Tordeuse des bourgeons de l’épinette
Parc national du Gros-Morne
Nous remarquons une éclosion de la tordeuse des bourgeons de l’épinette le long de la côte ouest de Terre-Neuve, y compris dans le parc national du Canada du Gros-Morne. Cet insecte forestier indigène se nourrit principalement de sapin baumier et d’épinette blanche, et dans une moindre mesure d’épinette noire. Cette situation peut conduire à la mort des arbres après plusieurs années consécutives de défoliation grave et les forêts matures sont généralement plus touchées que les jeunes.
Les épidémies de tordeuses des bourgeons de l’épinette constituent une partie importante du cycle naturel de la forêt dans le parc national du Gros-Morne. Les perturbations causées par les insectes sont responsables de l'ouverture de la canopée, ce qui permet à de nouveaux arbres de commencer à pousser. Le maintien de perturbations naturelles crée une mosaïque de forêts jeunes et anciennes dans le paysage, ce qui permet à toutes les espèces sauvages de satisfaire leurs besoins en matière d’habitat.
- En savoir plus sur la tordeuse
- Cycle de vie de la tordeuse
- Effets sur les arbres
- Consultations et décision de ne pas pulvériser dans le parc
- Ce que signifie une épidémie pour la forêt
- La tordeuse et votre visite
- Foire aux questions
En savoir plus sur la tordeuse
La tordeuse des bourgeons de l'épinette est une espèce de papillon de nuit native des forêts de l'est du Canada. Tous les 30 à 40 ans, les populations de tordeuses des bourgeons de l'épinette augmentent, ce qui entraîne une épidémie. Les larves de la tordeuse des bourgeons de l'épinette (chenilles) se nourrissent des nouvelles pousses à l'extrémité des branches des conifères au début de l'été. Si une défoliation sévère se poursuit pendant 3 à 5 ans, elle peut entraîner la mort des arbres hôtes. Ces chenilles sont particulièrement dommageables pour les épinettes, et en particulier pour le sapin baumier. Les épidémies durent généralement environ six ou sept ans dans une région donnée, puis s'atténuent, bien que l'épidémie puisse persister à mesure qu'elle se propage dans le paysage.
Des données suggèrent que les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l'épinette sont synchronisées entre Terre-Neuve et l'est du Québec depuis des siècles, voire des millénaires. Quatre épidémies bien documentées ont eu lieu à Terre-Neuve au cours du dernier siècle. Une grave épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette survenue dans les années 1970 pourrait avoir été exacerbée par une combinaison de pratiques de gestion des terres et de conditions météorologiques favorables.
Depuis 2006, une épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette se déplace à partir du Québec vers l'est et des indices montrent que les papillons de la tordeuse des bourgeons de l'épinette migrent du Québec vers l'ouest de Terre-Neuve avec les vents dominants. La surveillance écologique montre que le nombre de tordeuses des bourgeons de l'épinette augmente le long de la côte ouest de Terre-Neuve depuis 2018, y compris dans le parc national du Gros-Morne.
En 2020, un grand nombre de tordeuses des bourgeons de l’épinette ont été détectées dans certaines zones côtières du parc national du Gros-Morne. La défoliation est devenue plus répandue et plus visible en 2021 et, en 2024, l’épidémie s’est répandue aux forets des basses-terres de la plupart du parc.
Cycle de vie de la tordeuse
Effets sur les arbres
L'alimentation des larves de la tordeuse des bourgeons de l'épinette devient évidente au mois de juin. Les signes d'une éclosion comprennent la destruction des bourgeons, la propagation anormale de nouvelles branches, la défoliation des pousses de l'année en cours et, si une branche affectée est perturbée, la présence d'un grand nombre de larves suspendues à des fils de soie.
La défoliation commence au sommet de l’arbre et les aiguilles de l’année en cours à l’extrémité des branches sont partiellement ou totalement consommées. Si un grand nombre de larves sont présentes, les aiguilles de l’année précédente peuvent également être affectées. Les larves de la tordeuse des bourgeons de l’épinette se nourrissent également des fleurs et des cônes en croissance des conifères.
La défoliation causée par la tordeuse est généralement plus grave dans les peuplements comportant une forte proportion d'épinettes ou de sapins, et dans les peuplements plus anciens. Les arbres gravement atteints prennent une couleur rouille en raison de la présence d'aiguilles desséchées maintenues ensemble par des fils de soie filés par les larves. À la fin de l'été, les aiguilles mortes sont dispersées par le vent et la pluie, et les peuplements défoliés prennent une apparence grisâtre.
Une seule année de défoliation ralentit la croissance mais n'a généralement que peu d'effet durable sur l'arbre. Cependant, une défoliation répétée sur une période de 3 à 5 ans conduit souvent à la mort de l'arbre hôte.
Consultations et décision de ne pas pulvériser dans le parc
Depuis 2020, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador mène un programme de pulvérisation dans le cadre d’un programme d’intervention précoce contre la tordeuse des bourgeons. La province a demandé à Parcs Canada de l’autoriser à inclure le parc national du Gros-Morne dans son programme de lutte à compter de 2021, car elle craint que le parc national puisse servir de source de tordeuse des bourgeons de l’épinette se propageant aux terres voisines.
En réponse à cette demande, Parcs Canada a procédé à un examen détaillé des données scientifiques, des politiques et des lois pertinentes pour éclairer sa décision. Cette évaluation a été examinée par 14 experts en écologie forestière et en tordeuse des bourgeons de l’épinette. De plus, l’Agence a mené des consultations publiques. À la suite de ces processus d’examen et de consultation, Parcs Canada a décidé que le parc national du Gros-Morne ne serait pas inclus dans le programme de pulvérisation. Cette décision s’est fondée sur diverses considérations, notamment l’impact potentiel que la prévention d’une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette dans le parc national aurait sur l’intégrité écologique de son écosystème forestier, le stade avancé de l’épidémie en développement dans le parc, qui pourrait avoir limité le potentiel de réussite, et les résultats des consultations publiques. Certains éléments de preuve suggéraient également que le programme de lutte contre la tordeuse des bourgeons pourrait réussir même si le parc n’était pas inclus, et qu’une intervention maintenant pourrait entraîner une épidémie plus grave dans le futur. Par ailleurs, Parcs Canada a continué d’appuyer le Service canadien des forêts et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador dans la surveillance et la recherche afin de pouvoir comprendre l’épidémie et son effet sur l’écosystème forestier.
Les commentaires reçus au cours du processus de consultation publique ont été compilés dans un rapport « Ce que nous avons entendu » que vous pouvez consulter ici :
Ce que nous avons entendu :
Consultation sur la demande d’inclusion du parc national du Gros-Morne dans un programme de lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette de la Stratégie d’intervention précoce
Que signifie une épidémie pour la forêt?
À mesure que les arbres meurent en raison de la défoliation causée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, ils seront remplacés par de jeunes arbres. Cela entraînera le développement de jeunes peuplements diversifiés et de peuplements d’âges mixtes qui contribueront à la diversité du paysage et à la santé globale de la forêt.
Contrairement aux feux de forêt, la tordeuse n’a pas d’impact majeur sur les plantes qui poussent dans le sous-bois. Au contraire, l’augmentation de la lumière solaire atteignant le sol forestier, combinée à une dose d’engrais provenant des excréments de la tordeuse, stimule la croissance vigoureuse d’une nouvelle végétation. Ainsi, en quelques années seulement, les peuplements gravement touchés verront se développer une croissance verte et luxuriante de plantes pionnières et de jeunes arbres se régénérant. Cela entraînera entre autres une augmentation de la production de fruits, ce qui profitera à de nombreuses espèces animales.
Bien que des arbres vont mourir à cause de l'épidémie, d'autres espèces forestières vont en bénéficier. Les chenilles de la tordeuse des bourgeons arrivent à maturité au moment même où les oiseaux chanteurs nourrissent leurs petits, et certaines espèces d'oiseaux se sont déplacées dans la région pour profiter de l'augmentation de l'approvisionnement en nourriture, tandis que de nombreuses espèces déjà présentes profitent également de l'abondance de ces nutritives chenilles. Le saumon et la truite bénéficient également de la présence d'insectes supplémentaires pour se nourrir.
De nombreux insectes et champignons se nourriront et habiteront les arbres morts, tandis que les pics profiteront d'une multitude d’insectes et de coléoptères se nourrissant de bois. Certains oiseaux et mammifères utiliseront les cavités des arbres morts comme sites de repos, de tanière ou de nidification.
La tordeuse et votre visite
Si vous visitez le parc entre juin et la mi-juillet, vous verrez peut-être des chenilles de la tordeuse des bourgeons suspendues aux arbres par leurs fils de soie. Vous remarquerez également, ou peut-être même entendrez leurs déjections tomber sur votre tente. Même si cela ne présente aucun risque pour la santé, ce n’est pas la chose la plus attrayante. Pour éviter cette abondance de chenilles de la tordeuse, nous vous suggérons d’opter pour des sentiers ouverts tels que le sentier des Tablelands, le sentier du Littoral, ou le sentier de l’étang Western Brook. Vous voudrez peut-être également éviter d’installer votre tente sous les arbres. Si vous êtes dans les parages en juillet, vous ne verrez pas les chenilles, mais vous remarquerez plutôt un grand nombre de papillons de la tordeuse des bourgeons effectuant leurs danses nuptiales autour des branches d’épinettes et de sapins. Ces papillons de nuit de la tordeuse sont inoffensifs et peuvent être facilement évités en s'éloignant du feuillage des conifères. La plupart des papillons de la tordeuse pondent leurs œufs au début août et meurent peu de temps après. Il est donc peu probable de rencontrer cette espèce à la fin de l’été et à l’automne.
Liens connexes
- Date de modification :