Doug Clark au sujet de caméras

Parc national Wapusk

Si l’on regarde en arrière, un moment crucial de la recherche sur la faune du parc national Wapusk s’est produit il y a une dizaine d’années.

En 2010, Doug Clark, professeur agrégé de l’école de l’environnement et de la durabilité de l’Université de la Saskatchewan et ancien garde de parc de Wapusk, a reçu la permission d’installer la première série de caméras d’observation de la faune à distance dans le parc. Sheldon Kowalchuk, ancien gestionnaire de la conservation des ressources de Wapusk, a installé les premiers appareils et peu après, il a invité les chercheurs à en installer d’autres.

Ces caméras s’étaient déjà avérées utiles dans des environnements bien différents, et Doug Clark se demandait comment elles fonctionneraient dans un lieu comme le nord du Manitoba.

Un loup gris donne des coups de patte dans un grillage.
Curieux, un loup jette un coup d’œil à un appareil photo installé le long du sentier.
© Université de la Saskatchewan

« Ces caméras donnaient des résultats du tonnerre dans les forêts tropicales et les régions boisées. Toute l’industrie des caméras à distance repose sur la chasse du cerf de Virginie, explique-t-il. Nous ne savions pas ce que ça allait donner.  Nous n’en avions pas la moindre idée. »

Au bout du compte, les caméras ont remporté un succès retentissant, même si l’examen des données représente beaucoup plus de travail que prévu.

Le plan consistant à installer les caméras a été mis en place peu après que de nouveaux camps de recherche clôturés ont été aménagés aux emplacements de la rivière Broad et de la rivière Owl à Wapusk en 2008 et en 2009, ce qui semblerait avoir attiré plus d’ours dans la région. Ils espéraient que les caméras puissent expliquer pourquoi il en était ainsi.

En 2011, Doug Clark et l’ancien gestionnaire de la conservation des ressources de Wapusk, Sheldon Kowalchuk, ont mis les caméras à l’épreuve pendant dix jours et mis à l’essai des compteurs infrarouges pour sentiers au camp de la rivière Broad.  Ils ont installé des contenants en métal autour des caméras afin de les protéger de ces curieuses créatures, car il n’était pas inhabituel qu’un ours polaire se mette à ronger ou à endommager les appareils.

Les caméras peuvent détecter de l’activité se déroulant aussi loin qu’à 22 mètres (70 pieds) de distance, prenant une série de trois photos à intervalles d’une seconde quand elles se déclenchent. Cela dit, il arrive souvent que les clichés soient beaucoup plus rapprochés.

« Heureusement, quand les ours polaires viennent aux camps, ils ont tendance à venir vraiment près », raconte-t-il.

Un carcajou marche dans la neige.
Un carcajou passe devant un appareil photo installé le long du sentier.
© Université de la Saskatchewan

Les caméras ne captent pas que des ours polaires, mais aussi des grizzlis, des loups gris, des orignaux et des caribous, tous des animaux qui évoluent dans la ligne de vision des caméras. Cependant, une créature rarement vue, le carcajou, a produit des photos des plus intrigantes, et non pas à cause de la rareté de cet animal.

« On ne les aperçoit qu’aux deux ans environ, en moyenne, précise Doug Clark. S’ils approchent de la clôture, ils bougent tellement vite qu’au moment de la prise de vue, ils ont déjà commencé à déguerpir, même sur la première des trois photos pour lesquelles les caméras sont programmées.

Ils ont des réflexes d’une extrême rapidité. »

Les caméras sont conçues de sorte à causer le moins de perturbations possible, avec un flash infrarouge, mais il semblerait qu’il y ait des bruits infrasonores en dehors du champ auditif de l’humain, toutefois perceptibles par certains animaux.

Parmi les autres photos remarquables prises par les caméras à distance, notons celle d’un caribou mâle en rut qui s’en prend à la caméra, affichant tous les comportements typiques consistant à donner des coups de patte, à se baisser la tête, à uriner et à projeter de la morve de son museau. Il y a aussi une photo de deux ours captés dans une pose plutôt déconcertante, pour laquelle les chercheurs ont conclu qu’il s’agirait peut-être d’une technique d’accouplement.

Les chercheurs vont continuer de se servir des caméras pour étudier l’activité de la faune sous de nouveaux angles. Par exemple, Doug Clark a fait mention d’une recherche effectuée par une doctorante de l’Université de la Saskatchewan, Danielle Rivet, qui se penche sur la mesure dans laquelle les humains risquent d’attirer ou de repousser les ours, tout en portant une attention particulière aux changements caractérisant le système des glaces de mer.

Un renard roux marche dans la neige.
Un renard passe devant un appareil photo installé le long du sentier.
© Université de la Saskatchewan

Les caméras jouent également un grand rôle dans la mobilisation des citoyens. Doug Clark a fait remarquer qu’une proposition de recherche suggère l’acquisition d’autres caméras. Ce projet ferait appel aux membres de la communauté (en anglais seulement) en vue de l’installation de caméras sur les territoires de piégeage, principalement en dehors de Wapusk, et ce, dans le but d’agrandir le réseau.

Doug Clark est enchanté à l’idée de faire participer la communauté locale aux travaux de recherche.

« Au Canada et dans d’autres secteurs de l’Arctique, la tendance de l’heure en matière de recherche nordique consiste à solliciter la participation des gens de ces régions », poursuit-il en faisant remarquer que d’autres compétences nordiques, dont le Conseil de gestion de Wapusk, ont assujetti les permis de recherche à un processus d’examen par la communauté, par exemple.

Les citoyens sont encouragés à l’idée de jouer un rôle dans le projet des ours de l’Arctique (en anglais seulement) dirigé par Doug Clark sur la plateforme de Zooniverse, consistant à faire le traitement des photos prises par les caméras de sentiers.

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