Orignaux hyper-abondants

Parc national du Gros-Morne

Une espèce introduite hyper-abondante

Un orignal se lèche les babines en regardant à travers des arbustes.

L'orignal a été introduit à Terre-Neuve il y a plus de 100 ans et, en l'absence de prédateurs et avec beaucoup de nourriture abondante, sa population a augmenté rapidement. La chasse a été interdite à Gros-Morne lors de la création du parc national en 1973, puis des invasions d'insectes défoliateurs dans les années 1970, 1980 et 1990 ont permis à une abondance de jeunes arbres et d'arbustes de repousser.

Cela fait du parc un refuge pour les orignaux et la population atteint des niveaux records, culminant à plus de 7 000 animaux en 1998. Cela constitue une densité moyenne de plus de 4 orignaux par kilomètre carré d'habitat!

Un écosystème forestier gravement touché

Un orignal mâle se tient sur une pente à la végétation clairsemée et à l'herbe jaunissante, plusieurs arbres morts sont visibles.

Éventuellement, la population d'orignaux dans le parc national du Gros-Morne est devenue bien plus importante que ce que l'écosystème forestier pouvait supporter. Les dégâts causés par l’orignal atteignirent des niveaux critiques. Les jeunes arbres et arbustes étant broutés de façon répétitive, un échec de la régénération forestière se produisit. Les espèces d’arbres et d’arbustes à feuilles caduques préférées par l’orignal furent gravement épuisées.

L'impact devint également perceptible sur les jeunes sapins baumiers qui constituaient la majeure partie de la forêt en régénération. Un orignal mange 18 kilogrammes, soit près de 40 livres, de matières végétales chaque jour, ce qui dépassa rapidement la capacité de croissance de la forêt. Bon nombre des arbres réussissant à survivre sont devenus rabougris et déformés, incapables de croître suffisamment haut pour échapper aux orignaux affamés. Dans les zones particulièrement touchées, les jeunes arbres sont morts et ont été remplacés par des graminées, des fougères et d'autres plantes herbacées. Cela conduisit à une transformation de la jeune forêt en « prairies à orignaux », qui ressemblent à des savanes.

Gestion de l'orignal

Un orignal mâle avec de grands bois se tient dans la forêt.

Pour faire face à la menace de l'hyper-abondance de l'orignal, Parcs Canada a lancé un programme de gestion de l'orignal au Gros-Morne en 2011. Grâce à ce programme, et par l'intermédiaire du tirage provincial annuel de permis de chasse au gros gibier, des bénévoles résidents de Terre-Neuve-et-Labrador peuvent appliquer pour un permis leur permettant de récolter un orignal dans le parc.

Ce programme a été couronné de succès et la population d'orignaux du Gros-Morne a maintenant été réduite. Elle est à présent maintenue autour de la taille ciblée de 2 000 animaux, ce qui devrait être suffisamment bas pour permettre la régénération naturelle de la forêt dans le parc.

Un écosystème en meilleure santé

Des dizaines de jeunes sapins en bonne santé poussent sur une pente herbeuse.

Le parc documente maintenant de forts signes de rétablissement de l’écosystème forestier à la suite de la réduction de la population des orignaux. Les taux de broutage ont diminué et l'abondance et la hauteur des jeunes arbres et arbustes ont augmenté. Dans l’étage inférieur de la forêt mature, ainsi que dans la plupart des zones perturbées, une saine régénération du sapin baumier est observable.

Le broutage excessif des orignaux surabondants peut également avoir un impact sur la capacité de l’écosystème forestier à capter et à stocker le carbone de l’atmosphère. C’est pourquoi la gestion de la population de l’orignal à cette densité plus équilibrée contribue aux solutions naturelles contre les changements climatiques.

Restauration de la forêt

Une personne tient trois plants de sapin baumier dans ses mains alors qu'elle s'apprête à les planter.

Grâce au succès du programme de gestion de l'orignal, l'intégrité écologique de l'écosystème forestier du parc national du Gros-Morne est en amélioration. Mais la forêt est-elle suffisamment résiliente pour s’auto-régénérer partout dans le parc ?

Dans certaines des « prairies à orignaux » les plus gravement touchées, la régénération forestière a été limitée. L'orignal avait déjà brouté et tué la plupart des jeunes arbres avant le début du programme de gestion de l’orignal, et la couverture dense de plantes herbacées qui y a repoussé y empêche l'établissement de nouveaux arbres et arbustes. Dans ces endroits, il est devenu évident que la restauration de la forêt serait la prochaine étape pour Parcs Canada. En savoir plus sur les travaux entrepris par Parcs Canada pour restaurer ces sites.

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