Lieu historique national de l’Ancien-Pensionnat-Indien-de- Shubenacadie
Le système des pensionnats autochtones est un sujet pouvant causer des traumatismes évoqués par des souvenirs d’abus passés. Le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité d’établir des mesures de sécurité afin de minimiser le risque de déclencher une réaction à l'évocation de violences passées. Une ligne d’écoute téléphonique des pensionnats autochtones a été établie au niveau national pour apporter du soutien aux anciens élèves des pensionnats. Vous pouvez obtenir de l’information sur le site Web ou accéder en tout temps à des services de soutien affectif et d’aiguillage en situation de crise en composant le : 1-866-925-4419.

© Soeurs de la Charité, Halifax, Archives de la congrégation
L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie a été désigné lieu historique national en 2020.
Plaque commémorative : 47 route Indian School, Shubenacadie, Nouvelle-ÉcosseFootnote 1
Le Pensionnat Indien de Shubenacadie (1929-1967)
De nombreux enfants mi’kmaq, wolastoqiyik et d’autres communautés autochtones sont forcés d’aller à l’unique pensionnat créé par le gouvernement canadien et géré par l’Église catholique dans les Maritimes. L’école s’inscrit dans une politique nationale et coloniale visant à assimiler les élèves en interdisant leurs cultures et leurs langues. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation décrit cette politique comme un génocide culturel. Plusieurs survivants du pensionnat et leurs descendants la qualifient de génocide. La malnutrition, les sévices, le travail des enfants et les abus vécus ici affectent plusieurs générations. Ce lieu témoigne des enfants qui y sont morts et de la résilience des survivants, descendants et défenseurs de la restitution et de la justice.
L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie
L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie était le seul pensionnat autochtone des Maritimes. Construit en 1928-1929 dans le district Sipekni’katik de Mi’kma’ki près du village de Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse, l’édifice principal du pensionnat était situé sur une grande propriété qui comprenait des étables et d’autres bâtiments de ferme, des maisons pour le personnel, des champs cultivés et des pâturages. Le pensionnat a été établi en 1929 et a reçu des élèves de 1930 à 1967. Laissé à l’abandon, l’édifice principal a été démoli en 1986 et une usine se dresse désormais à sa place.
Administré et financé par le gouvernement fédéral, le pensionnat de Shubenacadie a d’abord été géré par l’archidiocèse catholique de Halifax, puis par les missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, tandis que les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul d’Halifax se sont chargées de l’enseignement aux élèves.
Le pensionnat de Shubenacadie faisait partie du système des pensionnats autochtones selon lequel le gouvernement canadien ainsi que certaines églises et organisations religieuses (lien disponible en anglais seulement) travaillaient ensemble afin d’assimiler les enfants autochtones dans le cadre d’un vaste ensemble de mesures visant à détruire les cultures et les identités autochtones et à supprimer leurs histoires. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation a décrit cette politique comme un génocide culturel. Plusieurs survivants du pensionnat de Shubenacadie et leurs descendants la qualifient de génocide.
Des enfants mi’kmaq et wolastoqiyik de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et du Québec ont fréquenté ce pensionnat. Des enfants d’autres communautés autochtones y ont également été envoyés. Plusieurs d’entre eux étaient contraints de fréquenter l’établissement. Il est difficile d’identifier tous les élèves qui ont été admis à cette école et de déterminer de quelles communautés ils provenaient, car les registres de ce pensionnat, comme ceux des autres pensionnats autochtones, sont incomplets et incohérents.
Les élèves devaient se plier à une routine quotidienne stricte qui les obligeait à effectuer des tâches pénibles pour assurer l’entretien du pensionnat tout en étant confrontés à une discipline sévère, à de la malnutrition, à des soins de santé de piètre qualité, à des expériences nutritionnelles, à de la négligence, à la suppression délibérée de leurs cultures et de leurs langues ainsi qu’à des sévices physiques, psychologiques et sexuels. Certains d’entre eux sont décédés pendant qu’ils étaient au pensionnat.
Dès les premiers jours du pensionnat, les élèves, leurs familles et les dirigeants de la communauté ont exprimé des objections et ont protesté contre tout ce qui s’y rattachait, notamment la fréquentation forcée, les conditions pitoyables, les mauvais traitements et la piètre qualité de l’enseignement. Plusieurs enfants ont lutté contre le système en refusant de renoncer à leur langue et à leur identité. Certains élèves se sont enfuis pour tenter de rentrer chez eux.
Bien que le bâtiment scolaire ait été démoli, le site de l’ancien pensionnat est un lieu de mémoire et de guérison pour certains survivants et leurs descendants qui souhaitent préserver l’histoire des pensionnats autochtones dans les Maritimes. D’autres, pour qui le site ne détient aucune valeur commémorative ou de guérison, considèrent que l’édifice et le site témoignent de l’expérience des enfants qui y résidaient et de l’héritage de ces expériences à travers le Mi’kma’ki. Plusieurs craignent que les répercussions intergénérationnelles de ces expériences sur les survivants, leurs familles et leurs communautés ne soient oubliées. L’histoire du pensionnat de Shubenacadie est très délicate et difficile à reconstituer compte tenu des traumatismes qui y sont associés. De nombreux survivants n’arrivent d’ailleurs toujours pas à parler de leurs expériences.
La demande de désignation de l’ancien pensionnat indien de Shubenacadie a été soumise par le coprésident du groupe de travail sur la culture et le patrimoine du Forum tripartite Mi’kmaq–Nouvelle-Écosse–Canada au nom des survivants du pensionnat de Shubenacadie et de leurs descendants. Parcs Canada et le demandeur ont collaboré pour mettre en lumière les expériences des survivants et déterminer les valeurs historiques du site. Le rapport historique accompagnant la demande de désignation et le texte de la plaque qui ont été soumis à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada ont été préparés par Parcs Canada et le groupe de travail sur la culture et le patrimoine du Forum tripartite Mi’kmaq–Nouvelle-Écosse–Canada. Le gouvernement du Canada a annoncé sa désignation en tant que lieu historique national en vertu du Programme national de commémoration historique le 1er septembre 2020.
Dernière mise à jour de ce document d'information : 2021-09-29
Description du lieu patrimonial
Le lieu historique national du Canada de l’Ancien- Pensionnat-Indien-de-Shubenacadie est situé dans le district Sipekni’katik de Mi’kma’ki, près du village de Shubenacadie, en Nouvelle Écosse. Construit en 1928 1929, le bâtiment scolaire a reçu des élèves de 1930 à 1967, avant d’être démoli. Il s’agissait d’un imposant bâtiment en brique rouge de trois étages de style classique moderne, conçu selon un plan symétrique en forme de «¿E¿», avec des dortoirs dans chaque aile latérale et une chapelle dans l’aile arrière. Il se dressait sur une grande propriété qui comprenait des granges et d’autres bâtiments agricoles, des maisons pour le personnel, des champs cultivés et des pâturages.
Le site est laissé à l’abandon en 1967 et demeure inutilisé pendant près de 20 ans. En 1986, un incendie détruit le bâtiment scolaire délabré, et, deux ans plus tard, une usine est construite à sa place. La reconnaissance officielle s’applique à l’enceinte de la propriété de l’usine, même si le site du pensionnat s’étendait bien au-delà de ces limites.
Valeur patrimoniale
L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie a été désigné lieu historique national du Canada en 2020. Il a été reconnu pour les raisons suivantes :
- bien que le bâtiment scolaire ne soit plus en place, le site de l’ancien pensionnat est un lieu de mémoire et de guérison pour certains survivants et leurs descendants qui souhaitent préserver l’histoire des pensionnats indiens dans les Maritimes. D’autres, pour qui le site ne détient aucun statut mémoriel ou potentiel de guérison, considèrent que l’édifice et le site témoignent de l’expérience des enfants qui y résidaient et de l’héritage de ces expériences à travers Mi’kma’ki. Plusieurs craignent que les répercussions intergénérationnelles de ces expériences sur les survivants, leurs familles et leurs communautés soient oubliées. L’histoire du pensionnat indien de Shubenacadie est hautement sensible et difficile à élaborer compte tenu du traumatisme qui était, et demeure inhérent à son histoire. De nombreux survivants n’arrivent toujours pas à parler de leurs expériences;
- exploité de 1930 à 1967, cet établissement était le seul pensionnat indien des Maritimes. Il a été construit afin de compléter le système fédéral de pensionnats indiens. L’institution a d’abord été gérée par l’archidiocèse catholique romain d’Halifax, puis par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, tandis que les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul d’Halifax se sont chargées de l’enseignement aux enfants. L’établissement faisait partie du système des pensionnats indiens où le gouvernement fédéral et les églises travaillaient ensemble afin d’assimiler les enfants autochtones dans le cadre d’un vaste ensemble de démarches visant à détruire les cultures et les identités autochtones et à supprimer leurs histoires;
- les enfants mi’kmaw et wolastoqkew de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et du Québec (et possiblement des enfants issus d’autres communautés autochtones) ont fréquenté le pensionnat indien de Shubenacadie. Ils ont été soumis à une discipline sévère, à la malnutrition et à la famine, à de mauvais soins de santé, à des abus physiques, émotionnels et sexuels, à l’expérimentation médicale, à la négligence et à la suppression délibérée de leurs cultures et de leurs langues; certains sont morts au pensionnat. Dès les premiers jours du pensionnat, les élèves, leurs familles et les dirigeants de la communauté ont exprimé des objections et ont protesté contre tout ce qui s’y rattachait, notamment la fréquentation forcée, les conditions pitoyables, les mauvais traitements et la piètre qualité de l’enseignement. Les enfants ont lutté contre le système en refusant de renoncer à leur langue et à leur identité. Plusieurs enfants se sont enfuis du pensionnat pour tenter de rentrer chez eux.
La valeur patrimoniale de l’ancien pensionnat indien de Shubenacadie repose sur ses liens intimes avec le passé ainsi que sur des expériences vécues et des souvenirs des survivants. C’est un lieu de commémoration important, un rappel poignant de la douleur, de la souffrance et des expériences traumatisantes des Survivants. Le site nous rappelle tristement l’histoire des pensionnats autochtones dans les Maritimes et s’assure de faire perdurer celle du système des pensionnats. C’est également un lieu important en raison de ses liens avec le système des pensionnats, qui a eu des effets complexes et perturbateurs sur des générations d’enfants, de parents et de communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Le site est un rappel du destin tragique des enfants qui y ont perdu la vie, de la résilience des survivants et de leurs descendants et de la lutte de certaines personnes pour obtenir justice et réparer les torts du passé.
Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, procès-verbal, décembre 2019.
Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
Obtenir plus d'informations sur la façon de participer à ce processus
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