Heather MacLeod parle du Camp jeunesse de Wapusk

Parc national Wapusk

Il y a peu de choses qui mettent plus à l’épreuve le caractère que la vie en pleine nature, et au cours de ses 15 années d’existence, le Camp jeunesse de Wapusk a formé de nombreux leaders forts.

 
Un garçon portant un chapeau et un casque d’écoute fait un geste avec les deux pouces vers le haut alors qu'il est assis dans un hélicoptère.
Un étudiant fait un tour d'hélicoptère dans le parc national de Wapusk.

Lancé en 2008 sous le nom de Camp de leadership de Wapusk, le programme a été conçu pour aider les jeunes à acquérir de nouvelles compétences, à vivre de nouvelles expériences et à rencontrer de nouvelles personnes.

« Ce camp devait permettre aux élèves de développer leur leadership, leur sens de l’intendance et leur confiance en eux afin qu’ils puissent retourner dans leurs communautés respectives, parler du parc et susciter l’intérêt d’autres élèves envers Parcs Canada et le parc national Wapusk », explique Heather MacLeod, l’une des animatrices du camp, qui occupe aujourd’hui le poste de gestionnaire, Expérience du visiteur pour le nord du Manitoba, dont fait partie le parc national Wapusk.

Le plan initial prévoyait de faire venir des élèves de 10e et 11e année des communautés voisines comme Churchill, la Première Nation de York Factory et la Nation crie de Fox Lake. Ces paramètres se sont cependant élargis, et la saison inaugurale a accueilli cinq élèves intéressés de 7e et de 8e année de Churchill.

Finalement, un bouche-à-oreille positif a commencé à se répandre à propos du camp, ce qui a contribué à renforcer la confiance dans un programme audacieux et ambitieux et a suscité un intérêt accru envers le camp lors des saisons suivantes.

« Il a fallu quelques années pour que le programme prenne de l’ampleur au sein de la communauté, mais très rapidement, les gens ont reconnu qu’il s’agissait d’un excellent programme, ajoute Heather. L’information commence à se répandre dans les communautés, et de plus en plus d’élèves souhaitent y participer. »

Le parcours

Six personnes sautent dans les airs. Il y a des pierres et de petites flaques en dessous d'eux et un plan d'eau derrière eux.
Après la Randonnée épique, des participants au camp de 2016 sautent de joie lorsqu’ils atteignent la baie d'Hudson.

Que se passe-t-il exactement pendant les cinq jours du camp?

Tout d’abord, plusieurs activités liées au voyage et au tourisme sont proposées, notamment un tour en hélicoptère, une excursion d’observation des baleines et des visites du centre d’accueil de Parcs Canada, du fort Prince-de-Galles et du village déné de Sayisi, près de Churchill. Il y a également des leçons sur l’histoire du développement du parc, un nettoyage de l’itinéraire de la randonnée à l’anse Sloop et – ce qui est souvent cité comme la journée préférée des participants, selon Heather – la « randonnée épique » vers la baie d’Hudson.

Cette randonnée d’environ 12 kilomètres entre la station de recherche Nester One et la baie d’Hudson est une journée pleine d’émerveillement. À mi-parcours, les participants visitent un complexe de chasse. Le trajet permet aussi de croiser des caribous et de voir toute sorte de choses, des endroits de repos et des empreintes d’ours polaires aux cercles de tentes, en passant par une faune et une flore variée. Ces observations sont l’occasion de discuter de sujets tels que l’histoire du territoire en tant que corridor de migration tant pour les caribous que pour les humains, l’utilisation des terres par les Autochtones et l’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Outre l’éloignement, les élèves sont heureux du fait que cette expérience représente souvent la plus grande distance qu’ils aient parcourue à pied et qu’elle leur donne l’occasion de se déconnecter du réseau de téléphonie mobile.

Réflexions

Des personnes marchent sur le sable avec en arrière-plan, une étendue d'eau et des petits icebergs.
Des campeurs et un surveillant d'ours marchent le long d'une plage lors de la Randonnée épique dans le parc national Wapusk.

Au fil des ans, les élèves ont eu la chance de réfléchir de multiples façons à l’expérience qu’ils venaient tout juste de vivre.

Les premières années, le camp se terminait par une présentation des participants devant leurs parents et amis ainsi que les employés de Parcs Canada, les membres du conseil de gestion de Wapusk et d’autres personnes à Churchill.

« Ils devaient ensuite adapter la présentation du groupe à leur communauté d’origine », explique Heather, précisant que l’auditoire pouvait être composé d’une seule personne ou de plusieurs. En retour, les participants recevaient une lettre de recommandation de la part des animateurs du camp.

L’intégration de la présentation dans l’expérience du camp permettait aux participants d’acquérir des compétences allant de l’utilisation d’un GPS à la prise de parole en public, en passant par l’élaboration d’une présentation PowerPoint efficace.

Lorsque le camp s’est transformé en un cours de niveau secondaire donnant des crédits, le projet final s’est transformé en un rapport écrit sur l’expérience des visiteurs, chaque participant se voyant attribuer un aspect particulier de la randonnée épique.

Des personnes sourient pour une photo de groupe, avec en arrière-plan des bateaux et un bâtiment.
Un groupe de campeurs prend un autoportrait sur un quai avant de traverser la rivière Churchill pour se rendre au lieu historique national Fort-Prince-de-Galles.

« Certains d’entre eux s’intéressent à la sécurité : quelles sont les questions de sécurité auxquelles on doit penser pour la dynamique de groupe? Il faut faire une séance d’information sur la sécurité en présence d’ours polaires et des contrôles réguliers pour voir comment on se débrouille, raconte Heather. D’autres s’occupent de la logistique : quel matériel doit-on prendre? On a besoin de matériel de premiers soins, d’eau et de nourriture. »

Bien que le camp propose une bonne dose d’activités pertinentes pour le programme scolaire pendant la journée, il offre également beaucoup d’occasions de nouer des liens sociaux et d’acquérir des compétences pratiques qui ne font pas partie du programme officiel.

Les repas, par exemple, sont l’occasion d’établir un contact personnel avec les élèves, explique Heather. Mais c’est aussi l’occasion de faire de nouvelles expériences : certains préparent une salade ou lavent la vaisselle pour la première fois. Les soirées sont généralement l’occasion de jeux ou de rassemblements autour d’un feu de camp.

« J’adore m’asseoir autour du feu de camp pour écouter les histoires que les élèves racontent », ajoute Heather.

Incidence sur les élèves

Deux personnes portant des gilets de sauvetage sourient pour une photo. Trois bélugas nagent en l'arrière-plan.
Deux étudiants du camp de 2016 posent pour une photo avec des bélugas en arrière-plan lors d'une excursion en zodiac au lieu historique national Fort-Prince-de-Galles.

Au fil des ans, le camp a connu des changements qui vont au-delà du travail de synthèse.

L’un des plus importants touche les organismes externes qui soutiennent le programme. En 2018, Parcs Canada a conclu une entente avec la division scolaire Frontier (DSF) afin d’intégrer le camp aux programmes de formation professionnelle technique de ses écoles. Ainsi, les élèves suivent quatre mois de cours en classe et un mois d’expérience pratique dans le domaine de leur choix. Dans ce cas, le camp accueille des élèves qui poursuivent des études en plein air.

Le coordonnateur de l’interprétation de Wapusk et l’enseignant collaborent pour l’élaboration du programme, dont « le point culminant est la visite du parc », explique Heather.

« Bien que l’engagement soit devenu beaucoup plus long parce que le programme dure un mois, il est beaucoup moins lourd en termes d’heures de travail », poursuit-elle.

Le programme de la DSF aura lieu les années paires, tandis que pendant les années impaires, on accueillera des jeunes des communautés de la Seal River Watershed Initiative comme Tadoule Lake et Lac Brochet, et la programmation sera faite en collaboration avec des animateurs autochtones. Cette année, on espère accueillir des participants de la Nation crie de Fox Lake et de la Première Nation de York Factory et étendre la participation aux communautés inuites de la région de Kivalliq dans les années à venir.

On voit un mur de pierre avec trois ouvertures et un autre mur de pierre en arrière-plan. Une personne regarde la caméra par chaque ouverture.
Les participants au camp de 2016 explorent le lieu historique national Fort-Prince-de-Galles.
© Ryley Livingston

Pour de nombreux participants, il s’agit du voyage le plus éloigné de leur communauté qu’ils aient jamais fait. Le trajet est assez long, puisque les élèves doivent prendre l’avion jusqu’à Thompson ou Winnipeg avant de prendre un vol de correspondance vers Churchill. C’est aussi, souvent, leur plus long séjour loin de chez eux, et le mal du pays s’installe rapidement chez certains. Malgré tout, les élèves persévèrent et tirent un grand profit de cette nouvelle expérience.

« Certains participants issus de communautés nordiques éloignées n’ont peut-être pas beaucoup d’occasions de visiter d’autres collectivités de la province. Ils peuvent être inquiets de se retrouver dans de nouveaux endroits où ils ne connaissent pas tout le monde, où ils n’ont pas de proches parents, explique Heather. C’est une excellente occasion pour les participants de voir à quel point ils peuvent réussir en dehors de la zone de confort de leur communauté d’origine. »

Compte tenu de la diversité des élèves venant de tout le nord du Manitoba, les apprentissages peuvent varier considérablement. Certains élèves voient leur plan de carrière changer au cours de la semaine, car ils se découvrent une passion pour le type de travail proposé par le camp.

Plusieurs sont revenus travailler pour Parcs Canada à Churchill et au lieu historique national de Lower Fort Garry dans des domaines aussi variés que le patrimoine, la conservation des ressources et l’expérience des visiteurs.

D’autres réalisent qu’ils peuvent s’aventurer et réussir même s’ils sont loin de leur zone de confort et s’en inspirent pour toute une série d’activités futures.

« Pour certains participants, il s’agit du plus grand changement dans leur vision de la vie. Des élèves nous ont dit : “Si je peux me mettre au défi et réussir, que pourrais-je faire d’autre?   Je me suis fait de nouveaux amis. C’était un peu angoissant, mais je l’ai fait et je vais bien”.

On entend ce genre de commentaire de la part des élèves, et je crois qu’en réalité, cela a presque plus d’impact sur eux que la formation. Ils peuvent se voir réussir au-delà de ce qu’ils avaient imaginé avant d’arriver. »

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