Lieu historique national de l’Ancien-Pensionnat-Indien-de-Shingwauk

Le système des pensionnats autochtones est un sujet pouvant causer des traumatismes évoqués par des souvenirs d’abus passés. Le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité d’établir des mesures de sécurité afin de minimiser le risque de déclencher une réaction à l'évocation de violences passées. Une ligne d’écoute téléphonique des pensionnats autochtones a été établie au niveau national pour apporter du soutien aux anciens élèves des pensionnats. Vous pouvez obtenir de l’information sur le site Web ou accéder en tout temps à des services de soutien affectif et d’aiguillage en situation de crise en composant le : 1-866-925-4419.

Grand bâtiment
L’ancien pensionnat indien de Shingwauk
© Parcs Canada / Nathalie Ouellette

L'ancien pensionnat indien de Shingwauk a été désigné lieu historique national en 2021.

Plaque commémorative : Pas de plaque installéeFootnote 1

Désignation proposée par le Shingwauk Residential Schools Centre

L’ancien pensionnat indien de Shingwauk se situe à Sault Ste. Marie (Ontario) sur le territoire visé par le traité Robinson-Huron, territoire traditionnel des Anishinaabe et des Métis, à l’emplacement du campus actuel de l’Université Algoma et de la Shingwauk Kinnomaagee Gamig (l’Université Shingwauk). La demande de désignation pour ce site a été présentée à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada par le Shingwauk Residential Schools Centre (SRSC). Parcs Canada, la Children of Shingwauk Alumni Association et le SRSC ont collaboré pour déterminer les valeurs historiques de cet ancien pensionnat puis ont codéveloppé un rapport à l’intention de la Commission portant sur les expériences des élèves et l’histoire du pensionnat.

Rendons hommage aux survivants de Shingwauk

Les sœurs Jackie Fletcher et Shirley Horn racontent leurs expériences en tant que survivantes du pensionnat de Shingwauk. Cette vidéo est une collaboration entre le Shingwauk Residential Schools Centre de l’Université Algoma et Parcs Canada.

Transcription

[TEXTE]

La présente vidéo traite de sujets susceptibles de provoquer des traumatismes en rappelant des souvenirs d’abus passés. Une ligne d’écoute téléphonique sur les pensionnats autochtones a été mise en place pour offrir un soutien aux anciens élèves des pensionnats et à leurs proches 24 heures sur 24.

N’hésitez pas à composer le 1-866-925-4419 pour accéder à des services de soutien affectif ou d’aiguillage en situation de crise.

[À travers la brume apparaît la façade de Shingwauk Hall, à l’Université Algoma.]

[TEXTE]

Lieu historique national de l’Ancien-Pensionnat-Indien-de-Shingwauk

Territoire visé par le Traité Robinson-Huron

Sault Ste. Marie (Ontario)

La propriété se trouve sur le territoire visé par le Traité Robinson-Huron, patrie traditionnelle des Anishinaabe et des Métis.

(JACKIE FLETCHER)

Quand je suis arrivée c’était en 1959 et j’avais 14 ans, je suis arrivée avec ma petite sœur, June, qui, elle, avait 9 ans.

[Photo d’archives montrant des enfants au pensionnat indien de Shingwauk assis en cercle sur le sol, une deuxième photo d’archives montre un groupe d’élèves devant l’entrée principale du pensionnat.]

(JACKIE FLETCHER)

C’était très traumatisant pour moi parce que je n’avais jamais vu un bâtiment gros comme ça, et de franchir ces portes, de les entendre se refermer derrière moi, c’était vraiment traumatisant.

[Vue captée par drone du pensionnat indien de Shingwauk dans la brume, le drone se dirige ensuite vers l’entrée du bâtiment.]

(JACKIE FLETCHER)

Je m’appelle Jackie Fletcher, mon nom en cri est [femme oiseau qui chante], et signifie « femme oiseau qui chante ». C’est un homme de médecine de Garden River qui me l’a donné. Encore aujourd’hui, je ne suis pas trop certaine de ce que ça veut dire, mais il dit qu’un nom t’est donné et tu finis par comprendre pourquoi. Donc, je ne sais pas si c’est parce que je chante à propos de Shingwauk, si c’est ce que ça veut dire.

[Une autre vue captée par drone de Shingwauk Hall, le bâtiment principal du pensionnat indien de Shingwauk, lors d’une soirée brumeuse.]

(SHIRLEY HORN)

J’ai d’abord été au pensionnat de Chapleau, en canot, parce qu’on habitait en aval de là, par la rivière.

On m’a laissée là, à cet immense bâtiment en pierre. C’était très traumatisant pour moi.

[Photos d’archives montrant des familles autochtones se déplaçant en canot, suivies de photos d’archives du pensionnat de Chapleau.]

(SHIRLEY HORN)

Parce que je savais à quoi m’attendre, je n’ai pas eu un trop gros choc en arrivant au pensionnat de Shingwauk. J’imagine que rendue à 7 ans j’avais appris à l’accepter; et à suivre les règles aussi.

[Vue de la façade de Shingwauk Hall dans la brume. Apparaît ensuite à l’écran l’image de l’emploi du temps quotidien d’un élève au pensionnat de Shingwauk.]

(SHIRLEY HORN)

Et c’est seulement plus tard dans ma vie que j’ai vraiment réfléchi à quel était le plan et à quel point il était bien conçu et exécuté par le gouvernement et les Églises.

[Photo d’archives montrant des élèves assis à des tables en train d’étudier.]

(SHIRLEY HORN)

Je m’appelle [femme de l’aube nouvelle], c’est mon nom en cri. Il signifie « femme de l’aube nouvelle », et je me nomme Shirley Horn.

[Vue captée par drone de la façade de Shingwauk Hall dans la brume qui se transforme en une vue de l’intérieur du bâtiment donnant sur les portes d’entrée.]

(JACKIE FLETCHER)

Quand on a franchi la porte d’entrée avec ma petite sœur, elle n’avait jamais été séparée de notre famille, et c’est ce qu’ils ont fait dès notre arrivée, ils l’ont séparée de moi et l’ont traînée dans le corridor pendant qu’elle pleurait.

C’était vraiment difficile. Et le seul moment où je pouvais la voir, c’était aux repas; les étudiantes plus âgées étaient assises à une extrémité de la salle et les petites à l’autre extrémité, et elle se tenait debout pour me chercher du regard, et chaque fois qu’elle me voyait elle se mettait à pleurer. C’est ce qu’ils faisaient, ils vous séparaient.

[Vue de la façade de Shingwauk Hall dans la brume.]

(SHIRLEY HORN)

Les communautés ont beaucoup souffert. Une journée, vous avez vos enfants et, du jour au lendemain, tous les enfants de la communauté sont partis.

[Des photos d’archives sont présentées à l’écran. La première est une photo de classe sur laquelle les élèves posent sur les marches à l’avant de Shingwauk Hall. La seconde est celle d’un groupe d’élèves à l’extérieur. On voit ensuite un bout de la clôture contemporaine du cimetière de Shingwauk à laquelle sont fixés des mocassins d’enfant.]

(SHIRLEY HORN)

Les adultes se sont retrouvés dans une situation très difficile en ce sens qu’ils ne pouvaient plus être des mères et des pères, et les grands-parents ont particulièrement souffert. Les petits-enfants n’étaient plus là. C’est un sujet dont on parle rarement, les effets sur la communauté.

[Vue captée par drone de la façade de Shingwauk Hall dans la brume, suivie d’une transition à une journée ensoleillée.]

(JACKIE FLETCHER)

En 1981, nous avons eu nos premières retrouvailles, et c’était vraiment plaisant. On voulait juste revoir tout le monde et savoir ce qui se passait dans la vie de chacun. Parce que les autres élèves devenaient notre famille pendant qu’on était ici, c’était donc comme revoir des membres de la famille.

[Photo d’anciens élèves lors des retrouvailles de 1981.]

(SHIRLEY HORN)

Pour ces premières retrouvailles, plus de 300 des anciens élèves sont revenus.

[Photo du panneau de bienvenue aux retrouvailles, suivie de photos de participants.]

C’était un moment joyeux, nous avons parlé de notre vie à Shingwauk et aussi de ce qu’on avait fait depuis, de la famille que nous avions élevée, et d’autres choses. On a échangé beaucoup de renseignements à ces premières retrouvailles.

[D’autres photos des retrouvailles sont présentées.]

(JACKIE FLETCHER)

Et puis, il y a eu d’autres retrouvailles, dix ans plus tard, en 1991, et j’ai eu tout un choc parce que je ne m’étais pas rendu compte que tant d’abus avaient été commis. Je n’ai pas vu grand-chose quand j’étais là. J’ai été au pensionnat seulement 2 ans.

[Vue captée par drone au-dessus de Shingwauk Hall.]

(SHIRLEY HORN)

On a organisé des cercles, qui font partie de la culture, et qu’on avait entrepris de réintroduire pour nos groupes et notre peuple et d’autres, puis des histoires ont commencé à être racontées parce qu’un cercle est un lieu très très fort et spirituel.

[D’autres photos des retrouvailles sont présentées.]

Les gens étaient sous le choc, les gens pleuraient, ce sont des retrouvailles assez émouvantes que nous avons eues cette fois-là. Dès cet instant, nous avons su qu’il fallait faire quelque chose. C’est comme ça que nous avons décidé de créer notre groupe, la Children of Shingwauk [Alumni Association].

[Jackie Fletcher et Shirley Horn marchent dans un corridor de Shingwauk Hall dont les murs sont ornés de panneaux d’interprétation.]

(JACKIE FLETCHER)

Tout le travail que nous avons fait depuis quarante ans, les générations qui nous suivent n’y prennent pas part et n’en parlent pas.

[On voit un plan rapproché des mots anglais « Missing evidence » et « …to Residential School » sur des panneaux d’interprétation, puis d’autres photos des retrouvailles sont présentées pendant que Jackie parle.]

C’est quelque chose qui est vraiment difficile à amorcer. C’est pourquoi je travaille si fort pour la Children of Shingwauk Alumni Association. Je veux que cette histoire soit racontée par notre peuple, mais maintenant nous ne sommes plus autant à pouvoir le faire, nombreux sont ceux qui ont quitté cette terre. Et nous avons une passion pour ce travail parce que nous l’avons vécue cette expérience.

[Vue de Shingwauk Hall captée par drone sur laquelle sont superposés les mots suivants.]

[TEXTE]

L’ancien pensionnat indien de Shingwauk est désigné lieu historique national en avril 2021.

(SHIRLEY HORN)

Le fait que Shingwauk ait été désigné un lieu historique au Canada est très, très important. Nous sommes très chanceux que l’école soit encore debout et nous avons reconnu ce fait assez tôt lorsque nous nous sommes réunis la première fois.

[Pendant que Shirley parle, on voit d’autres images de Shingwauk Halls captées par drone, des photos prises lors des retrouvailles et des objets exposés à Shingwauk Hall.]

Nous avons réussi comme groupe et avec les nombreuses personnes qui nous ont aidés, les personnes qui ont travaillé avec nous au fil des ans et qui ont cru en notre vision, qui ont cru en notre rêve, pour faire de cet endroit, pas seulement un lieu commémoratif, mais un endroit vers où les gens peuvent se tourner pour élargir leurs horizons en matière de connaissances, un endroit où les gens sont présents où ils viennent et s’arrêtent et cherchent la guérison.

(JACKIE FLETCHER)

J’étais très heureuse de voir Parcs Canada désigner le pensionnat comme lieu historique national.

[Pendant que Jackie parle, on voit des images captées par drone de Shingwauk Hall et des terrains de l’Université Algoma.]

Nous avons besoin que les Canadiens sachent, pas seulement les Canadiens, mais le monde entier doit savoir ce qui s’est passé ici au Canada. Cela fait partie du processus de vérité et de réconciliation, que la vérité se dévoile de cette façon.

[Scènes montrant un banc commémoratif et des éléments de l’exposition présentée à Shingwauk Hall.]

(SHIRLEY HORN)

C’est l’endroit où repose la mémoire des enfants et aussi les souvenirs écrits et ils sont ici, ils sont ici pour être vus, ils sont ici pour être racontés, ils sont là comme un outil qui peut aider à comprendre les traumatismes qui ont été vécus dans les pensionnats.

[On voit des objets de l’exposition présentée à Shingwauk Hall, puis des images de Shingwauk Hall captées par le drone, qui s’éloigne du campus.]

[TEXTE]

Nous sommes profondément reconnaissants de la participation de Shirley Horn et de Jackie Fletcher, sœurs et survivantes du pensionnat de Shingwauk.

[TEXTE]

Cette vidéo a été réalisée grâce à la collaboration du Shingwauk Residential Schools Centre de l’Université Algoma et de Parcs Canada.

[TEXTE]

Parcs Canada soutient les efforts faits par les survivants et les communautés pour commémorer les pensionnats.

Renseignements : parcs.canada.ca/pensionnat

[TEXTE]

Sources des photos

Les photos d’archives présentées dans la vidéo proviennent des archives du Shingwauk Residential School Centre de l’Université Algoma et leur utilisation a été autorisée.

GÉNÉRIQUE DE FIN

LOGO DE PARCS CANADA

MOT-SYMBOLE DU GOUVERNEMENT DU CANADA

Le système de pensionnats autochtones

Établi en 1875 par l’Église anglicane, le pensionnat de Shingwauk fait partie du système de pensionnats indiens soutenu par le gouvernement canadien et certaines églises et organisations religieuses qui, dans un effort concerté et délibéré, visent à assimiler les enfants autochtones, les convertir au christianisme et les isoler de leurs familles, de leur culture, de leur langue et de leurs traditions. Le pensionnat est administré par le gouvernement fédéral à partir de 1935, mais demeure sous la gestion de l’Église anglicane jusqu’en 1969. Le gouvernement fédéral en aura l’entière responsabilité jusqu’à sa fermeture en 1970.

Le pensionnat doit son nom à l’éminent chef anishinaabe Shingwaukonse dont la vision d’une école où les élèves anishinaabe pourraient acquérir des connaissances et habiletés européennes qui leur permettraient de s’épanouir dans une société évoluant rapidement avait déjà mené à la création d’autres écoles dans la région. Au cours de ses 96 années d’existence, soit de 1875 à 1970, le pensionnat de Shingwauk ne conserve toutefois du chef Shingwaukonse que son nom, car sa véritable vision est perdue.

Le site et le bâtiment

Construit en 1934-1935 pour remplacer le bâtiment d’origine datant de 1875, Shingwauk Hall, est l’un des derniers édifices ayant servi de pensionnat indien qui subsiste toujours au Canada. De plus, le site du pensionnat est l’un des rares qui existent encore aujourd’hui. Ce dernier se compose d’un ensemble notable d’éléments bâtis et de paysages préservés qui témoigne de la longue histoire des pensionnats au Canada, notamment le cimetière commémoratif Shingwauk (1876), la chapelle commémorative de l’évêque Fauquier (1883), le bâtiment Shingwauk Hall (1934-35), lequel constitue le bâtiment principal du site, l’ancienne résidence du directeur (1935), l’ancien atelier de menuiserie (1951) et l’école publique Anna McCrea (1956).

Les mauvais traitements infligés aux élèves

Plus de mille enfants autochtones de l’Ontario, du Québec, des Prairies et des Territoires du Nord-Ouest fréquentent ce pensionnat. Venus par choix ou par obligation, tous les élèves sont soumis chaque jour à un emploi du temps très strict marqué par des tâches d’entretien, une discipline sévère et des abus, du travail pénible et de la négligence émotionnelle. Les frères et sœurs sont séparés selon leur sexe et leur âge, et les langues autochtones sont interdites. De nombreux élèves y passent toute leur enfance, et certains ne sont jamais rentrés à la maison. Les séquelles durables des expériences vécues dans les pensionnats ont encore aujourd’hui des répercussions importantes sur les anciens élèves, leurs familles et leur communauté.

Un lieu de reconquête culturelle

Depuis la fermeture du pensionnat de Shingwauk en 1970, le site est utilisé à des fins de réappropriation culturelle et d’éducation. Depuis plusieurs décennies, l’Université Algoma, la Shingwauk Kinnomaagee Gamig, la Children of Shingwauk Alumni Association et leurs partenaires travaillent à restaurer la véritable intention du chef Shingwaukonse et l’essence de sa vision, c’est-à-dire l’éducation et l’apprentissage interculturels, et à réinterpréter le site comme un lieu de guérison et de réconciliation.

Dernière mise à jour de ce document d'information : 2021-05-21

Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

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