Nancy Spence
Parc national Wapusk
Nancy Spence vit à Churchill depuis toujours. Elle se souvient à quoi ressemblait le parc national Wapusk avant qu’il ne soit officiellement protégé en tant que parc. De nos jours, Nancy visite la terre à titre d’agente, relations autochtones, de Parcs Canada. Elle garde de bons souvenirs du temps passé sur cette terre à l’adolescence, alors qu’elle s’adonnait au piégeage avec son frère Donald.
Pendant la saison, de la fin novembre jusqu’à Noël environ, Donald vérifiait ses pièges régulièrement – au moins tous les deux jours – pour voir s’il avait attrapé des martres, des renards et parfois même des visons.
« La saison était courte parce notre famille savait qu’il fallait respecter la terre et ne prendre que le nécessaire. De nos jours, bien des piégeurs pensent que plus ils obtiennent de peaux de fourrure, meilleurs ils sont, mais ce n’est pas le cas, explique Nancy. Ma famille a appris qu’il ne faut pas abuser de la nature parce que si on en abuse, les prochaines générations ne bénéficieront pas d’un bon équilibre. »
Parfois, Nancy accompagnait son frère la fin de semaine. Elle avoue qu’au début, elle n’aimait pas vraiment son expérience, mais elle s’est mise à mieux comprendre avec le temps.
« Je me souviens que je me levais tôt le samedi et le dimanche. J’enfilais mes vêtements d’hiver et j’allais dehors. Il faisait toujours froid et je me demandais pourquoi il fallait faire ça, puis je me disais que ça faisait partie de mon patrimoine », admet Nancy.
Les expéditions de Nancy avec Donald étaient moins rigoureuses que celles des autres membres de sa famille parce qu’elle partait pendant une seule journée à la fois, en motoneige, tandis que son père et son oncle partaient pendant plusieurs jours d’affilée pour vérifier leurs pièges en attelages de chiens. Les pièges de Donald étaient placés près du lac Norton, de la rivière Mast, des ruisseaux de l’est et dans le sud de la station de recherche Nestor 2.
« Mon frère piégeait les martres et les renards, et ça ne me dérangeait pas, mais je redoutais parfois les visons parce qu’ils ne sentent pas très bon quand on les écorche », poursuit Nancy.
Nancy avait 15 ans quand la terre de Wapusk a été constituée en parc. Elle se souvient de la visite du prince Charles à Churchill, témoin de la signature officielle de l’accord de création du parc par le gouvernement du Canada et la Province du Manitoba. Elle se rappelle de lui avoir serré la main. Elle se rappelle aussi que son hélicoptère a atterri sur le terrain de baseball du coin, et des nombreux agents de sécurité qui l’entouraient.
Elle raconte que bien des gens de l’endroit étaient contents de cette décision parce qu’un des buts ultimes de ce parc consiste à protéger les ours polaires.
Ces jours-ci, Nancy s’occupe de plusieurs projets permanents axés sur le renforcement proactif des liens entre les communautés autochtones et les lieux administrées par Parcs Canada, y compris le parc national Wapusk. Récemment, elle a accompagné des représentants de la Fédération Métisse du Manitoba dans le parc en vue de l’installation de caméras de sentiers à l’automne 2021.
« Les communautés sont toujours prêtes à partager. Travailler avec ces communautés, c’est génial parce qu’il arrive souvent qu’elles donnent beaucoup plus qu’on en demande, précise Nancy. On apprend beaucoup. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que quand on interviewe une certaine personne et qu’elle cesse de parler, cela ne veut pas dire que l’entrevue est terminée. Il faut tolérer le silence parce que parfois, la personne est en train de réfléchir et de recueillir ses idées. Il faut de la patience. »
Au fil des ans, Nancy a visité divers endroits du parc national Wapusk. Généralement, elle se déplace en hélicoptère, mais aussi en motoneige à l’occasion (bien qu’il ne s’agisse pas d’une option populaire en raison du prix du carburant et des distances à parcourir).
Quand elle pense aux ressources culturelles de Wapusk, comme les cercles de tentes, Nancy essaie de s’imaginer à quoi ressemblait la vie sur cette terre il y a des siècles.
« On se met à se demander à quoi ressemblait le parc il y a 300 ou 400 ans, ou même plus tôt », poursuit Nancy.
Elle a commencé à travailler pour Parcs Canada en 2005 et a occupé divers rôles depuis ce temps. Une de ses premières tâches a consisté à accompagner un groupe d’étudiants de l’Université du Manitoba à la station de recherche Nester 1.
C’est alors qu’elle s’est rendu compte que dans la plupart des cas, la vaste majorité des gens se rendent à Churchill seulement une fois dans leur vie, ce qui l’a remplie de gratitude.
« C’était une révélation pour moi, affirme Nancy. Quand on voit un endroit tous les jours, ça devient répétitif, mais le fait de passer du temps à Wapusk avec ces étudiants m’a fait réaliser que ce serait probablement leur seule visite de l’endroit, ce qui m’a permis de l’apprécier davantage. Ça a changé ma vie. J’apprécie mes visites et le temps que j’y passe un peu plus parce que je sais que bien des gens n’auront jamais l’occasion d’y aller.
« Grand nombre de mes amis me demandent de les emmener avec moi, ajoute Nancy. Ils envient beaucoup ce que je fais. »
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