3.2 Orientations et lignes directrices de gestion

ORIENTATIONS VISANT À ASSURER L’INTÉGRITÉ COMMÉMORATIVE DU LIEU

Les orientations qui suivent guideront les actions et les décisions stratégiques de Parcs Canada en matière de gestion des ressources culturelles de niveau 1 et de communication des valeurs patrimoniales, plus particulièrement en ce qui regarde les messages qui sont associés à l’objectif de commémoration du lieu.

Les orientations qui apparaissent en caractères gras sont considérées comme des indicateurs de l’état d’intégrité commémorative du lieu et figurent en tant qu’objectif à atteindre dans l’énoncé d’intégrité commémorative.

Le patrimoine bâti

Parcs Canada entend respecter les aménagements, les équipements et les bâtiments d’origine du domaine et assurer une forme de continuité historique dans l’organisation spatiale et dans l’attribution de nouvelles fonctions à ces éléments. Il compte en même temps assurer la conservation de l’ensemble des ouvrages historiques et maintenir leur intégrité architecturale en tenant compte, le cas échéant, des apports significatifs qui ont ponctué leur évolution.

Enfin, Parcs Canada entend mettre aux normes et rendre accessibles aux visiteurs les bâtiments et les espaces intérieurs essentiels à la bonne marche du programme d’interprétation. Bien que plusieurs interventions aient pu être réalisées dans le cadre d’une première phase de travaux, en 19992000, d’autres interventions ne pourront être entreprises que lorsque leur financement aura été acquis.

Le manoir

L’architecture du manoir – son caractère distinctif et unique ainsi que son pouvoir évocateur des goûts, des valeurs et des aspirations de Louis-Joseph Papineau – est étroitement liée à l’objectif de commémoration du lieu. Les qualités architecturales de l’édifice seront donc préservées et mises en évidence par des interventions appropriées de conservation et de restauration. Ces interventions veilleront avant tout à répondre aux objectifs poursuivis en matière d’intégrité commémorative. Ces objectifs sont au nombre de quatre :

  • protéger la structure et les caractéristiques externes de l’édifice qui traduisent différents apports stylistiques;
  • protéger le détail et la cohérence du fractionnement spatial, du décor menuisé et plâtré intérieur mis en place par les Papineau;
  • protéger et révéler l’arrangement spatial significatif de la tour de la bibliothèque;
  • protéger la relation visuelle et organique entre le manoir et le paysage qui l’entoure.

En accord avec l’énoncé d’intégrité commémorative, le concept de conservation et de restauration du manoir propose de rétablir l’intégrité historique de l’enveloppe, particulièrement en ce qui concerne les matériaux et les couleurs ainsi que les intérieurs, de manière à témoigner du projet de Louis-Joseph et d’Amédée Papineau et de l’occupation du manoir par la famille.

Entièrement accessible aux visiteurs, le rez-de-chaussée – « le bel étage » – principal lieu de séjour de la famille, a déjà retrouvé en grande partie son cachet et son apparence du temps de Louis-Joseph et d’Amédée Papineau; les quelques éléments décoratifs ajoutés par le Seigniory Club et considérés comme non significatifs de l’histoire du bâtiment ont été supprimés. Dans un premier temps, la salle à manger, la chambre de Louis-Joseph Papineau, le « petit salon », les deux chambres des filles, le hall d’entrée ainsi que le « salon jaune » ont été décorés et remeublés à l’aide de la collection actuelle et grâce aux acquisitions réalisées auprès de la famille Papineau. Pour sa part, le « salon bleu » sera remeublé ultérieurement en s’inspirant des interventions apportées par Amédée Papineau. Enfin, la salle de lecture de Papineau, qui communique avec la bibliothèque au niveau de l’étage des chambres, sera accessible à un petit groupe de visiteurs à la fois, de façon à respecter les normes de sécurité publique en vigueur.

Pour redonner au bâtiment toute son intégrité architecturale, Parcs Canada souhaite compléter la décoration et l’ameublement d’époque de toutes les pièces habitées et significatives du manoir. Ce projet ne pourra cependant être concrétisé que lorsque les ressources financières disponibles le permettront. Ainsi, au cours d’une phase ultérieure de travaux, l’étage pourrait être restauré de façon à retrouver l’ordonnancement du plan d’origine et son décor sobre de la période d’occupation par la famille Papineau18. Quant au soubassement, qui logeait jadis les pièces de service (cuisine, caves, chambres de domestiques et serre), il serait souhaitable qu’il retrouve également son intégrité et soit mis en valeur pour être présenté aux visiteurs. Une étude de faisabilité sera entreprise à ce sujet et les résultats seront pris en compte lors de la prochaine révision du plan directeur. D’ici là, le soubassement logera les locaux administratifs ainsi que certains services à la clientèle, comme les toilettes publiques.

Les lignes qui suivent exposent les principaux travaux de restauration prévus ou envisagés. Les travaux déjà réalisés sont indiqués en caractères italiques.

  • La restauration complète de l’enveloppe, c’est-à-dire : la restauration des murs de fondation de maçonnerie, le retour à la pierre apparente des murs du manoir et de la tour de la bibliothèque; la restauration de toutes les portes et fenêtres, de leurs huisseries et de leurs vantaux; la consolidation des tours et un retour à leur revêtement original de planches verticales; la réparation des murs et la réfection de la toiture de l’annexe; la restauration du fini de toutes les toitures19; la reconstitution des gouttières et tuyaux de descente; la restauration du balcon du mur sud ainsi que de la véranda; la reconstruction de toutes les souches de cheminée.
  • L’aménagement au soubassement des services administratifs et la réhabilitation du volume originel et des finis de la cuisine d’époque. Les travaux impliqueront la construction d’un nouveau plancher au-dessus d’un vide sanitaire, la conservation des cloisonnements originaux existants côté sud, l’aménagement d’une salle du personnel et la construction de services sanitaires pour le public.
  • La restauration et l’aménagement du « bel étage » en vue de l’installation d’une décoration et d’un mobilier d’époque, c’est-à-dire : l’enlèvement des plafonds en fausses coupoles et du décor de moulures formant panneaux sur les murs20; le rétablissement du cabinet de toilette, de la paneterie et du portemanteau, des planchers de la serre et du vestibule; la restauration des finis plâtrés des murs et, éventuellement, la restitution des papiers peints; le rétablissement des manteaux de cheminée en bois; les planchers de bois, à moyen terme, devront être remplacés. Le grand escalier intérieur retrouvera son fini teint et verni, tandis que les couleurs d’origine seront redonnées à toutes les boiseries de l’étage.
  • La révision et la mise aux normes du bâtiment, relativement au confort, à la sécurité et à l’accessibilité; c’est-à-dire : l’isolation du plancher des combles et la transformation de ce niveau en entretoit ventilé, la révision complète des systèmes de chauffage et de protection incendie; la réfection de tout le système électrique et l’installation d’un montepersonne dans la tour des privés, permettant l’accès universel jusqu’au rez-de-chaussée. L’étage des chambres ne sera pas accessible universellement, mais il pourra être visité lorsqu’une deuxième issue aura été construite.
  • La restauration et l’aménagement éventuels de l’étage des chambres, c’est-à-dire : la reconstitution du grand passage sur toute la largeur du bâtiment, redonnant ainsi au plan originel toute sa signification, puisque cette large circulation était superposée orthogonalement à celle du dessous; la restitution des menuiseries et planchers de bois, fidèles à la simplicité du décor d’origine21.
Les dépendances

Les travaux de conservation/restauration projetés en ce qui concerne les dépendances seront moins ambitieux, mais compte tenu des fonds disponibles présentement, seuls certains travaux pourront être réalisés à court terme. Outre la mise aux normes, il s’agira de :

  • Protéger les caractéristiques de l’enveloppe et de l’intérieur du hangar à grains par le remplacement de la toiture actuelle par une toiture en tôle « à la canadienne », le rétablissement de la toiture de la flèche du pigeonnier et de l’ancien escalier extérieur ainsi que la réhabilitation du rez-de-chaussée en fonction des exigences de sa nouvelle fonction muséale. Le local de l’atelier du peintre Napoléon Bourassa et les épures peintes à la fresque seront en outre protégés.
  • Restaurer les caractéristiques de l’enveloppe et de l’intérieur de l’ancien musée familial en stabilisant le processus de décollement de la façade des murs gouttereaux, en remplaçant la toiture récente surhaussée par une couverture de tôle à baguette, comme à l’origine, et en restaurant ou réhabilitant l’intérieur en fonction de sa vocation retrouvée d’espace muséal.
  • Protéger les caractéristiques du kiosque (ancien campanile) et d’en révéler la fonction, notamment en rétablissant le toit et la structure du kiosque et en le relocalisant à son emplacement initial.
  • Protéger les caractéristiques de l’enveloppe et de l’intérieur du pavillon de thé en restaurant le bâtiment sur ses fondations d’origine.

Les paysages culturels

On sait que l’aménagement paysager planifié par les Papineau a été conservé dans ses grandes lignes. De façon générale, Parcs Canada vise à conserver cet aménagement et à retoucher certaines interventions récentes qui contrastent avec l’esprit du lieu. En accord avec l’énoncé d’intégrité commémorative, le concept de valorisation du paysage propose de rétablir l’intégrité des abords du manoir seigneurial de manière à évoquer les aménagements jadis réalisés par Louis-Joseph Papineau et son fils Amédée tout en respectant l’organisation spatiale définie. Selon cette approche, les interventions seront surtout concentrées dans la zone du cap Bonsecours, tenant compte que l’objectif de commémoration est axé sur le personnage de Louis-Joseph Papineau et sur l’architecture de son manoir. Le concept retenu a également pour but d’illustrer la passion qu’entretenaient Louis-Joseph et Amédée Papineau pour l’horticulture.

Bien que les interventions les plus significatives seront entreprises dans la zone entourant le manoir, d’autres mesures de valorisation pourraient être apportées dans d’autres secteurs de la propriété transférée à Parcs Canada par bail22.

Les environs du manoir

L’énoncé d’intégrité commémorative identifie les objectifs suivants en ce qui regarde le pay-sage culturel entourant le manoir seigneurial :

  • protéger certains éléments majeurs de l’aménagement, dont deux arbres vétérans : le grand pin autour duquel un belvédère avait été élevé ainsi que le chêne qui ombrage la pelouse s’étendant devant le manoir;
  • protéger et rétablir des percées visuelles entretenues par les Papineau;
  • protéger les vestiges des accessoires de l’aménagement paysager (urnes, escaliers, cascade artificielle, etc.);
  • protéger le tracé pittoresque et le gabarit du chemin du cap ainsi que les terrasses aménagées dans l’escarpement du cap Bonsecours.

Une première étude23 a déjà permis de cerner les principales interventions préconisées pour répondre à ces objectifs. Outre la restructuration du paysage aux abords du manoir; le plan favorise des opérations d’élagage pour retrouver les percées visuelles sur la rivière. L’étude propose également la réfection du chemin du cap en matériau granulaire, le rétablissement de la boucle qui le prolongeait au sud du manoir et l’élimination de celle qui fut ajoutée à l’ouest; enfin, on souhaite pouvoir amorcer la restitution des anciens jardins (potagers et plates-bandes de fleurs) et de rétablir le cadran solaire jadis aménagé près du pavillon de thé.

Un plan de protection et de valorisation des paysages culturels du lieu précisera les interventions à mettre en oeuvre dans le secteur environnant le manoir. Compte tenu de l’insuffisance du budget d’investissement disponible présentement, les interventions envisagées ne pourront être réalisées qu’à plus long terme, lorsque le financement sera acquis.

Les autres secteurs

L’énoncé d’intégrité commémorative identifie les objectifs suivants en ce qui regarde le paysage culturel des autres secteurs de la propriété :

  • protéger le tracé pittoresque et le gabarit de l’allée seigneuriale et du réseau des sentiers qui jalonnent le domaine;
  • protéger la diversité des peuplements végétaux.

Sous réserve d’une entente à venir, le boisé du domaine, dont l’état de santé est satisfaisant, sera entretenu de concert avec le Château Montebello, dans l’optique d’y maintenir une utilisation extensive. Les arbres vétérans feront l’objet d’un suivi particulier; on assurera leur survie dans la mesure du possible et on prévoira leur remplacement éventuel. On s’efforcera en outre de respecter la diversité écologique des milieux naturels du domaine et, le cas échéant, on procédera aux travaux sylvicoles nécessaires pour assurer la diversité actuelle du boisé et favoriser la croissance d’espèces désirables. Un plan de gestion des ressources naturelles, mis à jour périodiquement pour refléter l’évolution des conditions environnementales, précisera la nature des interventions qui seront entreprises à cet égard.

La nature et l’envergure des interventions à mettre en oeuvre dans les divers secteurs du domaine seront précisées dans le plan de protection et de valorisation des paysages.

De façon générale, les interventions proposées dans le plan devront être respectueuses de l’esprit et de l’intégrité du lieu de même que de son caractère patrimonial et devront tenir compte des mesures qui auront été arrêtées pour assurer la protection des ressources archéologiques.

La politique sur la gestion des ressources culturelles stipule clairement que Parcs Canada protégera, dans les lieux historiques nationaux, les éléments significatifs des écosystèmes, au même titre que ceux retrouvés dans les parcs nationaux. Par conséquent, le plan de valorisation ne favorisera aucune intervention qui pourrait causer la détérioration de groupements végétaux d’intérêt, sauf si une telle intervention se révélait indispensable pour assurer la bonne gestion des ressources culturelles.

Les paysages culturels « hors-site »

En ce qui a trait aux paysages culturels « hors-site », c’est-à-dire ceux qui sont associés de près au domaine seigneurial, mais sur lesquels Parcs Canada n’a aucune juridiction, on cherchera à travailler en concertation étroite avec le Château Montebello ainsi que Héritage Canada pour assurer leur préservation, conformément aux objectifs qui figurent dans l’énoncé d’intégrité commémorative :

  • protéger le fractionnement quadripartite du domaine dans sa zone habitée (le parc boisé, le jardin, les pelouses, les prairies);
  • sensibiliser les partenaires et encourager leurs initiatives pour protéger les éléments significatifs du paysage situés sur leurs propriétés.

À cet égard, Parcs Canada cherchera à conclure une entente avec le Château Montebello aux fins de maintenir la « prairie de la grange », en partie oblitérée par des courts de tennis, ainsi que la « prairie de la maison du jardinier » libres de toute autre construction apparente.

Les vestiges archéologiques

Les vestiges archéologiques :

  • reflètent admirablement l’idéologie qui a nourri l’oeuvre des concepteurs du domaine seigneurial;
  • témoignent éloquemment de certains aspects d’un mode de vie aisé constamment en évolution, toujours à l’affût des commodités, particulièrement au regard des nécessités de la vie quotidienne d’un seigneur (les glacières, les serres, le four à pain, etc.);
  • constituent des attraits complémentaires au patrimoine bâti.

Outre une surveillance archéologique et d’autres interventions appropriées (fouilles exploratoires, fouilles de sauvetage, etc.) à l’occasion de tous les travaux d’excavation et de terrassement qui seront entrepris sur le site, les actions de Parcs Canada sur le plan de l’archéologie s’orienteront autour de cinq objectifs :

  • compléter l’inventaire archéologique du lieu et assurer la préservation des secteurs qui recèlent des vestiges;
  • repérer les vestiges sur le terrain et assurer leur intégrité physique. Sensibiliser les visiteurs à leur présence et à leur signification;
  • privilégier l’exploration archéologique dans les secteurs qui recèlent des vestiges reliés à l’objectif de commémoration du lieu, notamment dans le secteur de la glacière;
  • prendre les mesures appropriées pour assurer la protection et la conservation des sites paléohistoriques;
  • sensibiliser les différents propriétaires des terrains ayant jadis fait partie du domaine seigneurial à l’identification et à la protection des vestiges archéologiques situés sur leur propriété et encourager leurs initiatives en ce sens.

Considérant qu’une évaluation du potentiel archéologique a déjà été préparée et que diverses interventions archéologiques ont été réalisées préalablement aux travaux de mise en valeur, les prochaines actions concrètes, sous réserve de la disponibilité du financement requis, consisteront notamment à :

  • compléter, dans le cadre des travaux d’aménagement, le débroussaillage sélectif et effectuer de nouveaux sondages exploratoires dans les secteurs des chemins, sentiers, allées, ponts, escaliers et murs de soutènement visés par le programme de valorisation des paysages culturels;
  • poursuivre les mesures appropriées pour préserver les vestiges de la glacière;
  • compléter l’exploration des divers aménagements paysagers (jardin, massifs floraux, haies ornementales, etc.);
  • compléter les sondages exploratoires dans la zone comprise entre le manoir et le hangar à grains;
  • explorer, protéger et, au besoin, fouiller les sites riches en informations, tels les anciens dépotoirs;
  • communiquer avec les propriétaires des terrains situés dans les limites originelles du domaine seigneurial pour les sensibiliser à l’identification et à la protection des vestiges archéologiques qui s’y retrouvent.

La collection ethnologique

Suivant le concept de mise en valeur arrêté, les pièces du manoir accessibles au public ont été ou seront remeublées, dans la me-sure du possible, à l’aide de meubles et d’objets originaux provenant du manoir, qui ont ou seront acquis, par achat ou par voie de dons, de descendants de la famille Papineau ou d’autres sources. Dans la sélection des meubles et objets, les conservateurs doivent accorder la priorité à ceux qui apparaissent essentiels à la communication de l’objectif de commémoration du lieu. D’ici à ce que les meubles et objets soient acquis, Parcs Canada s’efforcera de sensibiliser leurs propriétaires actuels à l’importance de leur protection.

Parcs Canada fera en sorte que les collections d’objets soient conservées et entretenues dans des conditions favorables et sécuritaires afin d’en assurer la meilleure utilisation possible dans le cadre de l’expérience de visite proposée. Dans l’optique d’enrichir cette expérience, les visiteurs pourront pénétrer librement dans la plupart des pièces. Compte tenu de l’approche favorisée, les mesures d’atténuation suivantes seront adoptées :

  • des guides-interprètes accompagneront tous les visiteurs dans leur découverte du manoir et les sensibiliseront à la protection des meubles et objets;
  • des répliques des meubles et des ob-jets les plus fragiles seront fabriquées et installées aux endroits où la manipulation des objets sera autorisée;
  • l’ameublement et le décor seront intégrés à l’interprétation de la thématique historique.

La communication des messages associés à l’objectif de commémoration du lieu

La présentation envisagée de l’histoire du lieu au moyen de thèmes d’interprétation spécifiques est au coeur du projet de mise en valeur du lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau. Cette présentation s’articulera autour des cinq volets thématiques qui découlent directement des objectifs de commémoration (voir 1.3).

L’expérience que Parcs Canada se propose d’offrir aux visiteurs se fonde d’abord sur le respect et l’exploitation du caractère d’authenticité du lieu, sur le potentiel d’évocation de ses paysages et de ses bâtiments et, plus que tout, sur le concepteur et le créateur du domaine seigneurial, Louis-Joseph Papineau. En effet, que l’on aborde le lieu sous l’angle familial, architectural, domanial ou seigneurial, Louis-Joseph Papineau constitue le pivot autour duquel gravite le propos de l’expérience à offrir. Conséquemment, l’axe de communication peut être formulé comme suit :

« À LA DÉCOUVERTE DES FACETTES MÉCONNUES DE LOUIS-JOSEPH PAPINEAU »

À la découverte...

  • parce que le visiteur quitte l’univers familier du quotidien pour pénétrer dans le monde d’une autre époque;
  • parce que l’accès au lieu nécessite un parcours à pied qui met en éveil tous les sens, d’où une expérience physique d’exploration;
  • parce que différents indices jalonnent le parcours dont la signification demeure, au départ, difficile à saisir;

des facettes méconnues...

  • parce que le titre de « seigneur » de Louis-Joseph Papineau n’a pas la même notoriété que son rôle d’homme politique et représente une nouveauté pour la majorité des visiteurs;
  • parce que la notion de « seigneur » est en soi une réalité insolite pour les visiteurs de culture anglophone et un concept plus ou moins nébuleux chez les francophones;
  • parce que « l’homme cultivé », créateur d’une bibliothèque privée de grande envergure pour l’époque, apparaît comme une dimension nouvelle du personnage;
  • parce que la famille et le domaine familial sont si fortement ancrés dans le lieu qu’ils témoignent du père de famille et de l’importance accordée par l’homme à ses proches;
  • parce que les talents d’un Louis-Joseph Papineau comme concepteur d’un manoir hors du commun et architecte du paysage sont largement inconnus du public;

de Louis-Joseph Papineau...

  • parce que c’est l’homme et son oeuvre – Louis-Joseph Papineau, concepteur et maître d’oeuvre du domaine de « Monte-Bello » – qui constituent d’abord la raison d’être du lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau.

L’ensemble des ressources du domaine seigneurial seront présentées comme faisant partie d’un tout cohérent et signifiant; elles seront mises en valeur dans le cadre d’une expérience patrimoniale qui culminera avec la visite du manoir. Adaptée aux intérêts et aux besoins des diverses clientèles (groupes scolaires, familles, touristes et villégiateurs saisonniers...), l’expérience qui sera offerte aux visiteurs sera conçue de manière à favoriser leur compréhension de la thématique de commémoration de même que leur appréciation des ressources patrimoniales en présence. On fera également en sorte que les messages élaborés dans la poursuite de l’objectif de commémoration facilitent la rencontre entre le visiteur et les ressources du lieu.

Parcs Canada favorisera une approche fondée sur une meilleure connaissance des multiples facettes de la personnalité de Louis-Joseph Papineau (seigneur, maître d’oeuvre et concepteur du domaine, homme cultivé, père de famille, etc.) afin de révéler le lieu dans toute son intégrité commémorative.

Portrait de Louis-Joseph Papineau
Portrait de Louis-Joseph Papineau
Peint en 1858 par Napoléon Bourassa, gendre de Papineau, ce tableau ornait l'un des murs du grand salon (« salon jaune ») du manoir.

© Parcs Canada / Photographie Musée du Quebec
Patrick Altman, n° accession 52.58

De même, on visera à assurer une continuité historique dans l’organisation spatiale ainsi que dans l’affectation de nouvelles fonctions aux aménagements, équipements et bâtiments anciens du domaine. Dans cette optique, Parcs Canada cherchera à conclure une entente avec les autorités ecclésiastiques anglicanes aux fins de permettre la mise en valeur de l’ancien musée familial et son insertion dans le circuit de découverte patrimoniale du lieu.

En ce qui concerne les moyens de communication, on recourra à des moyens qui respecteront l’intégrité et l’authenticité des aménagements, des équipements et des bâtiments anciens du domaine.

En termes plus concrets, les principales composantes envisagées en matière de présentation de l’histoire du lieu sont les suivantes :

  • Élaboration d’un circuit d’interprétation extérieur misant d’abord sur l’importance du patrimoine bâti et implanté entre le lieu d’accueil et le manoir, point culminant de la visite; ce circuit servira à baliser l’expérience de séjour et incitera les visiteurs à poursuivre leur réflexion à l’intérieur des divers bâtiments accessibles au public. Sous réserve d’une entente à venir avec Fairmont – Le Château Montebello (voir Orientations relatives à l’accès au lieu et à l’accueil des visiteurs), le circuit d’interprétation extérieur pourrait s’articuler en fonction du rétablissement de l’entrée traditionnelle au domaine; en empruntant successivement le portail d’entrée donnant sur la rue Notre-Dame, l’allée seigneuriale puis le chemin qui ceinture le manoir, les visiteurs pourraient obtenir une vue plus complète de l’organisation spatiale du domaine telle que conçue par Papineau. La remise en état des jardins et du potager ainsi que l’ajout de reproductions de mobilier extérieur et d’accessoires d’époque contribueront par ailleurs à évoquer l’oeuvre du concepteur du domaine.
  • Installation d’un ameublement d’époque dans le manoir seigneurial; dans un premier temps, l’intervention a porté sur les appartements du rez-de-chaussée, de la salle de lecture (1er étage) et du rez-de-chaussée de la tour de la bibliothèque; par la suite, suivant la disponibilité du financement, on remeublera l’ensemble du premier étage du manoir et, éventuellement, le soubassement, selon les conclusions de l’étude de faisabilité déjà mentionnée. Lors de sa découverte du manoir et de ses occupants, le visiteur sera accompagné d’un guide-interprète, complice indispensable dans sa compréhension du lieu.
  • Présentation, à l’intérieur du hangar à grains d’une exposition thématique portant sur la seigneurie de la Petite-Nation.
  • Présentation d’une exposition synthèse à l’intérieur de l’ancien musée familial24. Cette exposition fera ressortir les différentes facettes de la personnalité de Louis-Joseph Papineau, à la fois architecte, concepteur d’un domaine idéal, père de famille et seigneur; elle traitera également des aspects contextuels des messages rattachés à l’idéologie seigneuriale de Papineau ainsi que des grands courants d’idées ayant cours à cette époque en matière d’architecture et d’aménagement paysager.
  • Collaboration avec la Société historique Louis-Joseph-Papineau dans le but d’enrichir le contenu de la présentation à l’intérieur de la chapelle funéraire.
  • Élaboration d’une stratégie et d’un programme de diffusion externe visant à communiquer au public non-visiteur les messages rattachés à l’objectif de commémoration du lieu.

ORIENTATIONS RELATIVES À L’ACCÈS AU LIEU ET À L’ACCUEIL DES VISITEURS

Parcs Canada et Fairmont – Le Château Montebello continuent leurs pourparlers en vue de conclure une entente à long terme visant à donner au lieu historique national « pignon sur rue ». Les discussions ont porté sur le transfert d’une parcelle de terrain comprise entre la gare et l’allée seigneuriale aux fins de permettre l’implantation d’une aire de stationnement destinée aux visiteurs du lieu. La Municipalité de Montebello, propriétaire de la gare voisine, participe également aux discussions, car la gare est envisagée pour servir de lieu d’accueil. Parcs Canada espère être en mesure de conclure, dans un proche avenir, une entente formelle avec toutes les parties concernées.

Sous réserve d’un accord, une partie de la gare de Montebello sera réaménagée pour les fins d’accueil, incluant de nouvelles installations sanitaires publiques. La signalisation ainsi que l’accès au sentier conduisant à l’allée seigneuriale seront également améliorés.

Dans l’optique de Parcs Canada, la conclusion d’une entente avec ses partenaires n’oblitère pas le projet à plus long terme d’intégrer au lieu historique national le portail d’entrée ainsi que la maison du jardinier. En temps opportun, Parcs Canada étudiera la faisabilité de ce projet avec Fairmont – Le Château Montebello.

ORIENTATIONS RELATIVES À L’INTÉGRATION DU LIEU À SA RÉGION D’APPARTENANCE

Parcs Canada s’efforcera de tout mettre en oeuvre pour favoriser une intégration fonctionnelle et harmonieuse du lieu à sa région d’appartenance (la Petite-Nation), d’une part en établissant des relations suivies et constructives avec les principaux intervenants du milieu régional, notamment du domaine touristique et culturel et, d’autre part, en suscitant la participation de partenaires du milieu dans la conservation et la mise en valeur du lieu.

Parcs Canada reconnaît d’emblée que la mise en valeur du lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau est perçue dans le milieu comme un atout majeur pour stimuler le tourisme régional. Dans ce contexte et dans la mesure de ses moyens, Parcs Canada souhaite :

  • participer au processus de réflexion amorcé sur le développement touristique régional et s’associer aux efforts des intervenants locaux et régionaux dans l’essor et la promotion du tourisme dans la région de la Petite-Nation;
  • contribuer à la valorisation du tourisme patrimonial de la région de la Petite-Nation;
  • s’assurer la collaboration étroite du Château Montebello dans l’offre d’un produit « nature-culture » de haute qualité.

Parcs Canada entend par ailleurs collaborer à l’émergence d’une collaboration régionale qui puisse, à moyen terme, assumer certains aspects de l’exploitation du lieu, suivant les principes de la gestion partagée25. La gestion partagée se caractérise par la participation active et continue de deux ou de plusieurs partenaires dans l’exploitation d’un lieu historique, aux fins d’en assurer l’intégrité commémorative. Cette formule concourt à la mise en oeuvre d’une des principales orientations stratégiques de Parcs Canada, laquelle vise à faire participer plus activement les Canadiens à la prise de décision et à la mise en application des programmes dans les aires patrimoniales.

Les modalités de collaboration qui seront établies entre Parcs Canada et ses partenaires seront conformes au « Cadre de mise en oeuvre de la gestion partagée des lieux historiques nationaux » (novembre 1995) et à ses amendements subséquents.

ORIENTATIONS RELATIVES À LA FRÉQUENTATION ET AUX REVENUS DU LIEU

Divers facteurs influenceront vraisemblablement l’achalandage futur du lieu.

Le fait de ne pas avoir « pignon sur rue » a eu jusqu’à présent des conséquences sur la visibilité du lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau. Cette situation a eu pour effet d’affaiblir les chances de rejoindre une portion de la clientèle potentielle en plus de semer une certaine confusion quant à la localisation précise du lieu historique, décourageant ainsi les visiteurs « moins motivés ». La conclusion d’une entente entre Parcs Canada, la Municipalité de Montebello et Fairmont – Le Château Montebello permettra, le cas échéant, d’améliorer considérablement les conditions actuelles d’accès au lieu.

La hausse de la fréquentation sera en partie tributaire d’interventions subséquentes qui auraient pour effet d’améliorer l’offre de serviceactuelle. À cet égard, l’accroissement et la diversification de l’offre de service actuelle passent par l’ajout d’espaces d’exposition et l’aménagement d’attraits complémentaires à l’extérieur du manoir. Dans ce contexte, la mise en valeur de l’ancien musée familial des Papineau (chapelle anglicane) et l’aménagement de jardins interprétés apparaissent comme des éléments essentiels de la diversification de l’expérience proposée aux visiteurs, sans compter qu’ils permettront de désencombrer le manoir lui-même.

Des droits d’entrée sont exigés pour la visite du manoir suivant la stratégie nationale de tarification de Parcs Canada. Ces droits d’entrée servent à recouvrir une partie des frais d’opération du site. Toutefois, la nature, l’envergure, la qualité de la mise en valeur du domaine Papineau et le positionnement du site par rapport à sa région touristique d’appartenance, permettent d’envisager une augmentation de la tarification, justifiée par l’augmentation des activités et des services. Pour que la hausse des tarifs n’entraîne pas de baisse de la fréquentation, il devra y avoir adéquation entre la durée et la qualité de l’expérience et le prix demandé.

D’autre part, dans une perspective où les jardins anciens pourraient être aménagés et interprétés et où ils deviendraient parties intégrantes de l’offre de service, il est évident que cette composante serait également sujette à tarification.

La mise en marché

Parce que le lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau :

  • est situé à l’entrée d’une région touristique d’importance intercalée entre Montréal et Gatineau/Ottawa;
  • bénéficie ainsi du plus vaste bassin de population du Québec;
  • est situé dans un corridor touristique qui est déjà largement emprunté par une clientèle de transit;
  • jouit de la notoriété et de la capacité d’attraction du Château Montebello;
  • représente, avec le Musée des Civilisations de Gatineau et le domaine Mackenzie-King, l’un des principaux biens patrimoniaux de l’Outaouais;
  • offre, par sa découverte des ressources et ses activités d’interprétation, une expérience significative pour le visiteur; et considérant, par ailleurs, que la promotion est actuellement limitée, Parcs Canada en-tend élaborer et mettre en oeuvre, en collaboration avec les intervenants touristiques locaux et régionaux, une stratégie et un plan d’action marketing qui permettraient l’atteinte d’une fréquentation de l’ordre de 50 000 visiteurs annuellement. Dans cette optique, Parcs Canada, sous réserve de la disponibilité des ressources financières requises, exprime son intention d’ouvrir le lieu au public sur une base annuelle, selon un horaire assurant sa rentabilité.

Le texte suivant exprime en termes plus concrets la vision à long terme qu’entretient Parcs Canada à l’égard de la conservation, de la mise en valeur et de la gestion du lieu.

UN REGARD SUR L’AVENIR : Le lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau

Protégé des regards, à l’ombre de ses grands arbres et dans la mémoire de ses pierres, ce lieu a beaucoup à raconter. Il évoque le souvenir de Louis-Joseph Papineau, figure de proue de l’histoire du Canada, bâtisseur, seigneur, père d’une famille illustre, homme de grande culture. Donner la parole au lieu, révéler la mémoire de ses bâtiments, de ses jardins, de ses futaies, faire plus ample connaissance avec le célèbre manoir seigneurial et ses illustres résidants, voilà pourquoi ce lieu a été mis en valeur. Dès son arrivée, le visiteur pressent que ce grand domaine n’est pas un foyer familial comme les autres. Il observe qu’un portail limite l’accès à la propriété tandis qu’une jolie maisonnette monte la garde à proximité de l’entrée. La maison principale, un authentique MANOIR, est blotti tout au bout du chemin, se dérobant à la vue. Pour l’atteindre, le visiteur devra parcourir cette longue allée dite SEIGNEURIALE; la découverte progressive d’autres signes tangibles de la singularité du lieu ponctuera sa marche. Mais laissons plutôt le visiteur déambuler sur le site et en apprécier toute la richesse!

Un portail en pierre marque de façon éloquente la limite de la partie habitée et privée que le seigneur s’était réservée. À l’image du censitaire ou de l’invité d’autrefois, le visiteur d’aujourd’hui accède à la maison du jardinier, là même où habitait jadis le gardien du domaine. Ce cottage de brique rouge campe le statut exceptionnel du lieu et la qualité de son architecture annonce un ensemble unique à découvrir.

Emprunter l’allée seigneuriale, c’est rompre avec le quotidien. Ce parcours permet au visiteur de se mettre à l’écoute d’une autre manière de penser, d’une autre façon de faire. Des indices semés le long de sa montée vers le manoir piquent sa curiosité et ponctuent sa découverte du paysage culturel tel que conçu et organisé par le maître des lieux. Qui a construit cette maison au style éclectique? Pourquoi une « allée seigneuriale »? Qu’est-ce donc qu’un « domaine habité »? La forêt que nous traversons estelle « naturelle »? Pourquoi tous ces sentiers qui se perdent dans les sous-bois... et ce ruisseau, qui coule sous le pont, où se jette-t-il? Le long du chemin sont installés des bancs d’aspect rustique qui permettent au visiteur de faire une courte pause et d’admirer le jeu de l’ombre et de la lumière dans les ramures des grands arbres.

La chapelle funéraire constitue le deuxième arrêt d’importance du circuit patrimonial. À cet endroit, le propos se fait plus intimiste, l’émotion est au rendez-vous. Dans la crypte reposent les restes de Louis- Joseph Papineau et de plusieurs de ses proches et de sa descendance : c’est dire toute l’importance que Papineau accordait à la famille. La création du mausolée familial témoigne en outre de ses aspirations sociales et de sa conception d’une dynastie seigneuriale enracinée dans son domaine. En compagnie d’un représentant de la société historique Louis-Joseph Papineau, partenaire de Parcs Canada, le visiteur est invité à retracer les grandes heures de l’illustre famille des Papineau. Au détour de l’allée seigneuriale, le visiteur longe les vestiges d’une ancienne glacière et une montée un peu plus abrupte l’amène au sommet du cap Bonsecours, où s’épanouit le splendide manoir construit par Papineau, avec vue sur la rivière des Outaouais. Le manoir restauré, qui a retrouvé son visage d’antan, constitue la pièce maîtresse de la visite. Ici vécut une famille, avec ses rêves, ses espoirs, ses chagrins et son quotidien. L’architecture de l’édifice reflète les aspirations sociales et la notoriété de ses hôtes. Armoiries dans le vestibule d’entrée, monogramme sur le balcon, initiales inscrites sur la toiture, autant de preuves tangibles de la détermination du maître d’oeuvre à vouloir marquer son rang aux yeux de tous. Une grande tournée des lieux en compagnie d’un guide-interprète permet aux visiteurs d’en palper l’ambiance feutrée, d’admirer la décoration et le mobilier qui s’est transmis de génération en génération, d’apprécier l’aménagement des pièces et de comprendre les motivations du concepteur. Tours et tourelles font partie des particularités architecturales de cette grande demeure. La tour carrée, à la fois bureau seigneurial et bibliothèque, devient l’espace pivot entre l’homme et le seigneur. C’est dans le bureau situé au rez-de-chaussée que Papineau établissait un contact privilégié avec ses censitaires. Cette construction, bâtie à toute épreuve, permettait également à Papineau de protéger son importante collection de livres, l’une des bibliothèques privées parmi les plus éminentes au Canada à cette époque.

À sa sortie du bureau seigneurial, le visiteur est convié à faire les honneurs de l’ancien musée familial, édifice pensé et construit par Louis-Joseph Amédée, fils aîné et héritier de Louis-Joseph. Prédestiné à recevoir des invités ou des visiteurs de passage, le musée présente aujourd’hui une expositionsynthèse illustrant les fondements idéologiques qui ont présidé au développement du manoir, du domaine et de la seigneurie. De mémoire vive de la famille, le musée devient mémoire vive de la richesse patrimoniale de ce lieu historique national.

Par la suite, le visiteur est incité à suivre les traces du Louis-Joseph Papineau, amant de la nature et jardinier à ses heures. Des aménagements paysagers développés sur le modèle inspiré d’Andrew Jackson Downing, l’invitent à la détente. Un arrêt au pavillon de thé lui permet de se désaltérer et de se reposer tout en profitant d’une vue imprenable sur l’Outaouais. Le visiteur est ensuite invité à déambuler dans les jardins de fleurs et le potager, tout en admirant quelques plantes exotiques mises en place et entretenues par des amateurs d’horticulture de la région.

Un dernier arrêt au hangar à grains, situé à l’extrémité ouest du domaine, permet au visiteur d’en apprendre un peu plus sur la seigneurie de la Petite-Nation. En effet, le hangar à grains, anciennement dépositaire des cens et rentes des censitaires, présente aujourd’hui quelques éléments d’exposition axés sur le développement de cette seigneurie.

Au retour, le visiteur est à même de reconstituer les grands traits du paysage culturel tel que pensé par Louis-Joseph Papineau et son fils Amédée. L’allée et les sentiers qui sillonnent le domaine, le parc boisé, les pelouses, les jardins, les prairies, autant de pièces qui recomposent le grand « puzzle » du domaine idéal imaginé par Louis-Joseph Papineau.

La découverte d’un lieu « grandeur nature » et d’un personnage aux multiples facettes nous interpelle dans nos valeurs les plus profondes. Une expérience qui nous fait réfléchir sur notre société actuelle dans laquelle la famille, la culture, la démocratie sont encore des valeurs qui nous imprègnent dans notre vie au quotidien. Cette rencontre entre le visiteur et les ressources du lieu historique national du Canada du Manoir-Papineau suscite et stimule, en somme, la réflexion sur une oeuvre collective à bâtir.


  1. Comme mentionné plus avant, l’étage du manoir a été passablement modifié par le Seigniory Club et sa restauration « à l’époque des Papineau » aurait pour effet d’éliminer les éléments architecturaux ajoutés subséquemment, reconnus comme ressources culturelles de niveau 2. Conformément à la Politique de gestion des ressources culturelles (art. 3.4.4.2), Parcs Canada devra donc, en temps opportun, évaluer soigneusement les répercussions qu’entraîneraient les travaux envisagés sur le caractère historique des ressources culturelles et tiendra compte, dans son analyse, des principes de valeur, d’intérêt du public, de compréhension, de respect et d’intégrité.
  2. La toiture du carré principal, actuellement en amiante-ciment, devra éventuellement être remplacée par de l’ardoise.
  3. Parcs Canada a du se résoudre à supprimer ces éléments décoratifs datant de la période d’occupation du Seigniory Club en raison de leur incompatibilité stylistique avec le décor de l’époque des Papineau qui devait être recréé.
  4. Voir note 20.
  5. Il s’agit des terrains couverts par l’emphytéose conclue en 1993, mais également de nouvelles parcelles qui pourraient être transférées à Parcs Canada dans l’avenir.
  6. St-Louis, Amyot, Côté, Leahy architectes, Groupe-conseil Genivar Inc., Chantal Prud’homme, architecte paysagiste, Manoir Papineau – Rapport d’études conceptuelles, document présenté à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, mai 1997, 36 pages + annexes techniques.
  7. Envisagée à plus long terme, cette intervention ne sera réalisée qu’après entente avec la communauté anglicane touchant la cessation des activités de culte dans le bâtiment.
  8. Une étude produite en 1994 (URBANEX, Études sur la clientèle actuelle et d’éventuels partenaires – 1. Recherche de partenaires,) concluait que « ...dans le contexte actuel, aucun organisme local ou régional ne dispose de structures organisationnelles et financières nécessaires pour assumer avec autonomie la gestion du site du Manoir-Papineau en regard des objectifs poursuivis par Parcs Canada. Par conséquent, deux avenues peuvent être envisagées pour en arriver à une implication possible du milieu dans la gestion du site, soit : amener un organisme existant à modifier ses structures afin d’épouser des objectifs communs à ceux de Parcs Canada; amener les intervenants locaux à constituer une nouvelle entité autonome. Dans un cas comme dans l’autre, la démarche qui est requise pour amener les intervenants locaux à agir comme partenaire dans la gestion impliquera pour Parcs Canada des efforts considérables de sensibilisation et de concertation et cet état de fait devra nécessairement être pris en compte dans la planification du modèle de gestion ».

Page précédente | Index | Page suivante
 

Date de modification :