Évaluation de la relation entre l’alimentation des goélands argentés et leur déclin

Parc national Pukaskwa

Ce projet en cours vise à étudier les facteurs contribuant aux déclins des populations de goélands argentés (Larus argentatus smithsonianus) dans le parc national Pukaskwa. Il est important de connaître la cause de ces diminutions, car les populations de goélands jouent un rôle essentiel dans l’intégrité écologique des écosystèmes côtiers du parc national. De plus, le goéland argenté est considéré comme une espèce indicatrice des Grands Lacs par le Programme de surveillance du goéland argenté des Grands Lacs d’Environnement et Changement climatique Canada, auquel le parc national Pukaskwa contribue.


Méthodologie

En mai 2015 et 2016, des œufs de goélands argentés ont été recueillis dans les parties nord et sud du parc national Pukaskwa. Les déclins des populations de goélands argentés ont été plus marqués dans la partie sud de ce lieu.

Taille des œufs et des couvées : La taille des œufs (longueur et largeur) et la taille des couvées (nombre d’œufs par nid) ont été consignées. Ces mesures fournissent une indication des ressources dont dispose la femelle goéland lors de la formation des œufs.

Alimentation : Les œufs prélevés ont été transportés au Centre national de la recherche faunique à Ottawa. Le contenu des œufs (le jaune et l’albumen) a été homogénéisé et stocké à l’état congelé dans la Banque nationale de spécimens d’espèces sauvages. On a effectué une analyse de la corticostérone (une hormone associée au stress), des acides gras ainsi que des isotopes stables de carbone et d’azote présents dans les échantillons d’œufs. La corticostérone se trouvant dans les œufs permet d’évaluer le stress éprouvé par les femelles couveuses. On attend les résultats de cette analyse. Pour leur part, les acides gras et les isotopes stables fournissent une indication de l’alimentation de l’oiseau. D’autres échantillons permettant de déterminer l’alimentation des goélands argentés (p. ex., pelotes de régurgitation contenant des aliments non digérés) ont été recueillis autour des sites de nidification afin d’identifier les restes de nourriture.

Incubation : Des appareils photo numériques avec détecteur de mouvement à infrarouge ont été installés à certains sites de nidification. Ceux-ci ont pris des photos chaque minute, 24 heures par jour, pendant plusieurs semaines consécutives. Ces clichés ont permis d’évaluer la présence au nid des femelles de même que des facteurs influençant la réussite de la nidification.


Résultats et analyse

Taille des œufs et des couvées : La taille des œufs des goélands argentés recueillis dans les parties nord et sud du parc était la même. Toutefois, les œufs étaient plus petits que ceux se trouvant dans les colonies des lacs Érié et Ontario, où la nourriture est abondante (information provenant des données du Programme de surveillance du goéland argenté des Grands Lacs). Les couvées de la partie sud du parc étaient de taille moindre que celles de la partie nord.

Alimentation : Lors des deux années où l’étude a été menée, les marqueurs de nutrition présents dans les œufs indiquaient que les goélands nichant dans la partie sud du parc consommaient davantage d’aliments naturels que leurs congénères de la partie nord du parc. De plus, seules les pelotes de régurgitation des goélands argentés de la partie nord du parc contenaient des aliments d’origine anthropique. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les goélands argentés du parc national Pukaskwa dépendent de la disponibilité des aliments. Les oiseaux se trouvant dans la partie nord du parc complètent leur alimentation avec des aliments d’origine anthropique, ce qui pourrait atténuer les effets des pénuries d’aliments naturels.

Incubation : Les photos prises par les appareils photo avec détecteur de mouvement ont indiqué que les goélands nichant dans la partie sud du parc délaissaient plus souvent leur nid ; leurs œufs sont donc vulnérables à la prédation intraspécifique. Le fait que les goélands de cette partie du parc doivent mener davantage d’activités pour trouver de la nourriture pourrait expliquer pourquoi les femelles délaissent plus fréquemment leur nid. Ensemble, ces facteurs pourraient limiter le recrutement de jeunes au sein de la population de goélands argentés du parc national Pukaskwa. En 2017, on prévoit utiliser des appareils photo avec détecteur de mouvement pour étudier davantage la présence au nid, la prédation et la réussite de la nidation. En résumé, les résultats mettent en lumière des différences régionales entre les régimes alimentaires des goélands argentés du parc qui pourraient influer sur la réussite de la nidification et, au bout du compte, sur les tendances démographiques de cette espèce. D’autres recherches sont nécessaires pour établir la nature de ce lien et l’incidence de celui-ci sur l’utilisation des tendances démographique du goéland argenté comme indicateur de l’intégrité écologique du parc national Pukaskwa.


Partenaires de recherche : Craig Hebert, Environnement et Changement climatique Canada, Centre national de la recherche faunique et Département de biologie de l’Université Carleton, Bruce Laurich, Département de biologie de l’Université Carleton.

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