L’ADN environnemental aide Parcs Canada à établir un inventaire des espèces de poissons dans le parc national Wapusk

Parc national Wapusk

Les zones humides couvrent 80 % du parc national de Wapusk, mais les espèces qui habitent ces étendues d’eau n’ont jamais fait l’objet d’un recensement officiel. Il reste donc beaucoup à apprendre sur ces habitats vitaux.

Une femme accroupie le long d’une colline tient une bouteille d’eau en plastique au-dessus d’un plan d’eau.
Erica Gillis, chef d’équipe écologiste intérimaire de Parcs Canada, prélève un échantillon d’eau.

Toutefois, grâce à la technologie de l’ADN environnemental (ou ADNe), il est plus facile pour des chercheurs comme Erica Gillis, chef d’équipe écologiste intérimaire, de découvrir quelles créatures vivent dans les nombreux lacs, rivières et ruisseaux de Wapusk.

« Tout ce qui se trouve dans l’environnement, y compris les animaux et les poissons, perd de l’ADN en permanence, explique Erica Gillis. L’ADNe est un moyen de prélever des échantillons dans l’environnement. On peut ainsi prélever dans l’eau, le sol ou les sédiments l’ADN d’animaux et d’organismes qui ont séjourné dans la région afin d’en savoir un peu plus à leur sujet. »

Dans le cas des travaux menés à Wapusk, qui portent sur les poissons, les chercheurs recueillent des échantillons d’eau qui contiennent toutes sortes d’éléments, des écailles au mucus en passant par l’urine et les excréments.

Les connaissances traditionnelles et l’information anecdotique ont permis de confirmer la présence de 10 espèces à huit endroits du parc, et celle de plusieurs autres espèces devraient être confirmée grâce à des tests d’ADNe. Toutefois, certaines observations ne sont pas très récentes, la dernière observation d’ombre arctique – l’un des poissons préférés d’Erica – remontant à 1975.

Comme Wapusk est un parc côtier, les chercheurs s’intéressent également à la présence de poissons anadromes (poissons qui migrent de l’eau salée à l’eau douce pour frayer), comme l’omble et la truite.

Pourquoi cette recherche est-elle importante?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles cette recherche est essentielle. La première est tout simplement qu’elle permet de savoir exactement quelles espèces sont présentes dans le parc.

Une femme accroupie sur des rochers tient une perceuse reliée à une pompe dont le tuyau est inséré dans une bouteille d’eau en plastique. Une autre femme également accroupie à sa droite tient la bouteille.
Prélèvement de l’échantillon de contrôle dans une bouteille d’eau.

« On devrait savoir quels sont les poissons qui s’y trouvent, affirme Erica Gillis. S’il y a des changements dans les populations de poissons, on aura une base de référence pour savoir ce qu’il y avait en 2023. »

Les données pourraient aller au-delà des seuls poissons et fournir des renseignements sur le régime alimentaire des carnivores – tels que les loutres de rivière, les carcajous, les aigles et les oiseaux marins – qui se nourrissent des espèces de poissons présentes dans le parc.

De plus, en reflétant le succès des poissons dans les principales zones de frai, les renseignements recueillis aideront à suivre la santé des rivières et des lacs au fur et à mesure des changements climatiques.

« On en sait si peu que tout est intéressant à ce sujet, déclare Erica Gillis. On peut répondre à de nombreuses questions. »

Le processus de test

L’équipe de recherche était composée de quatre personnes : deux techniciennes de Parcs Canada, un chercheur ou une chercheuse du Genomic Network for Fish Identification, Stress and Health (également connu sous le nom de GEN-FISH) et un surveillant d’ours de Parcs Canada.

Une femme utilise des pinces pour transférer un filtre blanc d’une coupelle transparente à une enveloppe orange.
Insertion d’un échantillon dans l’enveloppe d’échantillonnage.

Comme c’était la première fois que l’équipe effectuait des essais à Wapusk, des tests ont pu être effectués dans huit lacs du parc en 2023. L’équipe a choisi de faire des tests dans des lacs de grande taille, censés être plus profonds. De nombreux lacs de Wapusk gèlent jusqu’au fond en hiver. Les lacs plus profonds sont donc plus propices à la vie tout au long de l’année.

L’équipe a recueilli des échantillons pendant deux jours en juillet 2023, en se rendant sur chaque site par hélicoptère.

Le processus de test est relativement simple, utilisant une pompe à rouleaux (également appelée pompe péristaltique) reliée à une perceuse actionnée à la main.

L’équipe commence par prélever un échantillon dans une bouteille d’eau en guise de contrôle négatif – « parce que, espérons-le, il n’y a pas de poisson dans l’eau que vous buvez », plaisante Erica Gillis en riant. « Ensuite, on prélève trois échantillons au même endroit, qu’on filtre sur un petit morceau de papier filtre qui recueille l’ADN. On plie le filtre, on le met dans un agent de préservation, puis on expédie nos échantillons. »

Si le processus de collecte devait à l’origine durer environ une heure, dans la pratique, il dure plutôt 20 minutes.

Une main portant un gant en latex bleu tient une coupelle transparente avec un filtre blanc contenant un liquide beige et de petites taches noires.
Gros plan d’un échantillon.

L’équipement minimal requis comprend également une glacière pour l’entreposage des échantillons. Comme l’espace de chargement est très restreint dans un hélicoptère, il est important de voyager léger.

Les membres de l’équipe doivent prendre certaines précautions avant de se rendre sur le terrain pour éviter de contaminer les échantillons, par exemple en évitant de manger du saumon avant la collecte ou en apportant des sandwichs au thon pour le dîner.

Perspectives

L’équipe espère recevoir les résultats de l’été dernier en 2024 et se prépare à recueillir d’autres échantillons.

La deuxième série de prélèvements se concentrera sur les rivières et devrait avoir lieu au milieu de l’été, alors que la présence de poissons est à son sommet.

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