1.4 Les autres valeurs patrimoniales du lieu (niveau 2)

Plusieurs ressources et autres valeurs patrimoniales, bien que n’étant pas reconnues d’importance historique ou architecturale nationale, n’en revêtent pas moins une signification importante pour le lieu; ces ressources et ces valeurs sont dites de « niveau 2 ». Seules sont comprises dans cette énumération les ressources situées en par-tie ou totalement sur le territoire cédé à bail à Parcs Canada.

L’HISTOIRE RÉCENTE DU SITE : L’ÈRE DU SEIGNIORY CLUB

L’ancien domaine seigneurial, hormis la chapelle funéraire et son enclos, fut l’objet d’une vente à l’encan en septembre 1929. L’acquéreur revendit le tout à « Lucerne-in-Québec Community Association Limited ». C’est désormais dans le contexte d’un complexe de villégiature à caractère privé que le ma-noir et ses dépendances allaient continuer leur évolution. L’établissement prit le nom de « Seigniory Club Community Association Limited » dès 1933. Le Canadien Pacifique se porta acquéreur du complexe en 1949.

L’intervention du Seigniory Club, à compter de 1929-1930, a modelé le domaine de Monte-Bello de manière significative par la construction de l’hôtel en bois rond, le « Log Château », et de ses dépendances, ainsi que par l’aménagement d’une cité-jardin dans l’ancienne portion non habitée du domaine. S’inscrivant dans le contexte du développement de la villégiature au Canada, la présence de l’hôtel favorisa l’essor de l’industrie touristique dans la région.

Les éléments les plus significatifs qui témoignent de la présence du Seigniory Club sont situés hors des limites du lieu historique national puisqu’il s’agit de l’hôtel « Le Château Montebello » et de ses principales dépendances. Sur le site, seuls les aménagements paysagers que le Seigniory Club a créés sont évalués de niveau 2, en raison surtout de leurs valeurs historiques associatives et physiques. En effet, le Seigniory Club a conservé en grande partie l’aménagement hérité des Papineau, comme en témoignent de nombreux vestiges archéologiques; l’ensemble fut cependant banalisé par la transformation extensive du jardin potager en pelouse et par un décor floral moins varié que celui qui prévalait jusque-là.

Le pavillon de thé au temps du Seigniory Club
Le pavillon de thé au temps du Seigniory Club

© Parcs Canada / Fonds Jacqueline Papineau-Desbaillets (Ga-120.6)
Reproduction: Parcs Canada, Nég.: 206/ic-1G/PR-6/S-74, n° 4

Sur le cap, les interventions du Seigniory Club sont perceptibles dans le fait qu’on y a dallé des sentiers ou qu’on en a créé de nouveaux. Dans les escarpements du cap, ceux du sud surtout, le Seigniory Club a procédé à la mise en place de murs de soutènement pour aménager des terrasses et des sentiers ou, plus simplement, pour stabiliser des terrasses et des sentiers déjà existants. Au pied du cap et dans le parc, on a tracé des chemins de promenade et des pistes équestres. Dans la zone limitrophe du lieu historique, la période du Seigniory Club se traduit par la présence des portails et de leur poste de contrôle, soit à l’entrée de l’allée seigneuriale, soit à l’extrémité ouest du chemin du cap.

Le Seigniory Club modifia également l’architecture interne du manoir. De résidence familiale, le manoir devint un bâtiment de loisir et d’agrément pour les nouveaux châtelains, les membres du club. C’est au plan de l’aménagement de l’espace intérieur et de la décoration que le manoir témoigne de l’époque du Seigniory Club : les pièces du rez-de-chaussée furent ornées de frises, de moulures et coupoles, créant ainsi une atmosphère de luxe qui détonnait avec celle, plus austère, voulue par Papineau; à l’étage, une salle de bal a remplacé la plupart des chambres; au soubassement, une salle de billard et une fausse taverne élisabéthaine ont fait disparaître les chambres des domestiques et une partie de la cuisine et des pièces de service.

Le domaine Papineau après son acquisition par le Seigniory Club
Le domaine Papineau après son acquisition par le Seigniory Club
Prise à une date inconnue, la photo aérienne montre, à l’est, le manoir Papineau, et à l’ouest, les installations hôtelières du Seigniory Club. Ces dernières occupent l’ancienne prairie de l’anse aux vaches. L’aménagement des terrains de tennis a entraîné la démolition de la grange construite près du boisé.

© Parcs Canada / Harold Lawson. « The log Chateau Lucerne-in-Quebec ». The Journal. Royal Architectural Institute of Canada,
Série n° 65, Toronto, January 1931, vol. VIII, n° 1, p. 13.
Reproduction : Parcs Canada, nég. : 206/ic/PR-6/S-108, n° 11

LES RESSOURCES CULTURELLES ASSOCIÉES À LA PALÉOHISTOIRE

La présence d’Amérindiens sur le lieu à l’époque paléohistorique a été confirmée dans au moins deux emplacements distincts (83G1B et 83G1C). La présence d’artefacts13 laisse entrevoir la possibilité qu’on y ait façonné des objets lithiques.

Ces indices soulignent la possibilité que d’autres secteurs du lieu historique national puissent comporter des vestiges d’une telle occupation.

LES LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ RÉGIONALE ET LOCALE

Depuis 1935, l’ancien musée familial des Papineau a été converti en lieu de culte anglican. La chapelle Christ Church se joint ainsi aux églises St-Mathew’s et Holy Trinity au sein de la paroisse anglicane de Grenville-Calumet-Montebello.

Par ailleurs, le lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau entretient des liens de collaboration avec de nombreux individus et organismes dont plusieurs ont jusqu’ici joué un rôle appréciable dans la promotion, la protection et la mise en valeur du lieu.

Le principal partenaire de Parcs Canada est l’hôtel Fairmont – Le Château Montebello avec lequel l’agence partage des activités de protection des ressources. Héritage Canada, propriétaire de la Chapelle funéraire, confie la gestion du lieu à la Société historique Louis-Joseph-Papineau. La municipalité de Montebello, via la Corporation de la Gare de Montebello, participe à la promotion et à la commercialisation du site. L’Association touristique de l’Outaouais agit également en tant que partenaire dans la promotion du lieu. En-fin, les descendants de la famille Papineau (Mmes Renée et Jacqueline Papineau de même que Mme Anne Bourassa) se sont avérés de précieux collaborateurs dans l’acquisition de connaissances sur la famille Papineau. L’apport et le rôle de chacun de ces partenaires contribuent à nourrir le sentiment d’appartenance de la communauté au lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau.

AUTRE COMMÉMORATION

Le manoir Papineau et la chapelle funéraire sont, depuis 1975, des biens culturels classés sous l’égide de la Loi sur les biens culturels du Québec.

LES RÉSEAUX NATIONAL ET RÉGIONAL

Le lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau fait partie intégrante du réseau des lieux historiques nationaux, d’où sa valeur comme élément commémoratif des volets du patrimoine associés aux grands hommes politiques canadiens.

Le lieu s’intègre par ailleurs à un ensemble de ressources patrimoniales régionales, dont le Château Montebello (Réseau des hôtels du patrimoine), la Gare de Montebello, la maison d’Henri Bourassa, l’église et le presbytère de Montebello, le parc de Plaisance (gouvernement du Québec), le site historique des chutes de Plaisance ainsi que le centre d’interprétation du patrimoine de Plaisance.

En raison de différents aspects de sa thématique, le lieu historique national est en outre associé à d’autres sites historiques. On peut citer, entre autres, pour la thématique du régime seigneurial, le lieu historique national du Canada du Manoir-Mauvide-Genest, sur l’île d’Orléans, le moulin de l’île Perrot, le manoir Dionne de Saint-Roch-des-Aulnaies, le manoir Joly-De Lotbinière, le manoir Rouville-Campbell de Mont-Saint-Hilaire et le manoir Hazen, d’Iberville. La résidence montréalaise de Papineau, rue Bonsecours (lieu historique national du Canada Louis-Joseph-Papineau), ainsi que la « Maison nationale des Patriotes », à Saint-Denis, concourent au thème de l’homme politique. Au plan de l’aménagement paysager, il convient de souligner les domaines Cataraqui et Bois-de-Coulonge à Sillery de même que le domaine du Château Dundurn (lieu historique national) à Hamilton.


  1. Il s’agit d’une dizaine de minuscules éclats de taille en chert, quartz et quartzite, retrouvés de part et d’autre de l’allée seigneuriale, entre le manoir et la chapelle funéraire.

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