Amour, perte et rapaces : de nouvelles caméras dans les arbres aident à mieux comprendre le comportement de l’aigle royal dans le parc national Wapusk

Parc national Wapusk

Chaque printemps, Athéna, une aigle royale, parcourt plus de 2 700 km depuis l’arboretum et la forêt de recherche Bernheim (en anglais seulement) dans le Kentucky, jusqu’au parc national de Wapusk. On sait peu de choses sur ce qu’elle fait lorsqu’elle est ici : Que mange-t-elle? A-t-elle des oisillons? Combien de temps s’écoule-t-il avant que les aiglons quittent le nid?

Un grand aigle noir et brun campé sur une souche d’arbre.
Chaque printemps, Athéna, une aigle royale, fait le voyage du Kentucky jusqu’au nord du Manitoba.
Photo : Andrew Berry, Bernheim Arboretum and Research Forest

Après avoir perdu son compagnon de longue date, Harper, Athéna a peut-être rencontré un nouveau partenaire, ce qui soulève des questions sur le comportement d’accouplement de l’aigle royal. On dispose de peu de données à ce sujet, en particulier au Manitoba, mais elles sont importantes pour la conservation de l’espèce.

Pour répondre à ces questions, Parcs Canada et des chercheurs de l’arboretum Bernheim et du Conservation Science Global (en anglais seulement) collaborent à un nouveau projet visant à installer des caméras sur les arbres afin de mieux comprendre les comportements de reproduction et de nidification de l’aigle royal dans le parc national.

Comme Athéna passe ses hivers au Kentucky et ses étés au Manitoba, Parcs Canada et l’arboretum Bernheim ont là une occasion unique d’échanger des renseignements pour aider à dresser un tableau plus vaste de la migration et du comportement de l’aigle royal, de même que pour accroître les connaissances sur l’espèce, contribuant ainsi à sa protection dans les deux pays.

 

Q : Qui est Athéna?
 
Deux aigles noirs et bruns se tenant dans les hautes herbes.
Athéna et un nouveau partenaire potentiel au Bernheim Arboretum and Research Forest.
Photo : Andrew Berry, Bernheim Arboretum and Research Forest

R : Athéna est une aigle royale qui a été repérée pour la première fois en 2019 par les chercheurs de l’arboretum et forêt de recherche Bernheim au Kentucky. Elle a été identifiée comme la compagne de Harper, un aigle royal que l’on observait depuis longtemps. Des chercheurs de Conservation Science Global et de Cellular Tracking Technologies ont équipé le couple de dispositifs de suivi GPS à énergie solaire afin d’en apprendre plus sur leurs habitudes et leurs mouvements migratoires. Ces deux aigles royaux sont ainsi le premier couple reproducteur (sur une centaine d’aigles royaux suivis) à faire l’objet d’une surveillance dans l’Est des États-Unis. Les données indiquent qu’ils n’étaient pas seulement compagnons au Kentucky, mais qu’ils ont niché ensemble lorsqu’ils ont migré vers Wapusk, même s’ils ont emprunté des trajets différents pour s’y rendre. Le suivi suggère également qu’Athéna a pu pondre et couver un œuf pendant son séjour dans le parc national. Au bout de six mois, les aigles ont quitté Wapusk, toujours par des trajets séparés, pour se retrouver à Bernheim pour l’hiver.

Athéna a continué à faire le voyage de plus de 2 700 km de Bernheim à Wapusk chaque saison, bien qu’elle ait perdu Harper en 2021.

Des chercheurs de Bernheim ont récemment annoncé qu’elle avait peut-être trouvé l’amour une seconde fois (en anglais seulement). L’enregistrement audio de janvier montre qu’il y a eu un appel entre Athéna et un aigle royal. Les aigles ont également passé de longues périodes ensemble sur un perchoir, à glatir, à s’appeler et à s’envoler à tour de rôle du perchoir. Les chercheurs sont impatients de voir si le couple migrera à Wapusk ce printemps, ce qui soulève d’autres questions au sujet du mystère entourant la sélection des partenaires, l’accouplement et le territoire de reproduction de l’aigle royal. Les caméras de Wapusk peuvent aider à y répondre!

Q : Qu’est-ce que Parcs Canada cherche à découvrir à l’aide de ces photos?
 

R : On sait peu de choses sur ce que font les aigles royaux comme Athéna lorsqu’ils se trouvent dans le parc national Wapusk. Les chercheurs espèrent donc répondre à plusieurs questions, surtout sur la reproduction et la nidification.

On sait peu de choses sur la façon dont les aigles royaux trouvent ou choisissent un partenaire, et encore moins sur la façon dont ils remplacent un partenaire perdu. Athéna invitera-t-elle un nouveau partenaire dans son ancien nid? Ou est-ce le mâle qui déterminera l’aire de reproduction?

Parmi les découvertes intrigantes que l’on peut faire avec la caméra, c’est de savoir si le mâle sur le territoire d’Athéna est le même que celui avec lequel elle était au Kentucky. Nous pouvons examiner les motifs de sa queue (si nous les voyons lorsqu’il est dans le nid!) pour déterminer s’il s’agit du même individu.

Si elle a des oisillons pendant son séjour à Wapusk, les images permettront peut-être de répondre à des questions sur la date d’éclosion, le temps écoulé avant qu’ils ne volent et ne quittent le nid, et ce qu’ils mangent.

Q : Pourquoi est-il important de comprendre ce que font les aigles royaux à Wapusk?
 

R : Certaines des espèces d’oiseaux les plus remarquables que l’on peut observer à Wapusk sont des migrateurs saisonniers. Cela fait du parc un habitat vital pour des espèces telles que l’aigle royal, qui y adoptent des comportements saisonniers importants, comme la reproduction et la nidification. Comprendre ce que font les aigles royaux dans le parc permet de guider la gestion et l’intendance du parc afin de s’assurer qu’ils disposent d’un endroit protégé où revenir chaque printemps et été.

Il est tout aussi crucial pour les chercheurs du Kentucky de comprendre l’importance et l’usage de l’habitat hivernal de l’aigle royal. La protection de l’espèce repose sur les deux.

Q : L’aigle royal est-il une espèce en péril?
 

R : Heureusement, l’aigle royal ne figure pas sur la liste des espèces en péril de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Toutefois, la perte d’habitat, la perturbation des sites de nidification, l’empoisonnement (par des produits chimiques ou pesticides toxiques et par le plomb en tant que sous-produit de la chasse, y compris l’ingestion de proies contaminées), l’électrocution et les collisions avec des véhicules et des structures, constituent une menace pour cette espèce. Leurs impacts sur les aigles peuvent être plus marqués pendant la migration, de même qu’en automne et en hiver dans l’Est des États-Unis, lorsque l’exposition au plomb, les collisions avec les éoliennes et la perte d’habitat sont plus importantes. Cela souligne la nécessité de comprendre les couloirs migratoires et les habitats saisonniers de ces oiseaux majestueux, et d’assurer leur protection au Canada et aux États-Unis pour la longévité de l’espèce.

Q : Les caméras vont-elles perturber le nid ou le comportement des aigles royaux?
 

R : Non, les caméras à distance sont un moyen non invasif de surveiller les animaux sauvages dans leur habitat naturel. Elles sont activées par le mouvement et dépourvues de flash, et prennent au minimum des photos quotidiennes, et peut-être de courts vidéoclips.

Q : Combien d’aigles royaux migrent vers Wapusk? Y a-t-il d’autres espèces d’aigles dans le parc?
 

R : On ignore combien d’aigles royaux migrent vers Wapusk chaque année. Cependant, comme les chercheurs américains continuent d’étudier et d’étiqueter ces oiseaux, nous continuons à en apprendre davantage sur leurs migrations et leurs territoires de reproduction.

Bien que ce projet soit principalement axé sur les aigles royaux, ceux-ci ne sont pas les seules espèces d’aigles à fréquenter le parc national Wapusk. Les pygargues à tête blanche sont très répandus à Wapusk, et on peut souvent les voir planer au-dessus du parc ou se percher au faîte d’un arbre et d’une crête de plage.

Il est parfois difficile d’identifier des aigles dans le parc. Les jeunes pygargues à tête blanche sont souvent pris pour des aigles royaux, même par le personnel de Parcs Canada!

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