Ours et prédateurs
Parc national des Lacs-Waterton
On n'oublie jamais le moment où l'on a pu apercevoir un cougar ou un grizzli à Waterton! On a alors vraiment l'impression d'avoir été un témoin privilégié de la nature sauvage du parc.
Les cougars, les loups et les carcajous, tout comme les lynx, les coyotes et les renards, jouent tous un rôle essentiel dans les écosystèmes de la région, et sont aussi des indicateurs de la santé de l'environnement.
De saines populations de prédateurs et d'ours errent sur de vastes superficies à la recherche de nourriture. En prenant soin des habitats dont ces animaux ont besoin pour survivre, on assure en même temps la survie de nombreux autres organismes vivants qui vivent également dans ces endroits. C'est pourquoi ces espèces sont parfois appelées des " espèces parapluie ".
On oublie parfois que les espèces sauvages que nous valorisons le plus, comme le cerf, l'élan, le mouton et l'orignal, doivent en partie leurs caractéristiques au rapport entre les prédateurs et leurs proies. C'est en effet à cause de cette dynamique que les animaux ont l'ouïe fine, de bons yeux, des muscles souples et alertes, et de si bons réflexes.
Même l'estomac à quatre compartiments des ongulés résulte d'une évolution due à la nécessité pour ces animaux de remettre à plus tard, une fois à l'abri, la mastication des aliments qu'ils ont mangés rapidement à découvert.
La disparition des prédateurs peut aussi avoir de lourdes répercussions sur toute une gamme d'autres animaux, comme les corbeaux, les pycargues à tête blanche et les martres d'Amérique, qui se nourrissent parfois des restes de leurs proies. Certains oiseaux tirent même des restes de proies laissés par les prédateurs des matériaux (comme les poils) pour construire leurs nids!
Les grands prédateurs, comme les grizzlis, ont aujourd'hui disparu de nombreuses régions de l'Amérique du Nord. Les Rocheuses constituent l'un des derniers et des meilleurs endroits pour assurer leur conservation. L'écosystème du Couronne du Continent, qui englobe le parc Waterton, revêt à cet égard une importance particulière.
Cette région est la partie la plus étroite des Rocheuses. Une utilisation intensive par les humains (étalement urbain, développements résidentiels ruraux, élargissement des routes et augmentation des activités industrielles et récréatives) pourrait facilement nuire aux déplacements des espèces sauvages entre les secteurs nord et sud de la couronne. C'est par une planification proactive et une sensibilisation aux besoins de la faune que l'on pourra maintenir ce corridor vital ouvert.
L'attitude du public à l'égard des ours et des prédateurs est passée de l'indifférence ou de l'antagonisme à un intérêt pour leur saine gestion. Les ours et les prédateurs ont besoin d'un vaste territoire. Par exemple, une meute de loups peut utiliser un territoire de 1 000 milles carrés (2 590 km2) ou plus! Le domaine vital du grizzli mâle peut s'étendre sur une superficie de deux à trois fois supérieure à celle du parc Waterton.
Cela pose certes des défis de gestion, vu que les prédateurs ne se limitent pas au territoire du parc. Les terres qui entourent le parc sont essentielles à la santé de la faune qui vit dans le parc. La plupart des grands éleveurs ont bien entretenu ces terres. De son côté, le parc peut avoir des répercussions sur les élevages : les espèces sauvages peuvent en effet mettre le bétail en danger - notamment, les ours grizzlis affamés qui sortent de leurs terriers au printemps après leur long jeûne de l'hiver. La mise en Suvre d'un programme d'alimentation d'interception innovateur a aidé à réduire les pertes d'ours et de bétail attribuables à ce phénomène.
À cause de la vue panoramique qu'elles offrent et de leur proximité d'une zone protégée, les terres situées à proximité du parc sont de plus en plus convoitées. Ces qualités gonflent la valeur et les taxes foncières et augmentent les pressions financières exercées sur les grands élevages. La vente éventuelle des ranchs et leur conversion en lots plus petits et plus nombreux pourrait conduire à la morcellement de l'habitat et à une exacerbation des conflits entre les espèces sauvages, notamment les prédateurs et les ours, et les humains.
Ces défis devront être relevés si l'on veut préserver les prédateurs et les ours, et permettre aux futures générations de visiteurs d'avoir elles aussi la chance d'observer ces fascinants animaux en liberté.
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