La réintroduction de la martre d’Amérique
Parc national du Mont-Riding
Bien longtemps avant la création du parc national du Mont-Riding, la martre d’Amérique (Martes americana), aussi communément appelée « martre des pins », vivait dans la région. Les anciens registres du poste de traite Riding Mountain House indiquent que les peaux de martre y faisaient l’objet du commerce des fourrures au début du XXe siècle. La martre d’Amérique était particulièrement prisée des trappeurs en raison de la grande valeur de sa fourrure ce qui, combiné à la destruction de son d’habitat par l’exploitation forestière, entraîna son éradication de la région. Aucune observation de la martre d’Amérique n’avait été enregistrée depuis la création du parc en 1933.
Faisons un bond jusqu’en 1991; le parc national du Mont-Riding existe depuis plus de 50 ans lorsque l’on propose de réintroduire la martre d’Amérique dans la région. Avant de la réintroduire, on évalua l’habitat et la présence de proies. La martre d’Amérique aime vivre dans des forêts de conifères et des forêts mixtes adultes et anciennes. Elle y trouve des arbres vivants et des arbres morts encore debout qu’elle peut utiliser comme abri et pour se protéger des rapaces. Le personnel du parc arriva à la conclusion que les proies de la martre d’Amérique, comme les écureuils, les campagnols, les souris, les oiseaux et les insectes, étaient abondantes dans le parc.
On choisit le secteur du lac Whirlpool pour la réintroduction parce que l’accès était facile, que l’habitat convenait et qu’il était possible d’y contrôler la dispersion, mécanisme permettant de s’assurer que les animaux restent dans la zone de réintroduction. Le personnel du parc décida d’employer la méthode de mise en liberté sans transition. Cela consiste à ouvrir la cage, relâcher la martre et la surveiller jusqu’à ce qu’elle trouve un abri.
Sur une période de trois ans, les gardes du parc relâchèrent 68 martres d’Amérique (37 mâles et 31 femelles). Les martres étaient capturées dans le parc provincial du mont Duck et amenées au parc national du Mont-Riding, où elles étaient examinées pour déterminer leur état de santé, leur âge et leur sexe.
Durant la première et la deuxième année de la réintroduction, on équipa respectivement cinq martres et huit martres de colliers émetteurs pour connaître l’étendue de leur territoire. On découvrit que le territoire des femelles est invariablement plus petit que celui des mâles (7,2 km2 au lieu de 8,9 km2).
En 1997, on proposa une méthode de surveillance pour savoir si la réintroduction avait réussi. On installa 16 appareils de prise de vues qui furent surveillés pendant l’hiver de 1998 et de 1999. On choisit les sites de surveillance en fonction du modèle d’évaluation du caractère propice de l’habitat, lequel permit de désigner les zones d’habitat préféré de la martre d’Amérique. À l’origine, on avait prédit que dès 1997 les martres vivraient dans tous les habitats préférés et qu’elles commenceraient à habiter les zones moins propices. En réalité, on trouva des martres d’Amérique dans 13 des 16 sites désignés et elles vivaient dans 81 % de l’habitat préféré. Les martres avaient parcouru une grande distance depuis l’endroit où elles avaient été libérées et elles continuent de se déplacer depuis.
Notre personnel continue de surveiller la martre d’Amérique dans le parc. Au cours d’un relevé des pistes en hiver qui a duré neuf ans, on a enregistré 760 observations de la martre d’Amérique. De 2009 à 2017, le nombre de martres aperçues chaque année a continué d’augmenter régulièrement passant de 34 à 102. Cela prouve bien que l’on a réussi à réintroduire la martre d’Amérique dans le parc national du Mont-Riding.
Voulez-vous voir une martre d’Amérique? Les endroits où vous aurez le plus de chance sont les forêts de conifères ou les forêts mixtes anciennes, par exemple le long de la rive nord du lac Clear, dans le secteur du lac Moon, ou dans le secteur du lac Whirlpool. La martre d’Amérique est un petit animal qui préfère les broussailles denses; il faut donc de la patience et un peu de chance pour l’apercevoir.
Faits intéressants concernant la martre d’Amérique
- La martre d’Amérique sert souvent à évaluer l’intégrité d’un écosystème forestier parce qu’elle consomme des aliments qui se trouvent dans les forêts de conifères adultes et elle ne vit pas dans les forêts qui ont brûlé ou qui ont été coupées à blanc.
- La martre d’Amérique ressemble beaucoup au pékan (Pekania pennanti). On peut les différencier par leur taille et la forme de leur museau. La martre d’Amérique est plus petite que le pékan et elle a un museau plus pointu.
- Pendant l’hiver, la plante des pieds de la martre se couvre de poils.
- La martre d’Amérique est un animal solitaire. Le mâle et la femelle ne se côtoient que pendant la saison des amours, fin juillet, début août.
- Les petits naissent en mars ou en avril dans une tanière, huit à neuf mois après l’accouplement. La martre d’Amérique est un membre de la famille des mustélidés qui bénéficie d’une implantation retardée de l’œuf, ce qui permet aux jeunes de naître au printemps lorsque la nourriture est abondante et le temps plus chaud.
- La martre d’Amérique est un prédateur généraliste, ce qui signifie qu’elle se nourrit de ce qu’elle peut attraper, habituellement des écureuils, des campagnols, des souris, des oiseaux, des insectes, et même des fruits. Elle chasse sous les arbres abattus et, en hiver, dans les tunnels créés sous la neige par les écureuils.
- Au printemps et en été, la martre d’Amérique est active; elle chasse toute la journée, en particulier à l’aurore et au crépuscule. Lorsque la température baisse, elle réduit son activité et devient moins active le soir et la nuit.
- La martre d’Amérique peut grimper aux arbres, sa queue lui servant de balancier. Cependant, elle chasse au sol plutôt que dans les arbres.
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