les uns des autres. Deux estuaires hautement fertiles, l’un bordant la plage de la rivière St. Catherines, et l’autre, la plage Little Port Joli, abritent une riche diversité d’invertébrés qui servent de proies aux oiseaux résidents et aux oiseaux migrateurs ainsi qu’à tout un éventail d’espèces marines commerciales et non commerciales.
La situation
En 2007, Parcs Canada et ses partenaires se sont rendu compte que l’état de santé de l’écosystème des estuaires côtiers s’était rapidement détérioré sur une très courte période. Il se passait quelque chose sous l’eau; une menace pesait sur les plantes et les animaux marins, surtout sur les herbiers de zostère marine. Les superficies occupées par la zostère dans l’estuaire Port Joli avaient diminué de façon très marquée : en 2010, il ne restait plus que 2 % des herbiers de zostère correspondant aux niveaux de référence (1987).
Le prédateur
Une population surabondante de crabes verts, une espèce envahissante, avait colonisé les eaux du secteur.
Le crabe vert est apparu en Nouvelle-Écosse après avoir migré de l’Est des États-Unis. Issu d’Europe et d’Afrique du Nord, il a été introduit dans les eaux locales au cours des années 1980, probablement par les eaux de lest des navires. Le crabe vert est une espèce robuste qui tolère très bien les eaux froides de l’Atlantique.
Les victimes
La zostère marine rend des services écologiques importants dans les eaux littorales. Elle est souvent considérée comme une « espèce clé » en raison de sa capacité d’enrichir la biodiversité et d’accroître la productivité dans des herbiers denses. La zostère sert de pouponnière à des invertébrés et à de jeunes poissons, dont de nombreuses espèces commerciales importantes pour la région de l’Atlantique.
Les dommages causés à la zostère ont manifestement eu de graves effets sur la mye commune, normalement présente en grand nombre dans ces eaux. Il devrait généralement y avoir 10 000 jeunes myes pour chaque adulte. Dans le secteur Kejimkujik Bord de mer, ces chiffres étaient inversés, les myes adultes étant bien plus nombreuses que les jeunes. Le personnel de Parcs Canada a également observé une baisse du nombre d’oiseaux de rivage, parce que le crabe vert était en train de décimer les myes communes qui leur servent habituellement de proies.
La bataille décisive
Grâce à un partenariat local, à une bonne dose de créativité et à la puissance du bénévolat, Parcs Canada efface peu à peu les traces de la dévastation et rétablit l’écosystème.
Parcs Canada s’emploie à réduire les dommages en retirant les crabes verts des eaux côtières. Il effectue ce travail à la main, en utilisant une chaloupe traditionnelle et des casiers innovateurs conçus par des pêcheurs locaux. Avec ces méthodes, le personnel et les bénévoles ont déjà retiré des eaux près de deux millions de crabes verts depuis 2010! La même équipe dévouée s’affaire maintenant à replanter de la zostère dans les eaux où le crabe est maintenant absent.
Chaque année depuis 2010, Parcs Canada et ses partenaires rétablissent la zostère sur environ 10 % de sa superficie originale dans l’estuaire Little Port Joli. Les travaux de surveillance effectués en 2015 révèlent un taux de rétablissement très impressionnant de 34 % de la superficie originale des herbiers. En outre, le personnel assiste maintenant au retour de la bernache du Canada et de divers invertébrés marins indigènes, qui n’ont jamais été aussi nombreux dans le secteur Kejimkujik Bord de mer depuis une bonne décennie.
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